[ÉDITO] La lettre de Macron : l’art de se moquer du monde

Capture d'écran
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Difficile de rester poli lorsqu’on lit la lettre qu’Emmanuel Macron a adressée aux Français, ce 10 juillet 2024. Au mieux, cet homme nous écrit d’une planète qui n’est pas la nôtre. Ce qui est un peu le cas puisque, a priori, ce courrier a été envoyé depuis l’avion présidentiel alors que le chef de l’État se rendait au sommet de l’Alliance atlantique à Washington. Au pire, Macron se moque totalement, pour ne pas dire plus, de ses « chères Françaises, chers Français ». Personnellement, nous penchons pour la deuxième hypothèse. De la première à la dernière ligne, tout sonne faux, dans cette missive : de la formule d’appel « Chères Françaises, chers Français » à ce « En confiance » qui conclut ce petit chef-d’œuvre de « foutage de gueule ». Effectivement, il fallait oser écrire « En confiance » alors que les Français, par trois fois, en moins d’un mois, on dit très clairement qu’ils n’ont plus confiance en lui. On touche là les sommets du déni ou du cynisme, voire des deux à la fois. A-t-il souri, lorsqu’il a écrit cette petite phrase conclusive ? On l’ignore.

Macron, mauvais perdant

Passons sur la façon d’enjamber les résultats de ces élections législatives. « Si l’extrême droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au gouvernement », affirme le Président, qui se garde bien d’évoquer le fait que le Rassemblement national est aussi arrivé en tête au second tour en nombre de voix : 8,7 millions, contre 7,5 millions au Nouveau Front populaire et seulement 7 millions au camp présidentiel. En pourcentage, cela parlera mieux : plus de 36 % pour le RN, 25 % pour la gauche et 23 % seulement pour la Macronie. Il est donc faux de dire, comme le fait Macron, que les Français ont clairement refusé que le RN et ses alliés accèdent au pouvoir. Tout sonne faux, dans cette lettre, disions-nous. « Personne ne l’a emporté », ajoute-t-il. Pour le coup, ce n’est pas faux ; c’est même plutôt vrai. En creux, pour être plus clair, cela veut dire que Macron a été défait. Quand on perd plus de 100 députés par rapport à la dernière législature, on ne dit pas qu’on ne l’a pas emporté, on dit qu’on a perdu. Mais l’on sait que Macron est mauvais perdant.

Monsieur pose ses conditions

Mais, visiblement, ces millions d’électeurs et leurs aspirations à plus de sécurité, de souveraineté, à moins d’immigration, à conserver l’identité de notre pays, comptent pour peu de chose pour Emmanuel Macron. En effet, Monsieur, dans son avion présidentiel, se permet de dire qui est républicain et qui ne l’est pas. « Je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme [Faut quand même être gonflé d’écrire ça quand on sait comment Macron a maltraité le Parlement à coups de 49.3 !], une orientation européenne [Peut pas s’en empêcher] et la défense de l’indépendance française [Là aussi, quel culot !] d’engager un dialogue sincère et loyal [On se pince] pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle [Comme la gauche de jadis ?] pour le pays. » Mais de qui se moque-t-il ? En gros, j’ai semé le chaos et, maintenant, débrouillez-vous ! Mais – attention ! - en respectant strictement mon cahier des charges. Car, on aura lu entre les lignes, LFI – on s’en réjouira – est exclue du dispositif ainsi que le Rassemblement national qui, pourtant, n’a jamais appelé à marcher sur Matignon et a toujours respecté les institutions républicaines depuis qu’il existe. Et, donc, Monsieur explique tranquillement aux Français, qui, à plus de 75 %, ont voté contre les candidats de son camp, que « c’est à la lumière de ces principes » qu’il décidera de la nomination du Premier ministre. Royal.

On n’a pas de conseils à donner au Président, mais il ne devrait peut-être pas trop mépriser les deux bouts de l’échiquier politique, notamment à droite, car si, à Dieu ne plaise, il réussit à nommer un Premier ministre qui remplisse ce joli cahier des charges, ce mouton à cinq pattes sera à la merci de la moindre motion de censure de la gauche et de l'extrême gauche, convaincues qu'elles ont gagné les élections. Qui dit que, demain, ce Premier ministre ne devra son maintien à Matignon qu’à la seule faveur, par exemple, du Rassemblement national et des amis de M. Ciotti qui ne voteraient pas cette motion de censure ? Faut-il rappeler à Macron que la corde peut parfois soutenir le pendu. Mais nous n’y sommes pas encore…

En principe, une lettre appelle une réponse. On l'appellera « la lettre à l'Élysée » !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/07/2024 à 9:19.
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

