[EDITO] Avoir des enfants, un « plus » pour un politique ? La réponse est oui
Stupeur et tremblement. Un propos de Guillaume Peltier au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1/CNews a déclenché une vague d’indignation : « Marion Maréchal est maman de deux petites filles et ça compte beaucoup. » Guillaume Peltier ajoute être « assez gêné » par cette « nouvelle mode », cette « tendance » des politiciens à ne pas avoir d’enfants : il cite Emmanuel Macron, Gabriel Attal mais aussi les têtes de liste aux européennes Bardella et Bellamy. Pour lui, « à l’heure où la natalité est en berne, la politique familiale est attaquée […] avoir des enfants est un message politique ». Il précise vouloir le dire « sans jugement et avec beaucoup de délicatesse » : pour lui, ce n’est pas « un moins » de ne pas en avoir, mais « un plus » d’en avoir : « Avoir des enfants, c’est la garantie de sérieux, de concret par rapport au présent et par rapport à l’avenir. C’est la certitude que la valeur de transmission va l’emporter sur la valeur de l’ambition. » « C’est la garantie, conclut-il, qu’on pensera davantage à la prochaine génération qu’à la future élection. »
Guillaume Peltier : «Avoir des enfants est un message politique (...) C'est un plus pour Marion Maréchal (...) Je pense qu'avoir des enfants c'est d'abord la garantie de sérieux, de concret par rapport au présent et à l'avenir» dans #LaGrandeInterview pic.twitter.com/VYHGnhvgH5
— CNEWS (@CNEWS) February 5, 2024
Blessant mais vrai
On peut trouver le propos, en dépit des précautions oratoires, maladroit et potentiellement blessant pour les personnes nommément citées, car il fait fi des raisons intimes, qui sont parfois de grandes souffrances : on se souvient de l’ancien Premier ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, souvent cité parmi les dirigeants sans enfant, qui avait avoué avoir fait jadis une fausse couche. Mais la politique n’a jamais été le lieu le plus charitable du monde. Par ailleurs, si aborder la vie privée est interdit en politique, il faut que cette règle soit appliquée dans tous les sens : n’oublions pas que c’est Gabriel Attal lui-même qui a évoqué son homosexualité, dans un contexte totalement hors sujet, à l’Assemblée, il y a quelques jours.
Au fond, ce qu’assène Guillaume Peltier est-il fondamentalement faux ?
Les noms d’oiseaux fusent de partout, et en particulier du RN : « C’est tellement bidon, blessant et ridicule… », jette notamment, sur X, le député du Gard Pierre Meurin : Jordan Bardella n’a que 27 ans ; et il se donne à fond pour son pays. Louis XIII n’est devenu père de Louis XIV qu’à 28 ans. Il était pourtant un grand roi. »
Difficile, bien sûr, de faire grief à un jeune homme de 27 ans de ne pas (encore) avoir d’enfants. Mais puisqu’on répète à l’envi que la jeunesse est un atout, n’a-t-on pas le droit de dire qu’en revanche, le manque d’expérience en est le revers ? Or, il se trouve que la parentalité est une incomparable expérience empirique, qui « vous enracine et vous oblige à prévoir l’avenir », vous force à « ne pas travailler pour votre bien-être à vous », qui « vous oblige à prendre des décisions qui s’inscrivent dans le temps long ». Ce n’est pas moi qui le dis mais Marine Le Pen, à l’auteur du livre Femmes dirigeantes, comment elles ont osé (Plon, 2022). Marine Le Pen use, du reste, de ce statut personnel pour faire campagne : à Saint Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), en 2022, c’est en « mère de famille » que Marine Le Pen s’est posée pour défendre les « plus vulnérables ». Une posture rassurante que lui autorise - légitimement - sa situation personnelle.
Nicolas Sarkozy, dans le livre Chérie, j’ai rétréci la droite (Robert Laffont), avance quant à lui que le manque d’autorité d’Emmanuel Macron serait lié au fait qu’il n’a pas d’enfant. A-t-on le droit d’aborder ces questions ou sont-elles taboues ? Quand Gabriel Attal affirme qu’ayant été lui-même harcelé, il comprend les enfants qui le vivent, il s’avance un peu : si jeune soit-il, il fait référence à l’école d’il y a vingt ans. La dégringolade est si rapide, en France, que le harcèlement d’aujourd’hui n’est pas comparable à celui d’hier. Il faut être parent pour en prendre la mesure.
Symbole et malaise
Puis si, individuellement, l’infécondité de ceux qui nous gouvernent (ou y prétendent) ne veut rien dire, elle est, collectivement, chargée de sens.
