[Edito] La revanche des colonisés n’a pas eu lieu

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La France a gagné. Deux buts à zéro. Elle a retrouvé, l’espace d’un soir, devant la télé, ce moment de communion familiale et amicale - en demi-finale, ça devient sérieux, même les mères de famille viennent s’asseoir sur le canapé - , de chauvinisme mâtiné de mauvaise foi - mais il y a faute, hein, pourquoi l’arbitre ne dit rien ! - puisque le football est le dernier endroit où le patriotisme a trouvé asile. Un peu.

Les footballeurs français ont bien du mérite, car le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été soutenus par le public.

Si, comme l’a affirmé ces jours derniers le joueur marocain Sofiane Boufal, « les supporters marocains sont les meilleurs de cette Coupe du monde », s'ils sont « le douzième homme », comme il les appelle, pour leur équipe, les avoir contre soi est au contraire comme un homme en moins : les sifflements retentissaient à chaque fois qu’un joueur français touchait le ballon et ne s’interrompaient que lorsque les Marocains le récupéraient.

Sans doute le fair-play n’est pas ce qui qualifie le mieux les supporters de foot. Mais, mercredi soir, la différence de traitement des deux équipes était frappante. Ou les supporters marocains étaient présents en nombre bien plus important que les Français - Emmanuel Macron n’a pas suffi - ou le public local était acquis. Peut-être parce que, comme l’a rapporté Le Parisien dans son numéro du 11 décembre, « le Qatar est tombé amoureux du Maroc, l’équipe des musulmans du monde entier ». Les Français, mercredi soir, ont joué à l’extérieur.

Rajoutons, comme le rapporte (encore) Le Parisien, que même « l’hymne national tricolore a été légèrement hué au début » - ah, qu’en termes galants ces choses-là sont mises. Emmanuel Macron a visiblement estimé que la « légèreté » des sifflets l’exemptait - ouf ! - de reproduire le geste de Jacques Chirac en 2002, qui avait quitté la tribune du Stade de France lors du match Lorient-Bastia.

Quoi qu’il en soit, la revanche des colonisés, comme certains l’ont appelée - celle de « tout le peuple marocain, arabe, africain et musulman », pour reprendre les mots de Sofiane Boufam -, n’a pas eu lieu. Que se passera-t-il, cette nuit, sur les Champs-Élysées ? À l’heure où j’écris ces lignes, je l’ignore. Mais qui sait ? Si les supporters marocains ont la liesse tonique, peut-être ont-ils, a contrario, le chagrin atone ?

On peut en tout cas féliciter les joueurs marocains pour leur beau parcours, et les remercier. Car c'est grâce à l’équipe du Maroc que la France a retrouvé la sienne : les cartes ont été rebattues, les pions redistribués. Durant des dizaines d’années, on nous a vendu l'équipe de France comme celle de la diversité, black, blanc, beur, qui ne devait ses victoires qu’à ses éléments venus d’un autre continent. Face à l’équipe du Maroc, chouchou de la gauche, l’équipe de France, qui n’a pourtant pas fondamentalement changé, est redevenue bêtement… française. Tout simplement. Rendez-vous en finale face à l'Argentine !

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

75 commentaires

  1. Je pense que la France doit gagner la coupe du monde quoi qu’il en soit. Car le Qatar est propriétaire du PSG et ces gens magouillent tellement qu’ils vont montrer qu’ils savent choisir les meilleurs joueurs.

  2. Le Maroc n’a pas été une Colonie, mais un Protectorat…..Vu que l’Ecole Laïque de la République a été abattue, c’est sûr que le Pouvoir peut dominer à coup de 49.3…..et bientôt ils ne vous le disent pas non plus à coups de canons, qu’ils donnent actuellement, avant que les U.S. nous arment…

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