[ÉDITO] Gabriel Attal : à hauteur de la tâche ?

ATTAL

Laquelle ? Celle qui consistera, cette semaine, à débattre avec Jordan Bardella et, si possible, à le battre ? Gabriel Attal est souple sur ses pattes arrière, a du répondant, du bagou, et ne se laisse pas démonter comme ça. On verra bien, mais il est certain que pour le président du Rassemblement national, ce sera une autre paire de manches que de faire face à une Valérie Hayer soucieuse de caser ses éléments de langage, même si ça tombe à côté de la plaque. Mais ce n’est pas de cela qu'il est question. Ce dont on veut parler, c’est une chose bien plus grave : la conduite des affaires de l’État. Après tout, ou plutôt avant tout, constitutionnellement, n’est-ce pas pour cela qu’il a été nommé par Emmanuel Macron, et non pas pour tenter de contrer la montée de Bardella ?

Gabriel Attal désormais en première ligne sur le dossier calédonien

Conduire les affaires de l’État, en particulier dans les situations dramatiques. Comme celle que nous connaissons actuellement en Nouvelle-Calédonie. Certes, Gabriel Attal a pris une décision majeure : la flamme des Jeux olympiques ne passera pas dans l’archipel, le 11 juin prochain, comme prévu. Pas de quoi faire de lui un nouveau Richelieu, inflexible face aux féodaux, ou un Pompidou ordonnant la réouverture de la Sorbonne. Certes, le Premier ministre prône à juste titre la fermeté face aux émeutiers. Son ministre de la Justice l’a déclaré, « le préalable, c’est le retour à l’ordre », ajoutant que « les discussions [sur l’avenir du statut de la Nouvelle-Calédonie] en cours depuis plusieurs mois ne reprendront qu’une fois les violences terminées ». Un Premier ministre qui est désormais en première ligne, le dossier ayant été retiré à Gérald Darmanin. Depuis des décennies, héritage des époques Rocard et Jospin, ce dossier était chasse gardée du chef du gouvernement. Macron, qui ne fait jamais les choses comme les autres parce que, évidemment, il est plus malin que tout le monde, avait « dégradé » le dossier en 2020, au départ d’Édouard Philippe, en le confiant à Lecornu, alors ministre des Outre-mer, puis à Darmanin. Pour, aujourd’hui, le « refiler » à Attal... Ce dernier ne connaît rien à la Nouvelle-Calédonie, n’y a jamais mis les pieds (à la différence de Darmanin, qui y est allé pas moins de sept fois), mais ce dernier étant « grillé » du côté des indépendantistes, Macron ne pouvait donc faire autrement que de remonter le dossier à l’étage supérieur. Belle manœuvre. Avec un sens de l’anticipation qui force le respect ! En effet, soulignons qu’entre le 30 avril et le 2 mai, pas moins de trois anciens Premiers ministres (Valls, Ayrault et Philippe), auditionnés à l’Assemblée nationale, avaient fait part de leur inquiétude au sujet de la situation en Nouvelle-Calédonie et avaient alors demandé que Gabriel Attal prenne en compte le dossier. On y est arrivé, quelques morts plus tard, sous la pression des événements dramatiques que l’on sait.

Alors, Gabriel Attal réussira-t-il à renouer les fils du dialogue avec qui de droit sur l’île tout en maintenant la fermeté qui s’impose face aux émeutiers ? Jusqu’à maintenant, il a lamentablement échoué dans sa mission principale, non constitutionnelle, que lui a confiée Emmanuel Macron pour le jour J du 9 juin. On ne peut que lui souhaiter de réussir dans la seule mission qui vaille, pour un Premier ministre : le service de la France et des Français, notamment de nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie. On saura vite s'il n'est qu'un petit politicien talentueux ou un homme d'État. Les choses sérieuses commencent, pour Gabriel Attal.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Gabriel Attal ne fait que « caqueter » dans sa fonction de PM, il n’est en rien un politique ou un homme d’Etat : Il lui manque l’envergure nécessaire pour résoudre les problèmes que Macron lui confient. En fait ni l’un ni l’autre ne sont à la hauteur des enjeux et surtout à l’avenir réfléchissons avant de glisser un bulletin de vote dans l’urne

  2. Il n’ a aucun bilan à son actif car trop préoccupé à son avenir politique que celui de la France et des français. Il aboie comme son maître et parle, parle, parle pour remplir l’espace et se donner une consistance mais elle est comme un soufflé qui sorti du four retombe directement car aucune action concrète et sérieuse n’est prise. Le 9 juin je vote de toute façon pour l’excellence en la personne de Marion Maréchal suivie dune autre femme d’excellence en Sarah Knafo

