[EDITO] Ils ont Trump, Milei et Meloni, nous avons… Édouard Philippe !

Capture d’écran © BFMTV
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Voilà un charmant prétendant. Drôle ! Ambitieux : il vise rien moins que l’Élysée. Habile : il sait ménager le centre gauche, le centre droit, les communistes de sa ville du Havre, la chèvre, le chou et jusqu’au ver qui ronge les feuilles du légume. L’ancien Premier ministre, qui piaffe et rêve d'un retour au pouvoir par la grande porte depuis son départ de Matignon, a réuni 1.200 personnes, lors d’un premier meeting à Bordeaux, ce dimanche. Un meeting ? Plutôt le « premier congrès international » de son parti Horizons ! Il faut voir loin... Tandis que la candidature de Marine Le Pen, portée en tête de tous les sondages depuis des mois, est suspendue à la décision des juges, Édouard Philippe, que personne n’attend plus, trace des plans sur la comète d'un centrisme mondialisant en chute libre. Ce ballon d’essai du système tente ainsi de faire prendre à nouveau la mayonnaise macroniste qui empoisonne le pays en l'accompagnant de quelques nuances. En fait de « congrès international », Édouard Philippe entame donc une tournée de meetings régionaux qui passeront par Lille le 16 mars ou par Marseille au printemps.

En bon centriste, Philippe soutient le gouvernement tout en le critiquant (« La stabilité du gouvernement a de la valeur, elle a donc un prix. Mais ce prix, soyons clairs, a des limites »), puis critique le gouvernement tout en le soutenant (« On verra où notre addiction pour la dépense nous conduit »), lance Philippe, qui dénonce « un consensus général pour augmenter les impôts ». Macroniste ma non troppo… Faute d’être nouveau, le constat est sans appel : « La France est malade », dit-il. Le remède vous surprendra, c’est certain : il faut… plus d’Europe ! « Pour tenir tête aux superpuissances américaine et chinoise, l'Europe doit apprendre à rentrer la tête haute dans le rapport de force », dit-il. De la part d’une organisation administrative jusqu’à la caricature, qui n’a cessé de s’affaiblir elle-même en affaiblissant les nations qui la composent, on y croit ! Le député européen et président de la délégation RN au Parlement européen Jean-Paul Garraud nous l'affirme : pour lui, « l'UE telle qu'elle est ne fera absolument rien en faveur de nos États. Elle prône le libre échange et n'a jamais été dans l'optique de protéger les gens. Il n'y a pas de réel bras de fer entre les États-Unis et l'UE, qui a montré sa totale inefficacité : l'Europe est devenue quantité négligeable. »

Le temps des grands ensembles est révolu

Côté programme, on retrouve les mots creux habituels, révélateurs de cette incroyable talent pour… ne rien faire et laisser tout en l’état. Vous la sentez, la secousse ? La présidentielle de 2027 : « Un rendez-vous où les Français devront faire des choix fondamentaux. » Cela fait envie. Les mots défilent, « la France puissance » (sic), « la jeunesse », « l’autorité », « la reconquête productive ». L’exercice est complexe : comment passer pour un homme neuf qui va tirer le pays du déclin lorsqu’on a accéléré le déclin lors d’un passage à Matignon marqué par la répression contre les gilets jaunes, la chape de plomb disciplinaire durant l’épidémie du Covid, l’augmentation de la dette et l’inefficacité à tous les étages ? Cohérent, à Bordeaux, Édouard Philippe s’en est pris vertement non pas à Macron et aux mondialistes qui ruinent une à une les nations qu’ils contrôlent mais à… Trump !

C'est le syndrome du conducteur de fiacre quand l'automobile s'installe. Voilà un homme qui nous revend les recettes qui échouent pour écarter l'alternative qui marche. Après les premiers pas de Trump reconduisant des centaines de migrants vers la sortie et signant des décrets à tour de bras, tout cela paraît daté, fini, même pas vintage. Le temps du flonflon creux est terminé. Celui des grands ensembles est révolu, le vent pousse les solutions nationales. En Argentine, Milei a tronçonné 30 % des dépenses publiques, le déficit public effarant de l’Argentine, égal au nôtre en 2023 (5,4 % du PIB), est devenu un excédent budgétaire (de 0,4 %), la dette argentine est passée de 155 % à 91 % du PIB, et tout cela en un an ! On est loin de la pensée d'Édouard Philippe !

En Italie, Meloni est désignée par Politico comme la plus puissante d’Europe, 4e rang export, chômage au plus bas historique. Pour l'ensemble de l'année 2024, Rome vise un déficit de 3,8 % du PIB, contre 7,2 % en 2023, selon l’Institut national des statistiques italien

L'époque commande l'action. Quand le paquebot France coule, Édouard Philippe ressort la roue à aube du mondialisme. On revient aux temps anciens, quand toute solution nationale était évacuée par principe, avec le pincement de nez caractéristique des gens raisonnables, certains qu'on ne peut rien bousculer. L'arrivée au pouvoir de Trump, le succès de Meloni et Milei va créer « un électrochoc, une prise de conscience inédite, prévoit Jean-Paul Garraud, car on va voir que des choses sont possibles ». Au-delà des mots creux, il faudra qu’Édouard Philippe choisisse un jour entre le redressement national ou l’avachissement mondialiste. Entre le réalisme et le courage ou la fuite en avant.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

131 commentaires

  1. « …d’un centrisme mondialisant » : mais, cher Marc Braudiller, pourquoi reprenez-vous dans votre article les mensonges destinés à enfumer les français ? Le mondialisme, c’est l’unification de l’économie de la planète, donc au profit de l’élite mondialiste richissime qui exploite les peuples. Les chiffres le montrent : cette élite mondialiste n’a jamais été aussi richissime.
    Une élite privilégiée par le Pouvoir politique et qui exploite le peuple, cela n’a jamais été le centre. C’est au contraire la définition de l’extrême droite.
    A moins que vous ne considériez que Louis XIV ait été centriste. Dans ca cas…

  2. Edouard… certes. Mais si seulement il n’ y avait QUE lui, on ferait avec. Malheureusement c’est toute la classe ( la clique!) politicarde centro-gôcho prédatrice (et allocataire net) qui est concernée. Et NOUS par ruissellement. (Contributeurs net)

  3. Je me demande, mais comment finance t-il cette « tournée » promotionnelle. Quelles sont ses ressources, ses revenus en somme ? Cela doit coûter énormément cher entre la location des salles, l’hébergement, les transports et la sonorisation des lieux. D’où proviennent les moyens ?

  4. Qu’elle est grande, la tentation de se retrouver face à Marine Le Pen au second tour. Ca a tellement bien marché aux deux dernières élections… Mais envisage-t-il seulement de se retrouver face à elle et de perdre ? Et la honte indélébile que le camp progressiste ferait peser sur lui ?

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