[EDITO] Emmanuel Macron envoie la purée : « drôle de béchamel » ou « béchamel infernale » ?
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Visiblement, Emmanuel Macron va nous revenir revigoré des States, des étoiles plein les yeux. Baiser l’anneau du suzerain doit avoir des effets euphoriques qu’on ne peut imaginer lorsqu'on est un gueux. Il était entre ciel et terre, autrement dit hors-sol, et plus précisément entre Washington et La Nouvelle-Orléans, à bord de son avion présidentiel, lorsqu’il a donné une interview au Parisien. Donc, pas en France. Ce qui ne l’a pas empêché de faire de la politique intérieure. Sa cible : Marine Le Pen.
Et là, il y est allé à coups de canon CAESAr, vous savez, ces canons qu’on a livrés à l’Ukraine, au détriment de notre artillerie. Interrogé sur la position de son adversaire du second tour de la présidentielle au sujet de la guerre en Ukraine, le président de la République a déclaré que Marine Le Pen entretient un « discours de capitulation » depuis le début de l’attaque russe. Une accusation gravissime, d’autant qu’elle émane du chef des armées et qu’elle est faite hors du territoire national. Une accusation mensongère, puisqu’il n’a échappé à personne que Marine Le Pen a toujours condamné fermement l’agression russe. Plus grave encore, si l’on y réfléchit bien, une déclaration qui nous place en toute logique en position de cobelligérant, pour ne pas dire de belligérant tout court. En effet, on parle de capitulation lorsqu’on est en guerre. Or, la France n’est pas en guerre. Macron poursuit : « Elle [Marine Le Pen] est l’amie de la Russie et l’ennemie de l’OTAN. Eh bien, pas moi. » Si l’amitié de Marine Le Pen pour la Russie reste à démontrer, que peut-on lire en creux dans ce « Eh bien, pas moi » ? Tout simplement que Macron n’est pas l’ami de la Russie et donc son ennemi. Or, jusqu’à présent, le discours officiel consistait à dire que la France n’était pas l’ennemie de la Russie et du peuple russe mais de Poutine.
Au-delà de ce discours que d’aucuns pourraient qualifier d’irresponsable, on a bien compris que Macron s’appuie sur « l’international » pour faire de la politique intérieure. Du reste, Marine Le Pen devrait prendre cette presque déclaration de guerre à son encontre comme la reconnaissance qu’elle est la seule opposante à faire jeu égal avec Macron. Macron qui, dans le western qu’il se joue dans son home cinéma en quadriphonie, a bien compris qu’il faut un bon et un méchant. Bien évidemment, il est le gentil et Le Pen la méchante. Et il faut rassurer son public de boomers qui commence à douter, l’hiver arrivant à grands pas, escorté de la peur de manquer, comme leur ont raconté leurs parents qui avaient connu la guerre et l’immédiate après-guerre. Imaginez-vous, hein, si Le Pen était au pouvoir ? « Ce serait l’isolement, la marginalisation de la France et surtout moins de chance de résister. » Les plaies d'Égypte, la nuit à midi et le lait des vaches qui tourne. Mais on n’est jamais isolé, jamais marginalisé lorsqu’on est soumis aux États-Unis.
Donc, si Marine Le Pen était au pouvoir, « on serait dans une drôle de béchamel », estime l’hôte de l’Élysée, renouant avec l’emploi de formules un tantinet désuètes et fleurant bon cette France qui n’existe plus et dont, du reste, il se fout sans doute éperdument même si, dit-on, il est un fana des Tontons flingueurs. Justement, dans Les Tontons flingeurs, Lino Ventura, alias Monsieur Fernand, évoque non pas une « drôle de béchamel » mais une « béchamel infernale ». Les mois qui viennent nous diront à quelle sauce nous fera manger le chef cuistot de l'Élysée. Dîners aux chandelles en perspective ?
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Marine pourrait répondre : « Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne pus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile, aux 4 coins d’Paris qu’ on va le r’trouver l’gugusse d’Amiens, j’vais y montrer qui c’est Marine ! ». Surtout sur ce sujet où je ne comprend toujours pas cet acharnement à soutenir ce corrompu de Zelinski qui emmenait son pays vers la décadence (comme le rappelle Onfray dans son dernier Front Popu).