[Edito] Les leçons de l’Ukraine : Les mouvements de population brouillent les identités et provoquent les guerres

Le conflit en Ukraine s’enkyste. Une guerre qui voit tristement se battre des chrétiens contre d'autres chrétiens, un spectacle auquel nul ne pensait plus devoir assister. Dans ce jeu de billard à cinq bandes, au-delà des visées impérialistes des uns et des tentations américaines des autres, il y a une réalité concrète : des mouvements de population qui, à un moment de l'Histoire récente de l'Ukraine, ont brouillé les identités et ébranlé les appartenances.

Pour les Ukrainiens, le Donbass est leur terre : les référendums ne sont que simulacres. Pour les Russes, cette terre peuplée de Russes est russophone : elle leur appartient.

C’est l’histoire de ces trois derniers siècles qui veut ça : au XVIIIe, l’exploitation de houille, de sel, de gemme et de charbon provoque l’installation, en nombre, d’une population russe. Les Ukrainiens, à l’atavisme rural, continuent d’exploiter la terre. Des villes très denses, en revanche, se développent, habitées par les Russes.

Une deuxième vague d’immigration arrive à la fin de la Seconde Guerre mondiale : des ouvriers russes viennent reconstruire une région qui a été dévastée. Parallèlement, les bolcheviks imposent autoritairement la langue russe. À partir de 1938, le russe devient obligatoire dans les écoles. Ces diverses vagues d’immigration de travail ont modifié la structure démographique. Couplées à l’apprentissage de la langue, elles ont suffi à rapidement brouiller les cartes. Ukrainiens ou Russes, Russes ou Ukrainiens ? Ils se battent jusqu’à la mort pour le déterminer. Ils sont pourtant culturellement si proches.

Pas un jour, en France, sans qu’il soit question, dans l’actualité, d’immigration. Après les banlieues des grandes métropoles, les grandes métropoles elles-mêmes. Puis les bourgades de taille moyenne. Enfin les villages. Avec l’installation programmée - et déjà amorcée - de migrants dans les campagnes reculées. Les villes industrielles française où s'est installée, dans les années 60, une main-d’œuvre étrangère sont plus semblables parfois, aujourd'hui, à une ville d’outre-Méditerranée où le ciel serait peu clément… qu’à une cité française.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Une nation n’est pas seulement un espace géographique. Elle existe à a travers ceux qui la peuplent. Si dans dix, vingt ou trente ans l’envie prenait à certains d’organiser un référendum d’autodétermination, sommes-nous certains que le résultat, même non truqué, serait un « oui » à la France ? Quelle langue y parlera-t-on dans les rues et les commerces ? Est-ce cette sorte de partition que prophétisait François Hollande, dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme Un président ne devrait pas dire ça...(Stock)

Et si deux peuples, comme ceux de l’Ukraine et de la Russie, si proches culturellement, ayant eu longtemps destin commun, en viennent à de telles extrémités pour faire chacun triompher leur identité, qu’en sera-t-il lorsque les creusets culturels des deux camps protagonistes seront très éloignés ? À défaut de résoudre le conflit ukrainien, peut-être pourrions-nous en tirer les leçons pour notre propre avenir...

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Franchement ne le méritons-nous pas ?
    Et cessons d’incriminer la gauche!
    Mais est-ce véritablement un mal absolu?

  2. Article plein de bon sens qui a le mérite de poser la fin de notre civilisation sur notre propre sol si nous ne mettons pas un frein à cette immigration incontrôlée et surtout à l’absence de transmission de notre héritage.

  3. Je crains fort que, concernant la France, la cause ne soit d’ores et déjà entendue. En effet si la démographie fait l’histoire, la crue migratoire continue encouragée par l’´Europe et Macron associée à la fécondité des immigrées et de leur descendance rendent déjà visible ce que les bien pensants ne veulent pas voir, soit les augures du Grand Remplacement que l’ingénierie sociale ( en français : la manipulation des esprits) nommé pudiquement «  transition démographique ». C’est ainsi que l’on nous avoue que 40% des enfants de moins de quatre ans portent des prénoms musulmans… Et cette proportion ne peut qu’augmenter. Notre pays deviendra forcément à brève échéance, musulman.

  4. « des chrétiens contre des chrétiens » ! Oui, mais quel rôle a joué l’antéchrist françois de Rome ? Quant à hollande dit « culbuto » qui prophétise, je suis désolé, il ne fait qu’acter ce que lui et les siens ont installé depuis des décennies, rappelez-vous osn mépris pour les français, à la hauteur de celui de macron: « les sansdents » !

  5. « Les leçons de l’Ukraine : Les mouvements de population brouillent les identités et provoquent les guerres ». N’hésitez pas à aller au fond des choses : ces mouvements de population n’étaient que l’un des nombreux avatars du communisme triomphant avec un même objectif : réduire la population en esclavage sous prétexte de bien public.
    L’Histoire ne se répète pas, mais elle bégaie avec le nouveau communisme macronien, à tendance plus maoïste que stalinienne, mais qui utilise les mêmes vieilles ficelles.

  6. Et encore, l’article, très modéré, ne mentionne pas les déplacements de population organisées vers le Kazakstan et la famine organisée par Staline en Ukraine, à l’époque où son dirigeant communiste était Krouchtchev, ainsi que la conversion forcée à l’orthodoxie des gréco-catholiques, qui a finalement abouti à une Eglise autocéphale en Ukraine.

