[EDITO] La France, dame patronnesse sans le sou, donne 100 millions au Liban

Capture d'écran ©Public Sénat
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La France apportera 100 millions d’euros d’aide au pays du Cèdre. C’est ce qu’Emmanuel Macron a annoncé, lors de l’ouverture de la conférence sur le Liban (à laquelle - échec cuisant - ne participaient ni Israël, ni Iran, ni Hezbollah, ni États-Unis…). Les Nations unies réclamaient 400 millions d'euros : ont été récoltés, in fine, quelque 800 millions d’euros. C’est ce que font les fidèles qui font la quête, le dimanche, à la messe : ils mettent un gros billet au fond de la corbeille pour donner le ton. Mais 20 % de la somme espérée (8 % de la somme finale), c’est un peu beaucoup, non ? Ne vient-on pas de nous dire que la France est en pré-faillite et que l’on cherche, pour boucler le budget, de l’argent partout ?

La gabegie appelle la gabegie

Il est vrai qu'à écouter certains, ces dernières semaines, 1,2 milliard (le montant de l'AME) serait pour la France une goutte d’eau. Et 100 millions, c'est ce que nous a coûté la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques - ce n’est pourtant pas la tenue de Philippe Katerine qui a plombé le budget ! Si on les trouve pour un événement festif, on doit aussi pouvoir les trouver pour un motif caritatif, n'est-ce pas ? La gabegie appelle la gabegie. On se croirait dans un roman de Balzac ou de Dostoïevski. La France est une dame patronnesse en guenilles qui a les huissiers dans son salon, doit vendre ses bijoux de famille, dont la maison est hypothéquée et le parc squatté, ouvert à tous vents, mais faire la charité est essentiel, pour continuer à donner le change, faire comme si un revers de fortune ne nous avait pas déclassés.. Même sans le sou, avec des robes taillées dans les rideaux et des mains calleuses, Scarlett O'hara courait les bals de charité, faisant semblant de tenir le rang qu’elle n’avait plus. Tant que vous jetez des piécettes aux pauvres, même si vous les avez trouvées au mont-de-piété, vous êtes encore dans le jeu.

Il s’agit d’aider les populations déplacées du Liban, donc celles du sud, soumises au Hezbollah. Que fait donc l’Iran ? Et quid de ce trésor de guerre du Hezbollah, qu'Israël a d'ailleurs dans le collimateur ? Selon Tsahal, le Hezbollah cacherait sous un hôpital de Beyrouth un trésor de guerre versé par l'Iran, comprenant des centaines de millions de dollars en cash, mais aussi en or. « L'Iran envoie des valises de cash et d'or par avion en passant par l'ambassade iranienne à Beyrouth, et cela va ensuite directement au Hezbollah », a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne, même si l’hôpital réfute. Israël a par ailleurs en ligne de mire « un réseau financier très implanté au Liban, des sociétés de micro-crédits populaires qui prêtent de l'argent sans intérêts. Selon l'État hébreu, elles financeraient les activités du Hezbollah. »

Cet argent français, de quelle façon sera-t-il fléché ? Comment être sûr qu’il ne sera pas détourné pour venir se rajouter aux sommes rondelettes ci-dessus citées ?

Libanisation 

Mais pour Emmanuel Macron, cette participation de la France au soutien du Liban est cruciale. Macron tacle Netanyaou qui a parlé, la veille, sur CNews, de combat de civilisation, et l'accuse même de barbarie. Emmanuel Macron reprend aussi sec à son compte le concept de civilisation pour le décliner à sa façon, c'est-à-dire sur le mode du en même temps. Le choc des civilisation se mue en dîner de voisins à la bonne franquette dans la tour de Babel. « L’avenir de la civilisation », prophétise-t-il, se trouve dans les « valeurs de la diversité libanaise ». S'il est « sûr d’une chose », c'est que « la possibilité d’une civilisation se joue au Liban, c’est-à-dire la possibilité, pour des femmes et des hommes d’origines différentes, de religions différentes, de partager un même territoire et de vivre pour un même projet. C’est aussi pour cela que le Liban est important pour lui-même, et toujours plus grand que lui même. »

Que doit-on comprendre ? Que la nouvelle civilisation qui doit advenir sera un mix de toutes les autres, on l’appellerait le vivre-ensemblisme, le Liban en serait le laboratoire et le modèle auquel nous serions tous appelés ? Cela fait drôlement envie. Finalement, Éric Zemmour et Emmanuel Macron, que tout semblait opposer, ont trouvé un point de convergence : la libanisation de la France. Sauf que si l’un y voit une grave menace, l’autre l’appelle de ses vœux. Entre État failli, économie en déroute et communautarisme galopant sur fond d'importation du conflit à Gaza, qu'Emmanuel Macron se réjouisse : les similitudes se multiplient.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

131 commentaires

  1. Devrions nous êtres encore surpris par cette décision de charité de la France, des milliards à l’Ukraine, des millions au Liban qui est le prochain pays a aider, notre Président tout puissant distribue à tout va l’argent collecté dans les poches des Français qu’il méprise, chargeant son premier ministre de trouver de nouveaux impôts pour remplir le tonneau des danaïdes…

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