92 commentaires

  1. Macron savait, avec cette dissolution, qu’aucun parti ne s’en sortirait indemne, à droite comme à gauche. Il savait aussi que ce chaos pouvait lui être profitable, et il se présente déjà en sauveur de ce chaos qu’il a lui-même initié, peut-être même pense-t-il fortement à l’article 16 qui lui donnerait les pleins pouvoirs… Avant lui, nul autre Président n’aura été aussi loin dans la destruction méthodique de notre pays et de notre identité. Chosifiant les êtres et s’adorant lui-même, Macron se prend pour un démiurge qui, à partir du chaos, ordonnera un nouveau monde à sa seule image, à sa seule idéologie…
    Tandis que nous nous méfions à raison d’un Mélenchon ou d’une Rima Hassan, il ne faut pas quitter des yeux Macron qui, tôt ou tard, ressurgira pour mieux nous cabosser et nous asservir, comme il l’a fait contre les Gilets jaunes, comme il l’a fait avec la crise du covid..La réalité du macronisme : une machine à détruire pour préparer l’avènement du mondialisme progressiste.
    Cependant, ce pays, tôt ou tard, se rebiffe et se révolte. Raison pour laquelle, sans doute, plus que tout autre avant lui, il a accéléré l’immigration, dans l’espoir de changer de peuple, comme certains fanatiques de nos jours voudraient changer de réalité lorsque celle-ci ne leur convient pas.
    Macron est à l’image du mondialisme, il en est même l’une des marionnettes les plus réussies, ce qui fait craindre le pire pour la France, mais aussi pour l’Europe…

  2. Vous allez voir qu’il va, compte-tenu de ce que l’on entend partout, nommer un premier ministre de « gôche »…qui finira par être bientôt démis !

  3. De l’aile extrême droite à l’aile extrémiste de gauche personne n’est dupe quant à la désinvolture de notre président , je pense que même dans son camp hormis les postures de circonstance on se pose des questions , d’ailleurs en aparté certains veulent faire copain-copain avec la gauche « molle » , d’autres avec la droite « gélatineuse » ; et M. Macron est toujours en lévitation tel un moine bouddhiste , insufflant ses mantras à ces âmes égarées , sans foi ni perspective d’avenir ( M. le président veuillez prendre connaissance d’un dernier sondage sur ce que pensent les français dans l’époque actuelle ).

  4. La République de Pinocchio. Depuis le temps, son nez est devenu tellement massif qu’il est obligé de passer les portes en enfilade.

  5. Bien qu’un gouvernement NFP soit rejeté par une large majorité de français, il faut s’attendre à une très forte pression, surtout par LFI, pour imposer ce gouvernement. On peut donc prévoir des manifestations regroupant la gauche politique, les syndicats et les associations, assorties de violences par les black-blocs et les antifas. Un moyen en or se présente à eux : le chantage sur le bon déroulement des JO. Tout cela promet d’être très sportif.

  6. Bien sûr il se moque de nous …mais les adorateurs ne veulent pas voir .attendons la suite d’événements plus graves .Machiavel a tout prévu .pour notre destruction.

  7. Je ne suis pas très intelligent, cher Georges Michel, mais j’ai cru comprendre, durant la campagne électorale, au travers des dires du RN, que la première préoccupation des français est le pouvoir d’achat. Seriez vous en train de vous zemmouriser ?

  8. Une question se pose :comment le NFP peut il revendiquer la gouvernance du pays alors qu’il a largement été rejeté par les Français. Une petite majorité de sièges, mais répartis sur plusieurs officines ;et minorité en voix.

  9. A l’écoute des différentes réactions des journalistes experts en politique , il ressort une analyse commune , le RN a été écarté du jeu politique et c’est très bien , il a le plus de voix au niveau national mais c’est un détail sans importance.
    LFI nichée dans le NFP est un parti qui appelle à la violence et qui pratique la violence , il abrite dans ses rangs des islamistes , des antisémites , mais il fait parti du jeu politique sans problème .

      • Je parle des commentaires des journalistes experts en politique , qui eux sans oser le dire roulent à gauche . il est manifeste que le RN n’appelle pas à la violence dans les rues , ne menace personne et accepte le résultat des élections . Dans le quarteron NFP , il n’en va pas de même avec LFI et les Ecolos , ils revendiquent la victoire , veulent gouverner minoritairement , et profèrent diverses menaces . Je ne crois pas que Macron soit génial , c’est un amateur narcissique en politique et un apprentis sorcier dangereux , voyez la situation dans laquelle nous sommes .

  10. Les financeurs de la société « France » laissent encore un peu de temps au PDG qu’ils ont mis en place pour le laisser sortir du « bug » qu’il a initié. JO obligent. Sa « com » depuis longtemps devenue insupportable pour le bas irrite maintenant le haut comme jamais. Pour une fois il fait l’unanimité… Les émissaires, Minc et Cie, des gros porteurs l’ont compris et averti. Les petits lui ont signifié son renvoi. Alors tant qu’à parler de lettre moi je n’en attend qu’une de sa part. Sa lettre de…démission.

    • Rassurez-vous, les forces de l’ordre du Qatar sont arrivées…Non pas pour les JO… mais dans le cas où…Nous sommes sauvés!

      • QUI va payer les « gardiens du Kalifa » en attendant le début des JO ? … Où sont-ils logés ? chez leurs « cousins » ? …
        Après le drapeau à étoiles de l’UE, les islamistes en patrouille à l’Arc de Triomphe ! …

    • Et la réaction de l’opposition tout autant. Exemple : comptage officiel des voix et des procurations, où en est le RN?

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