  7. Il faut remonter encore plus loin pour avoir plus amples informations sur cette région du monde, mais là c’est un travail d’historien disponible dans les bibliothèques pour ceux qui cherchent à comprendre avant de parler. La conclusion de l’article est , en ce qui concerne la France, parfaitement exacte et les exemples sont multiples dans le monde pour étayer cette conclusion : la supériorité numérique des uns conduit inévitablement à l’asservissement des autres, Telle est la règle et l’observation de la nature en fait la démonstration. Les bonnes âmes aux bons sentiments construisent elles même la prison dans laquelle ils seront inévitablement enfermée. Etre humain ne signifie pas être dénué de réflexion et de fermeté, mais simplement être respectueux de l’autre tout en défendant les prérogatives de sa tribu.

  8. Il y a des pays ou les populations qui parlent des langues différentes s’entendent très bien:
    * La Suisse ou l’on parle Français, Allemand, Italien et … Romanche !
    * La Finlande ou l’on parle Finnois, Suédois et … Saame/Lapon !
    Evidemment c’est un peu plus compliqué en Belgique entre les Wallons et les Flamands et au Canada entre les Québecois et les Anglo-Saxons.
    En France, d’ici peu l’Arabe sera la langue dominante.

  9. Je suis frappé par l’énergie que mettent le ukrainiens pour récupérer des régions qu’ils ne voulaient pas à l’origine – Les récupérer pourquoi? pour ensuite les bombarder parce qu’elles parlent russe comme ils l’ont déjà fait ?
    La véritable paix ne viendrait que si ces régions sortent de l’Ukraine (c’est à dire rejoignent la Russie) ce qui est en partie fait avec le référendum d’adhésion.
    Maintenant reste le coût que ce processus va générer en matière de souffrance; souffrance que Zelensky appuyée par l’otan et l’union européenne compte prolonger.
    Je ne pense pas un seul instant que la Russie va accepter de restituer ses régions à l’Ukraine et revenir à la situation d’avant 24/02 comme si de rien n’était.

  10. Si l’on en croit Pierre Lorrain qui est l’auteur d’un gros ouvrage consacré à l’histoire de l’Ukraine, le Donbass et la Crimée n’ont jamais été peuplés par des populations de culture ukrainienne, si ce n’est de manière marginale.L’État ukrainien tel qu’il était en 1991 était une création des Soviétiques qui pratiquaient le mille-feuilles ethnique pour régner (la Crimée russe a été donnée à l’Ukraine par Krouchtchev). L’enseignement qu’on peut tirer de ces événements, c’est que les États multi-ethniques finissent presque toujours par éclater, souvent de manière violente. Mais l’affaire d’Ukraine n’est pas qu’un conflit inter-ethnique, elle a été voulue par les néo-conservateurs américains qui l’ont préparée depuis très longtemps. Leur objectif est l’éclatement de la Russie en plusieurs États beaucoup plus petits que les Américains pourraient piller à volonté et dans lesquels ils pourraient imposer leurs « valeurs ». Les Polonais ne dissimulent pas cet objectif, même Walesa et des membres du gouvernement polonais en ont parlé. Les Américains pensaient avoir réussi, entre 1991 et 1999, à mettre la main sur les richesses naturelles de la Russie, en manipulant le président alcoolique et corrompu Eltsine, mais alors vint Poutine qui mit au pas les oligarques et qui nationalisa Gazprom et les principales sociétés pétrolières à hauteur de 51%. La politique nationaliste menée par Poutine a permis le relèvement de l’économie russe, contrairement à ce qui s’est passé en Ukraine où le PIB par habitant est 3,5 fois inférieur à celui de la Russie alors que les PIB par habitant étaient au même niveau, en Ukraine et en Russie, en 1991 ! Les Ukrainiens sont dirigés depuis 1991 par des bons à rien liés aux oligarques quand ils ne sont pas oligarques eux-mêmes (Porochenko ou Timochenko, par exemple). Zelenski est l’homme de paille de l’oligarque Kolomoïski. Il me semble que l’impérialisme dans cette affaire n’est pas du côté russe mais du côté américain. L’empire américain est une réalité; pour s’en convaincre il suffit de lire le livre fondamental de Zbigniew Brzezinski : ‘Le grand échiquier » dans lequel le géopoliticien démocrate explique pourquoi les USA doivent occuper l’Ukraine. Dans ce même livre, il explique que les États européens ne sont que des vassaux des États-Unis. La guerre d’Ukraine est une guerre des États-Unis contre la Russie par Ukrainiens interposés. Voir dans ce conflit le produit de la volonté impérialiste d’une Russie « néo-stalinienne » ce n’est rien comprendre à la réalité. D’ailleurs, la Russie d’aujourd’hui, qui n’est pas plus impérialiste que « néo-stalinienne », œuvre pour le rassemblement des nations indépendantes qui refusent le joug des Américains et celui du dollar. C’est en gros ce que le général de Gaulle avait voulu faire avec les « non-alignés » (discours de Phnom Penh). La politique internationale russe est motivée par une conception « westphalienne » des rapports entre les États et non pas par une conception impériale comme celle des Anglo-saxons.

    • Merci pour cette analyse objective. La position de macron inféodé aux USA, L’UE et l’OTAN, détruira la France dans un cinflit qui n’est pas le notre et ira beaucoup plus loin: la main-mise de la chine sur les richesses naturelles de la sibérie !

    • Utile de le rappeler beaucoup ignore tout cela ou ne cherche pas à comprendre les raisons de ce conflit armé, qui en aucun cas ne concerne la France, je ne parlerai pas des autres pays européens qu’ils prennent leurs responsabilités.

  11. Et si on commençait par définir le véritable territoire ukrainien…. N’oublions pas que la Crimée a été « donnée  » à Kiev un soir de beuverie. La beuverie était une « coutume » soviétique. La définition de l’Ukraine a peut-être amputé certains de ses voisins de territoires qui leurs appartenaient; Les dirigeants soviétiques ne s’embarrassaient pas de détails. Zelensky est-il dans son droit ?

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