    • Me too (si j’ose utiliser cette expression) je n’ai pas la moindre hésitation quant à la bénéficiaire de ma voie.
      Par contre, aucune chance de faire se déplacer ceux qui considèrent que voter ne sert à rien. Ça me désole et me dégoûte…

  3. Tout est dit dans votre conclusion: « petit politicien talentueux ou homme d etat »
    Merci mon colonel pour votre sens de la formule synthétique.
    Respects

  4. Malheureusement, vu le caractère et la personnalité de cet enfant gâté, je n’ai aucun doute sur le résultat. Mais ce qui m’effraie le plus, c’est la couardise et le peu de jugeote de nos élus qui n’ont même pas été capables de réfléchir aux conséquences évidentes de leur vote sur le collège électoral régional calédonien. Comme quoi, quel que soit le sujet, ils ne servent à rien ou pire, ils ne servent qu’à abonder dans les intentions du résident de l’Elysée de détruire et casser en mille morceaux notre Nation.

  5. Malheureusement pour lui, Gabriel Attal est la chose, la marionnette de notre président machiavélique qui imputera toute la responsabilité de ses échecs à son premier ministre. Si par hasard il y avait éventuellement des succès, bien évidemment ils seraient attribués au moi je machiavélique.

  6. Insupportable communicant incapable de mener des actions de long terme dans un ministère car trop préoccupé par son ascension politique.

  7. Attention danger de vouloir aller trop vite !! La chute peut être aussi rapide que l’ascension !!

  8. Comme son maître il aboie et cause …je souhaite un bon débat à Jordan Bardella…par la pensée nous le soutiendrons .

    • Et oui, cette fois les phrases alambiquées, les slogans « va-t-en guerre » et les entourloupes (comme celles pour les paysans) n’y suffiront pas pour ramener la quiétude sur le cailloux !
      Va-t-il choir la dérobade avec la carte Bardella ou va-t-il prendre son baluchon de suite, avec sa casquette de pompier, pour oser atterrir sans délai à Nouméa ?
      Est-il vraiment prêt à remplir son vrai rôle car être jeune ne suffit pas pour être chef…

    • Il y a un peu de ça mais ceci correspond à l’enseignement d’aujourd’hui où on accumule une masse de connaissances diverses ou cas où on pourrait travailler dans un cabinet de conseils, seulement on ne connait pas le mode d’emploi parce qu’on a pendant ses études jamais été mis en situation. Je vois ça autour de moi, c’est au moment de chercher du travail qu’on se rend compte qu’on n’a pas de métier, alors évidemment la politique et l’administration sont les meilleures ouvertures. Les plus chanceux trouvent dans le privé des postes et au bout de quelques années, justement à cause des connaissances acquises ils obtiennent des postes de direction et font une brillante carrière parce qu’ils sont intelligents.

      • Que font les élites intellectuelles sélectionnées par notre système éducatif ? écoles préparatoires , écoles d’ingénieurs ou de commerce , et le parcours élitiste se termine souvent par l’ENA , puis injection dans un cabinet ministériel , puis passage dans la haute banque d’affaire pour se remplir les poches , puis retour dans la haute administration ou la politique , puis retour dans le privé , et ainsi de suite …..

  9. Ce culte de la jeunesse est une catastrophe pour notre système politique.
    Qu’il s’agisse de Bardella ou d’Attal, il est évident que ces personnages manquent d’épaisseur et de culture historique, ce qui les empêche d’appréhender les problèmes dans toutes leurs dimensions.
    Pour Bardella, ce n’est pas très grave car, contrairement à ce qu’il croit, il n’est pas encore premier ministre.
    En revanche, pour Attal, c’est beaucoup plus inquiétant car la situation de la France demande autre chose que des remarques pédagogiques pour les écoliers : « tu casses, tu répares » ou « tu fais caca, tu tires la chasse ».
    Monsieur le Président, il vous reste 3 ans pour sauver ce qui peut l’être. Faites nous l’honneur de nommer des ministres compétents entièrement dévoués à leur mission !

    • Vous avez raison les jeunes sont trop nombreux
      Il manque des expérimentés dans le gouvernement. Dans l opposition on a de villiers et zemmour par exemples.

    • demander à macron de nommer des ministres compétents et dévoués à la France est une utopie, une chimère au motif que lui même ne croit pas à la France et n’aime pas le peuple français.

    • Mais notre Mozart de la finance n’a pas du tout envie de redresser la France qu’il massacre depuis 2017.

  10. Jusqu’à maintenant il a beaucoup parlé, pris des notes sur les bottes de paille…

  11. Est-ce une bonne idée, sachant ce qui se passe à Canaan, de placer en première ligne un Israélite ?

Commentaires fermés.

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