[ÉDITO] « Jour funeste », mais Marine Le Pen ne renonce pas !

Condamnée à la mort politique, Marine Le Pen ne se résigne pas à monter sur l'échafaud.
Capture d'écran
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Après sa condamnation à la mort politique par la Justice française, sans possibilité d’appel, comme au bon vieux temps du Tribunal révolutionnaire, Marine Le Pen a quitté le tribunal sans dire un mot. Toute la journée, elle est restée enfermée au siège du Rassemblement national pour se préparer à un autre jugement : celui des Français. Ou, tout du moins, de ceux qui regarderaient le JT de TF1, ce lundi soir. Condamnation à la mort politique ? Pas si vite ! Car l’animal politique bouge encore et c’est une Marine Le Pen plus combative que jamais qui s’est retrouvée devant le procureur Gilles Bouleau. Une Le Pen visiblement pas disposée à monter sur l'échafaud qu'on lui a préparé.

Marine Le Pen est... une Le Pen

Ceux qui attendaient une annonce fracassante, une de celles qui restent dans les annales de la télévision française, du genre pleurnicherie à la Jacques Delors (« J’ai décidé de ne pas être candidat à la présidence de la République »), en ont été pour leurs frais. Marine Le Pen n’est pas venue au JT de TF1 pour annoncer qu’elle renonçait à la politique. Il paraît qu'elle est une Le Pen ! « Je me battrai jusqu’au bout », a déclaré celle à qui les sondages donnent 37 % d’intentions de vote si l’élection présidentielle avait lieu demain.

Comprendre qu'elle ira jusqu’au bout du combat judiciaire et jusqu’au bout du combat politique, les deux étant étroitement liés, entremêlés. D’autant que, pour Marine Le Pen, la condamnation à l’inéligibilité avec effet immédiat prononcée par les juges est « une décision politique ». Ne l’ont-ils pas eux-mêmes reconnu, de façon plus ou moins explicite, dans les motivations de leur verdict, puisqu’il s’agit de l'empêcher de se présenter et de gagner l’élection présidentielle ? « Si ça, ce n’est pas une décision politique ! », s’exclame la députée du Pas-de-Calais.

« L’État de droit a été violé »

Mais alors, est-ce que ces juges agissent sur ordre ? « Pas besoin qu’ils aient de consignes », répond Marine Le Pen. L’idéologisation d’une grande partie de la magistrature, depuis près d’un demi-siècle, a fait son œuvre dans les esprits. Quand on se souvient, par exemple, que le Syndicat de la magistrature appelait, en juin 2024, à se mobiliser contre l'accession au pouvoir de l'extrême droite... Renversant les arguments préformatés, par exemple, d’une Valérie Hayer (vous savez, celle qui fut tête de liste de la Macronie aux élections européennes, avec le résultat que l’on sait) qui s’est empressée, à l’annonce du verdict, de brandir comme un grigri le fameux « État de droit », si pratique et qui ne veut plus rien dire, Marine Le Pen n’a pas hésité à déclarer que, justement, avec ce verdict, « l’État de droit a été violé ». Au fond, on en vient à se poser cette question : avec ce verdict, strictement conforme à la loi, n’a-t-on pas la démonstration caricaturale, violente, paroxystique, que cet « État de droit » peut aller jusqu’à confisquer la démocratie ? Marine Le Pen ne dit pas autre chose, lorsqu'elle déclare : « Jour funeste pour la démocratie à cause de la décision de juges de première instance. » « Des juges de première instance qui peuvent se tromper », rappelle-t-elle. Funeste : c’est-à-dire qui apporte la mort. Le mot est très fort.

Alors, affirme Marine Le Pen, « je vais faire appel… » Et si l’appel vient après l’élection présidentielle de 2027 et qu’elle est reconnue innocente, relevée de son inéligibilité ? L’ancienne présidente du RN pose alors cette question : « Quelle sera la légitimité de celui qui sera élu ? » Par l’évocation de cette hypothèse, Marine Le Pen confirme qu’elle croyait, jusqu'à ce jour, son élection possible (à 37 % d’intentions de vote, loin devant Édouard Philippe, elle peut) et que son élimination est, selon elle, celle de « millions de Français », « des millions de Français qui sont indignés » et qui lui « font confiance ».