D'abord, pour le symbole : la natalité en berne de nos pays européens et de leurs dirigeants est révélatrice d’un état d’esprit - même si, encore une fois, chaque histoire est singulière - où la vie de famille, la procréation, l’envie de transmettre ne sont pas les priorités. Comme leurs nations, nos dirigeants acceptent de disparaître sans postérité.
Ensuite, pour le malaise qui en résulte : alors que l’horizon est si chaotique, que les peuples ont la certitude un peu plus forte, chaque jour, qu’une élite décide de leur avenir - et, donc, de celui de leur progéniture - sans les consulter, il y a comme une présomption d'« après moi le déluge » : quand, en 2015, celle qui, bizarrement, a été surnommée « Mutti Merkel » a ouvert la voie à une immigration massive en Europe, par la route syrienne, avec son célèbre « Wir schaffen das » [« Nous y arriverons ! »], c’est l’avenir des enfants qu’elle n’a pas qu’elle a obéré.
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
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49 commentaires
Je suis à 120% d’accord avec Peltier, et en désaccord avec Praud sur ce sujet. Un père de la nation doit avant tout avoir été père de famille. C’est d’ailleurs ce que pensent la plupart des autres pays africains notamment. certains se demandent pourquoi la France s’est faite virer du Mali et du Niger. Ils ont là leur réponse.
G . Pelletier met » les pieds dans le plat » et après ? Il a parfaitement raison sur le fond : il y a ceux qui ont l’expérience de … et ceux qui ne l’ont pas . Plus ceux qui, tout en n’ayant pas l’expérience , prétendent l’avoir et en parler ( et comment ! ) : Pas très crédibles .
Guillaume Peltier fait un constat, chacun peut l’interpréter selon ses convictions. J’ai été choqué par la bombe à retardement que ces propos ont crées. J’ai été très déçu par l’attaque de Sonia Mabrouk et de Pascal Praud sur Cnews. Pas eux contre Reconquête, ils brisent nos rêves… « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. » ; Auteur, Antoine de Saint-Exupéry. Très bien, encore faut-il avoir des enfants !
CNews se veut une chaîne différente, en donnant un peu la parole à des gens qui ne sont pas dans le moule mais tout est sous contrôle. Le système est bien rodé : il faut donner l’illusion d’une critique du pouvoir mais ce n’est qu’une illusion. L’interview de Rachida Dati par Sonia Mabrouk ce matin était un moment digne de l’ORTF de Léon Zitrone, l’excellence linguistique en moins.
»…. après moi le déluge…. ». Ce qui résume cette mode à laquelle G. Peltier fait allusion. Il y a déjà quarante ans déjà, et plus peut-être, lorsque le sujet « enfants possibles » était abordé entre jeunes étudiants, la position de beaucoup d’entre eux était celle-ci « Hola, on va d' »abord profiter de la vie. Pas avant 35/40 ans ». Effet 68, ce qui venait à contrario de nos éducations et vécus. L’effet de mode a ainsi pris naissance. Effectivement, comment peut-on bâtir une politique de la famille si l’on a pas vécu les affres, les joies, les déceptions, les douleurs d’élever , d’éduquer, d’instruire, de redresser des enfants ? Ce que ne dit pas l’expérience c’est qu’à 35/40 ans, les possibilités de procréer dans de bonnes conditions s’amenuisent, voir se détecte soudainement impossibles. Comment connaître son infertilité si l’on s’est toujours contenté de protections diverses ? Pour retenir cette formule citée, l’enfant : » C’est la certitude que la valeur de transmission va l’emporter sur la valeur de l’ambition ». Ce qui n’est pas du tout au goût du jour plus porté sur l’individualisme, le narcissisme, la satisfaction immédiate que sur la générosité, l’amour du prochain. Pour en venir à l’une des faiblesses de la macronie, les points forts restent à découvrir après 7 ans de gouvernance, bâtir des dogmes sur les positions de minorités, parfois totalement hors sol. Peut-être la seule matière où Macron est super doué.
Tout cela est vrai mais Louis XIII est devenu père tard parce que Anne d’Autriche n’arrivait pas à être enceinte.
Elle a du se rendre à Cotignac et prier Notre Dame de Grâce pour y parvenir….
