[EDITO] Heureux comme un mineur délinquant en France

montagne

L’affaire est contée par le quotidien L’Indépendant de Perpignan – et reprise par le site Fdesouche, toujours attentif.

Le 19 janvier 2024, un lycéen de 16 ans reçoit un coup de couteau à la gorge dans la ville de Toulouges (66), alors qu’il raccompagne une camarade de classe chez elle. L’agresseur sera mis en fuite par un voisin. La victime s’en tire avec quelques points de suture. La vie ordinaire en France en 2024. Procès. Le 9 février, jour de l’audience, les parents de la victime prennent leur journée pour voir à quoi ressemble le jeune agresseur dont on ne connaît, comme d’habitude, ni le nom ni le prénom. Hélas, il n’est pas présent à l’audience. Pourquoi ? La famille apprend avec stupeur que le bourreau est parti en randonnée à la montagne dans le cadre de son centre éducatif fermé (CEF). Il s'est présenté, finalement, devant le juge ce 5 avril : l'heureux randonneur est « reconnu coupable de violences avec arme et […] condamné à une peine de 12 mois de prison, dont 6 mois ferme avec mise sous écrou technique dans un centre éducatif renforcé », note L’Indépendant. On ignore, à ce stade, si le condamné a fait ou fera appel.

« Vingt-six éducateurs pour douze gamins » !

L’affaire met en lumière ces centre éducatifs fermés, dits CEF, hors de prix, gravement inadaptés, inefficaces, en un mot très très français, au moment où le meurtre de Shemseddine, après une succession d’autres drames, remet sur la table le sujet de la justice des mineurs, le plus souvent issus de l’immigration, qui encombrent les tribunaux, brûlent, pillent, violent, dealent et récidivent. Face à une délinquance jeune et de plus en plus violente, la France, une fois de plus, répond par l’irénisme et l’impuissance.

Le centre éducatif fermé est un angle mort des études des députés sur la réponse pénale. Comment vit-on dans un CEF ? Quel est le rythme des sorties ? Quel est le niveau de confort ? Quelles destructions éventuelles ? Les pensionnaires deviennent-ils exemplaires dès la sortie ? Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, en réponse à un député LFI, avait dit tout le bien qu’il pensait de ces structures : « Vingt-six éducateurs pour douze gamins, lançait-il à l’Assemblée, le 11 décembre 2000. Ce que j’ai vu est absolument formidable. Formidable ! », tonnait-il.

La Cour des comptes, elle aussi, s’est penchée sur ces structures créées en 2002. Et les magistrats ne trouvent pas si « formidables » ces dispositifs ubuesques. La France compte 54 CEF « qui peuvent accueillir [chacun, NDLR] une dizaine de mineurs », précise le rapport de la Cour des comptes paru tout récemment, en octobre 2023. Dix mineurs reçus en grande pompe ! « Selon des données du ministère de la Justice qui mériteraient d’être fiabilisées, écrivent les magistrats, le coût effectif d’une journée en CEF s’établissait, en 2019, à 705 euros hors immobilier dans le secteur public et à 571 euros dans le secteur associatif habilité. » Chaque structure nécessiterait une trentaine d’adultes encadrants… À 700 euros la journée par « jeune », un simple calcul permet de situer le budget de la maisonnée à... 2,5 millions d’euros par an, hors budget immobilier ! Soit 250.000 euros par jeune et par an, randonnée comprise. Royal !

Hors de prix et… inefficaces

À ce compte-là, compte tenu de la vitesse de l’ensauvagement du pays des arts, des armes et des lois, les contribuables français n’ont pas fini de payer… Ce n'est pas tout. Avant le fonctionnement courant, la mise sur pied d’un centre éducatif fermé pèse également très lourd : « Chaque CEF représente un investissement initialement évalué à 4,5 millions d’euros, coût porté à 6 millions, mi-janvier 2023, d’après la direction du budget », précise toujours la Cour des comptes. « Conçus pour être une réponse "contenante" pour les mineurs les plus difficiles, les CEF mobilisent des moyens importants », constate, toujours benoîtement, la Cour des comptes. C’est le moins qu’on puisse dire. De quoi sortir du pétrin un nombre non négligeable d'agriculteurs, par exemple.

Mais le pompon est à venir. La Cour des comptes n’a pas l’air très enthousiaste à l’idée de créer de nouvelles structures, comme le demande la Macronie. Car voilà… En dépit de leur coût prohibitif, elles… ne servent pas à grand-chose et fonctionnent cahin-caha : « La faiblesse des études relatives à leur efficacité, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour encadrer les mineurs, les problèmes rencontrés dans leur fonctionnement et la difficulté à optimiser l’utilisation des places disponibles justifient qu’une pause soit observée dans la programmation de nouveaux CEF. » « Formidable ! », comme dit Dupond-Moretti.