Et Jordan Bardella ? « Un atout formidable »

Un atout, même formidable, reste un atout... Manière de dire que Jordan Bardella est le dauphin, mais aussi que Marine Le Pen ne se retire pas du jeu et que la succession n'est pas ouverte. Mieux : qu’elle reste au centre du jeu. « La voie est étroite », reconnaît-elle, évoquant les chances que l’appel intervienne avant 2027. Mais cette voie, elle annonce vouloir l’emprunter. Manière de maintenir en ordre de bataille militants, sympathisants et électeurs qui pourraient être tentés par la division, le découragement, l'abandon. L’Histoire politique des trente dernières années nous montre que ça ne se passe jamais comme on (on : les sondages, les commentateurs, les astres et les entrailles de volailles) s'y attend. Balladur, DSK, Juppé, Fillon : c’était comme si c’était fait, quasiment élus avant l'élection. A contrario, ce soir, on (on : les commentateurs, les astres, etc.) pourrait se dire que c'est comme si c'était fait : Marine Le Pen, quasiment abattue. Mais sait-on jamais, la fille du diable peut renaître, non de ses cendres mais de ses braises… Des braises qui couvent, en France.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

73 commentaires

  1. Il faudrait que la Magistrature nous donne la liste des Politiciens autorisés à se présenter au lieu de nous faire une fois de plus le coup de François Fillon condamné opportunément pour une faute tout-à-fait habituelle dans ce milieu « d’affaires ».

  2. Iconoclaste : et si, par dessus Marine LE PEN c’était MACRON qui est visé via la censure inéluctable et prochaine du gouvernement BAYROU. De-là pourrions nous penser que les Juges sont le dernier rempart contre la guerre qui nous est promise ? Pour le reste, Le FN/RN nous a habitué aux purges de type stalinien revendiquées par lui comme nécessaires à son ascension. Même le père fondateur y a eu droit ! Alors aujourd’hui Mme MARECHAL ou Mr BARDELLA ? Lequel on vire ?

  3. Telle Dirty Harry , Marine Le Pen ne renonce jamais ; forte et sincère dans un combat ou rien ne lui aura été épargné , elle se montre parfaitement à la hauteur dans l ‘ adversité ; le RN , parti politique certainement le moins corrompu vu qu ‘ il est scruté par tout le système , devrait en sortir renforcé …

  4. Je suis admirative : digne, combative, Marine est venue dire aux Français la réalité des faits. Il fallait du courage face à Bouleau qui piquait repiquait, ne faisant pas évoluer ses questions, campant sur un soit disant détournement.

  5. Puisque je ne dispose pas du dossier répressif je ne m’exprime pas sur la nature du jugement rendu, toutefois je suis tout à fait choqué par’ l’exécution immédiate alors qu’il existe une instance d’appel. J’ aurais écrit les mêmes mots pour n’ importe quelle autre affaire, dans n’importe quel domaine.

  6. La séparation des pouvoir est un principe sacré de la Démocratie : Le juge n’a pas à mettre les mains, de près ou de loin, sur la façon dont un élu du Peuple utilise -de façon discrétionnaire- les moyens mis à sa disposition pour l’exercice de son mandat ; dont le peuple reste le seul juge. Ce propos, c’est le seul propos sérieux de portée politique que j’ai entendu de la bouche de … Dupond Moretti au moment du « coup d’Etat judiciaire » Fillon. Le coup d’Etat est désormais permanent. Il est installé dans les Tribunaux, à la Cour de Cassation, au Conseil d’Etat et au Conseil Constitutionnel. Il est soutenu et alimenté par les innombrables agences « indépendantes », associations subventionnées et bien entendu une presse infiltrée d’idéologie de gauche et gavée de subventions. Attention ! Danger !

  7. Ceux qui s’accrochent au système comme le bernique sur le rocher n’ont pas compris que quelques soient leurs manipulations, leurs duperies ils finiront par être emportés. En prononçant cette décision, ils viennent d’ouvrir les yeux des derniers Français qui se refusaient à constater le factuel. Le système qui détruit la France depuis plus de quarante années vient de fournir les armes à ses opposants.

  8. La peine de mort a été abolie en France pour les criminels mais pas du tout pour les politiques.
    Un criminel peut faire appel mais pas un opposant politique adoubé par des millions de Francais.
    La Fontaine écrivait dans ses fables « Que vous soyez puissant ou misérable …)
    En France désormais la fable a changé  » Que vous sotez de Gauche ou de droite ….)
    Cette éxécution immédiate est une infâmie émanant d’une justice qui n’est plus aveugle.

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