Oui, n’en déplaise à certains, avoir des enfants transforme l’être humain et change sa vision de l’avenir. Avoir des enfants, c’est vouloir un monde meilleur, c’est savoir qu’il faut lutter contre ceux qui veulent transformer ce monde en enfer. Et cette conviction viscérale, elle change tout…Encore faut-il avoir pleine conscience de la responsabilité qu’implique la parentalité. Parce qu’il existe aussi des parents dont la progéniture n’est qu’un faire valoir, ou d’autres une source supplémentaire de revenus…Avoir des enfants aujourd’hui demande il est vrai un certain optimisme ou un manque de lucidité. Le débat est ouvert.
Cela devrait être une évidence pour tout le monde. Sans enfant, le monde n’existe plus
J’ai fait des enfants qui ont fait des enfants et je m’inquiète beaucoup pour mes petits enfants : le monde qui se profile est effrayant pour les non-nantis
Faudrait-il pour être efficace que l’on ajoute à la liste des conditions pour être candidat à un mandat public, électif ou pas, d’être père ou mère ? Giscard d’Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkosy et Hollande ont été des présidents parents d’enfants. Est-ce que cela les a rendus plus efficients dans l’exercice de leurs mandats ? A voir les résultats qu’ils ont obtenus, je ne cours pas beaucoup de risque à dire que j’en doute fort. Très fort même !
Je partage totalement votre avis
Un fait incontestable les couples de même sexe n’enfantent pas et ils sont nombreux au gouvernement.
J’ai écouté sur ce sujet le réquisitoire abject de De Wratigant et Pascal Praud concernant les propos de Guillaume Pelletier sur CNew hier et je les ai trouvé pitoyables, déjà que je commençais à avoir du mal à supporter les manières de Praud (cette façon de couper la parole aux autres et de leur faire sentir que c’est lui le chef) redescends de ton nuage Pascal , on t’as fait on peut t’ignorer… Je préfère et de loin la mesure et le professionnalisme de Eliot Deval.
Bien sûr que l’on a pas la même approche (en général ) lorsque qu’on est parent d’enfants ou pas et c’est valable aussi et surtout pour les politiques, même Marine le Pen le dit et dans ce cas on ne vient pas lui en faire le reproche CQFD.
je suis entièrement d’accord avec vous, praud m’agace de plus en plus il coupe sans arrêt la parole à ses interlocutateurs ce qui fait qu’ils ne peuvent jamais finir d’argumenter, de plus il veut toujours avoir raison.
Un peu simpliste ; la qualité d ‘ une personnalité politique ne se juge pas à sa famille mais à ses compétences ; un peu comme cette stupide idée de parité qui donne la préférence à des femmes contre des hommes même si elles sont nulles …
On ne parle pas de compétences qui peuvent être mises au service d’un but et de son contraire, on parle d’ambition, de sortir de sa carrière de sa petite vie pour se projeter dans l’avenir, œuvrer pour autrui, l’espérance d’une monde meilleur pour ses enfants….
Les propos de Peltier sont non seulement idiots mais ils reflètent une vision totalitaire de la société. J’envisageais de voter Reconquête aux européennes, mais cet imbécile m’en a dissuadé !!! Et j’imagine que je ne suis pas le seul dans mon cas…
Non Madame Cluzel, ce n’est pas le rôle des politicards de venir expliquer aux gens comment ils doivent mener leur vie privée. ça c’est en Chine (enfant unique) ou en Corée du Nord que cela se passe ! Je me fiche de savoir si Macron n’a pas d’enfant ou si Attal est homosexuel. Je veux simplement qu’ils prennent soin de la France. Et ces deux là ne seront pas de meilleurs ou de plus mauvais gouvernants selon qu’ils auront ou non des enfants.
Bien d’accord.
Faut dire qu’à leur décharge ( si je puis dire) notre résident de l’Elysee et le premier sinistre ne sont pas prêts d’avoir d’enfants …
Concernant le résident de l’Élysée, l’âge de madame est un obstacle.
Mais si, mais si … il suffit de louer un ventre à l’étranger et hop vous devenez parent (père ou mère selon votre bonne volonté)
En effet ce sont des égoistes qui ne pensent qu’à eux quand tout va bien . Une fois vieux et dépendants ils sont bien contents de profiter des services des enfants des autres . Et s’ils espèrent que ceux qui arrivent vont les nourrir et les entretenir ils sont bien naïfs parce que ceux là comptent également sur nos enfants une fois que nous ne serons plus là . Les enfants souhaités , aimés , entourés , à qui des parents responsables ont donné une bonne éducation , sont l’avenir d’un pays et ça ils ne l’ont pas compris ces gauchos . De plus les femmes se sont toujours battues pour leurs petits même les animaux ont compris cela .