Le constat est simple : face à une délinquance en pleine explosion, la France se noie dans une politique ultra-coûteuse et incroyablement inefficace. Le pays a choisi : l’enfer pour les victimes, le monde des Bisounours pour les coupables.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Quelques uns de ces délinquants juvéniles (et non des « jeunes ») arrivent bon an mal an à s’en sortir. Beaucoup sont pratiquement irrécupérables dans le contexte de ces centres éducatifs dit fermés;
    a leur sortie le milieu familial est inexistant. Il faut revoir entièrement le mode de fonctionnement de ces C.E.F et surtout former les personnels encadrants. Première instruction à leur inculquer le « CIVISME ».

  2. On croit rêver en prenant connaissance du coût de ces établissements mis à la charge des contribuables …Allô Bruno Lemaire, n’y a il pas là une possibilité évidente d’ ECONOMIES ( dont vous nous annoncez , à juste titre la nécessité dans la débâcle financière du pays ) ????

  3. Dans les années 70 ces  » centres  » s’appelaient « maisons de redressement »,les mineurs dormaient dans des dortoirs,pas de tv,pas de téléphone, des cours de français,calcul ,sciences et..instruction civique…les punitions étaient….cachot et les baffes pleuvaient…beaucoup avaient tellement la trouille d »y retourner qu’ils en sortaient meilleurs….

  4. Qu’il soit présent ou non à l’audience, qu’est-ce ça va changer ??? le verdict sera comme d’habitude, il aura une petite remontrance verbale pas plus. Et dès qu’il sera sorti de son centre éducatif pour prédateurs, ce criminel renouvellera ce qu’il sait le mieux faire. Les parents s’il en a, de toutes façons n’ont aucune autorité sur leur progéniture. Je pense qu’ils ne savent même pas ce qu’est l’autorité. De toute façon, ils ne peuvent pas à la fois prendre le temps d’éduquer leur progéniture et se reproduire. Faut choisir ! En attendant, ces espèces exotiques non seulement détruisent notre civilisation de toutes les manières mais ils nous coûtent une fortune colossale (et pour quels résultats ?.)… alors que nous sommes endettés jusqu’à l’os pour plusieurs générations.

  5. Les travailleurs paient des impôts délirants pour loger, nourrir et entretenir ceux qui ne travaillent pas, et ne veulent surtout pas travailler car ils ne sont pas venus en France pour cela !……On va continuer longtemps comme ça ?

  6. Ce pays est devenu fou ……grâce à Macron , complètement irresponsable….gabgi à tout va …..on marche sur la téte…..
    Il faut aussi se débarrasser de Van der Layen , ce sera fait en juin …..j’espère….

  7. La raison invoquée pour ce coup de couteau ? Dommage qu’il ne soit pas évoqué. Vous me direz ce n’est pas le sujet de l’article….Mais la curiosité est un vilain défaut je vous l’accorde, mais pas tout le temps, surtout quand il permet de faire vivre les journalistes.

  8. Depuis la suspension du service militaire pardon du service national (j’avais oublié cette hypocrisie qui est le politiquement correct) il y a eu de plus en plus d’incivilité est de vol avec violence, puisque l’exécutif ne veut pas le rétablir pour divers raisons comme plus de casernes disponibles le coût financier etc ou par idéologie, pourquoi pas rétablir comme dans le temps les maisons de correction, ou le travail serai obligatoire dans la journée et en fin d’après midi aux études.

  9. C’est normal, la France est le pays de cocagne pour tout ce qui est délinquance. Par contre nous vous avisez pas d’être honnête, là les foudres du ciel et de la justice ne vous rateront pas.

  10. A mon époque il y avait encore le reste des centres pénitentiaires pour mineur qu’on appelait des maison de redressement ( maison de correction) tout est dit: redresser ce qui est tordu, corriger les erreurs et cela ne se fait en allant à la montagne en ballade, cela se fait par la discipline et la contrainte !!!!!

    • Il n’y a plus rien à « redresser » de nos jours… Pas question de brutaliser nos chers chérubins !

    • Oop »s désolé j’avais pas vu votre post et j’ai écrit un peu la même chose…au moins nous sommes 2 à regretter ce passé…

  11. On manque de soignants , de profs et tant d’autres encore et là au moins 2 éducateurs pour 1 mineur pour un coût qui fait rêver de nombreuses institutions auxquelles on grignote toujours plus d’argent . La folie de ces élus nous ruine et nous tue à petit feu .

  12. Le paquebot France n’est plus qu’une épave prête à être envoyée par le fond , l’équipage macronien fait tout son possible pour le couler .

  13. « Couteux et inefficace »: 50 ans de gabegie pour se rendre à l’évidence que quand l’autorité recule les désordres s’accumulent ! Le « Il est interdit d’interdire » de mai 68 est devenu « on s’autorise » ou « c’est no limit ». Va bien falloir un jour siffler la fin de cette récré ? Et va falloir bien soutenir celui ou celle qui va le faire parce que l’efficacité aura un prix.

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