[EDITO] Emmanuel Macron, Ghandi à la Castellane, Rocky sur Instagram

Capture d'écran BFMTV
Capture d'écran BFMTV

Il ne faut pas confondre les images prises sur le vif par les médias, et publiées sans que l’intéressé ait son mot à dire, et la communication officielle du Président sur X, Instagram, etc., choisie, encadrée, assumée, mise en avant, avec un message sous-jacent.

Ce 20 mars, deux photos postées sur les réseaux sociaux du Président et de sa photographe - et, donc, sélectionnées sciemment - sont pour le moins étonnantes.

La première a été prise lors du passage à la cité marseillaise La Castellane. On y voit le Président serrer la main, par-dessus un mur, d’un « jeune », casquette à l’envers, avec cette sobre « légende » : « Fraternité ». Un beau symbole de vivre ensemble, une main tendue par-delà les murs qui séparent. Sortez les violons.

Sauf que le gaillard en question - ce « frère », désormais, pour le Président, si on comprend bien la légende - l'avait interpellé quelques minutes avant ce touchant instant, tenant des propos insultants pour les forces de l’ordre : « Il faut calmer vos petits CRS. » Qu’ont donc pensé les forces de l'ordre mobilisées sur la séquence, ayant réussi la prouesse de sécuriser des lieux à haut risque pour permettre ce bain de foule présidentiel, de ce CRS-bashing les assimilant à de dangereux roquets tenus en laisse ? Le Président a protesté mollement - « Non, non, ne parlez pas comme ça des CRS », « ils sont là pour vous protéger »… mais loin de tourner les talons pour faire montre de sa réprobation, il a continué aimablement la conversation, sous la protection de ceux que l’on venait d’outrager, puis a immortalisé ce beau moment et cette amitié naissante sur les réseaux sociaux. « Fraternité », on vous dit. On attend avec impatience les photos « liberté » et « égalité ». C’est, en somme, le Kärcher™ à l’envers : il y a quelques années, lorsqu’un Président allait au chevet d’une cité en difficulté, c’était pour promettre aux habitants de cités de les débarrasser des délinquants ; aujourd’hui, des habitants des cités demandent au Président de les débarrasser des CRS.

L’autre cliché a été posté sur Instagram par la photographe officielle du Président, Soazig de La Moissonnière. Autre salle, autre ambiance. Les crocs et les muscles qu’il n’a pas montrés à La Castellane, il les exhibe devant l’objectif. La photographe a saisi le Président Emmanuel Macron hargneux et transpirant, en tenue de sport et agitant ses gants de boxe devant son punching-ball. D'aucuns, sur les réseaux sociaux, parlent de codes virilistes surjoués. « Sur Instagram, Macron montre les muscles (pour mieux répondre à Poutine ?) », commente le journaliste Raphaël Glabry, accolant en miroir, sur X, une vieille photo du maître du Kremlin prenant la pose avec son kimono et sa ceinture noire de judo. Celui qui accuse à tout va ses adversaires de poutinisation aurait-il été à son tour contaminé ?

Emmanuel Macron est décidément l’homme du en même temps. Ghandi dans les cités, Rocky sur les clichés. Dommage. On aurait préféré l’inverse.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

82 commentaires

  1. Macron à Marseille , en résumé écoutez cette vieille chanson d’Eddy Mitchell :  » Tu parles trop »
    Début : Tu parles trop du soir au matin .
    Les mêmes mots les mêmes refrains.
    Blabla , blabla, c’est ton destin …

  2. La photographie montrant les muscles de Monsieur le Président de la République est un faux car il n’a pas cette musculature là !!!! Mais quel clown le peuple français a-t-il élu ?

  3. « fort » face à Poutine et faible face à la Castellane qui le nargue. Soit un président de pacotille capable d’entrainer la France, l’Europe, le monde dans une guerre totale et in-ca-pa-ble de mettre de l’ordre dans son pays ! Vivement 2027.

  4. Macron et Poutine utilisent les mêmes techniques de communication , le premier est un tyran à l’ancienne , le second est un tyran post-démocrate , voir comment il a réussi a se faire élire deux fois en ne représentant que moins d’un quart des électeurs . La première fois avec la complicité des juges , certains ont parlé de coup d’Etat judiciaire . Et il utilise la peur comme technique de gouvernement , Covid , guerres extérieures , pour éviter de parler des sujets intérieurs embarrassants , immigration , islamisation de la société , et la délinquance violente qui va avec , et le terrorisme islamiste.

  5. C’est à se demander pourquoi ce grand homme politique est venus encore une fois dans ces cités, serait il sur des sujet de la drogue pour interdire aux forces de l’ordre de pénétrer dans les cités déstabilisant un petit moment les dealers où pour répondre aux questions sur les sujets de Gaza.

  6. Ça devient insupportable cet exhibitionisme de com sur le terrain, ainsi que de ce qui est de l’intime et qui devrait le rester.
    Macron n’est pas « la France », comme le fût un Charles de Gaulle, Macron représente la France, mal, mais il n’en est que son représentant.
    Macron est [devrait être] au service de la France, plutôt que d’utiliser la France à son propre service.
    Je crois que les français dans leur majorité ont bien compris, ils en ont ras-le-bol de tout ce tintouin, de tout ce cirque médiatique.
    Macron c’est « je suis partout ».
    N’aimant pas qu’on lui fasse de l’ombre, Macron est omniprésident, omniprésent, et cette omniprésence le désert plus qu’elle ne le sert, hormis auprès de ses groupies écervelées.
    Macron a même réussi à reléguer Attal pire qu’au second plan, après l’avoir mis sur un piédestal juste pour sa propre com à lui : « vous voyez, moi aussi j’ai nommé un très jeune premier ministre ! »
    Pauvre Attal aussi vite relégué aux tâches ménagères, qu’il est arrivé en fanfare à Matignon.
    Attal plutôt qu’un marocain [comme on dit en français] a reçu une série de serviettes de cuisine.
    Une fois quitté la Marseille, la « ligne blanche » a ramené Macron directement à l’Élysée, puis à la Castellane le business du deal a repris de plus belle.
    Tout ça pour ça !

  7. Pour paraphraser le grand M Audiard « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause « 

  8. Ridicule comme toujours mais qu’y faire la majorité des journalistes sont prêts à tout pour essayer de nous le vendre encore et toujours , sauf que ça ne prends plus . Jamais un président n’a été autant détesté par son peuple .

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