[EDITO] Budget : Bardella et Tanguy accentuent la pression sur Barnier

JP Tanguy
Photo Marc Baudriller

Précision : le RN propose de retirer 20% de la dotation annuelle de la France (25 milliards) à l'UE, soit une économie annuelle de 5 milliards d’euros. Corrigé dans le texte.

L'article : Pendant que la presse de gauche se passionne pour l’emploi du temps des assistants européens du RN (ont-ils travaillé pour le RN à Strasbourg ou pour le RN à Paris ? Angoissant débat), le parti à la flamme fait monter la pression sur le pouvoir et le budget 2025 de la France. La gauche votera la censure comme un seul homme. Dans une interview sur la chaîne LCP, le député LIOT Charles de Courson résume : « La question, c’est qu’est-ce que fait le Rassemblement national » ? Après d’intenses magouilles, la Macronie, les LR et la gauche ont privé le RN de sa domination à l’Assemblée, bravo ! Le souci, c'est qu'ils en ont fait l’arbitre des élégances. Illustration, ce 16 octobre au matin. Bardella, interrogé dans le cadre de l’ouverture du Salon de l’auto à Paris, explique : « Si Michel Barnier persiste dans la continuité de la politique de Macron, ce gouvernement tombera ». Menace réelle, bluff ? Le RN a la situation en main et le sait.

La preuve ? Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale, le député RN Jean-Philippe Tanguy, membre de la commission des finances, fait face à une herse de micros et de caméras dans la traditionnelle salle des conférences de presse. Au menu, la présentation du « contre-budget » concocté par son groupe en opposition au budget de Barnier. Derrière chaque épaule de Tanguy, un député RN membre de la même commission sur fond de drapeau français. À sa gauche, l’efficace et discret Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée, le service de la communication du parti ou encore la députée porte-parole du parti Laure Lavalette.

Cinquante ans de déficits

« Pourquoi c’est un mauvais budget ?, entame le jeune député. Parce que le pouvoir s’était engagé à ne pas créer de nouveaux impôts et parce qu’il ne baisse pas vraiment les dépenses ». Il y voit « une trahison morale envers les Français » qui « met en péril la croissance et l’emploi, donc le désendettement ». Le parti dominé par Macron sur le terrain économique durant les campagnes présidentielles a perdu ses complexes. La solution du RN ? Imposer « un budget de rupture après cinquante ans de déficits », explique Jean-Philippe Tanguy, qui propose de tailler pas moins de 25 milliards d’euros dans les dépenses pour en rendre 15 milliards en pouvoir d’achat aux Français.

Parmi les économies à faire immédiatement et facilement, le RN propose de sacrifier… l’UE en retirant 20% de la dotation annuelle de la France (25 milliards) à la machine à détruire européiste, soit une économie annuelle de 5 milliards d’euros qui ne fera pleurer personne dans l’Hexagone. Le RN a, par ailleurs, déniché 4 milliards d’euros à tailler d'urgence dans les dépenses de l'État au chapitre Immigration, « sans toucher la loi ou la Constitution ». Un avant-goût des 16 milliards d’économies promis par le parti de Le Pen sur le dossier migratoire si le RN parvient au pouvoir. Parmi les coupes, la suppression de l’AME (1,2 milliard d’euros), remplacée par l’aide médicale d’urgence (AMU), ou la réduction des budgets dévolus aux étudiants étrangers.

Sueurs froides chez Barnier

Les régions auront aussi à se serrer la ceinture (1,3 milliard). Tanguy propose, enfin, des coupes sur le train de vie de l’appareil d’État (4 milliards d’euros) en rétablissant des jours de carence entre le public et le privé, sur les dépenses en faveur des énergies intermittentes (6 milliards) ou encore sur les confortables dotations de certaines agences d’État, comme la discrète France compétences : hop ! 2 milliards d’euros de dépenses en moins sur 10 milliards. La coupe a peu de chances de soulever les masses...

De quoi donner des sueurs froides au gouvernement Barnier, qui va devoir étudier ces propositions sous la menace de la censure, dans l'espoir d'un satisfecit du RN. Bardella s’est ainsi « réjoui que le gouvernement nous [le RN] ait entendus et qu’il ait reculé sur (l’augmentation du budget de) l’AME, car c’était assez indécent au regard des souffrances et urgences sociales de nos compatriotes ». Mais il faudra d’autres signaux forts pour que le RN accepte de laisser la vie sauve au gouvernement Barnier : « On ne votera pas le budget. On votera contre », insiste Bardella, au Salon de l'auto. Il veut « faire adopter un maximum de nos mesures qui prennent en compte l’urgence sociale et la difficulté de nos compatriotes à boucler le mois ». Le message est donc passé chez Barnier, comme chez Macron, clairement désigné : « Macron a très lourdement fauté en plongeant le pays dans une trajectoire budgétaire cataclysmique », attaque Bardella. Pour l'heure, les macronistes font profil bas et la presse de gauche tente de faire diversion sur les assistants du RN. Neutralisée à l'Assemblée, la gauche est aux abonnés absents.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Nicolas Dupont-Aignan a mis en avant des mesures qui pourraient faire économiser 100 milliards d’euros par an. Lire son livre  » Où va le Pognon » Editions l’Archipel.

  2. A ce grand jeu, chacun joue son avenir. Le RN si il ne censure pas le gouvernement qui aura dégainé le 49.3 perdra toute crédibilité. Le gouvernement joue gros car il teste les ennemis : tirera ou tirera pas. Sachant que nfp tirera…et si RN ne tire pas la gauche macronnienne peut tout faire capoter. Que diable ….galère.

  3. Et pourquoi ne pas faire en plus des 20% de la dotation à l’UE s’aligner sur l’Espagne et le Portugal avec l’électricité, ce qui donnerait un gros ballon d’oxygène à nos entreprises et citoyens et à terme supprimer tous ces revendeurs qui ne produisent rien et se gavent sur le dos des Français.

      • La période de vache maigre que nous allons traverser devrait être propice à la révision voire la suppression de certaines dépenses somptuaires.
        Nos ex présidents et ministres sont bien trop gâtés. Ils sont bien rémunérés et choyés durant leur(s) mandat(s). Giscard, Chirac et quelques autres nous ont coûté assez cher. Et maintenant nous avons Sarkozy, bientôt Macron, Attal, et bien d’autres. Et pendant ce temps, on se serre la ceinture. Certains considèrent que c’est une goutte d’eau dans le budget de l’État. Pas d’accord. Chaque euro compte.
        Nous ne sommes plus en royauté alors il est injustifié de loger tout ce beau monde dans des palais.

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