[Edito] Macron et son « préférendum » : effet waouh ou effet pschitt ?

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Décidément, il ne sait plus quoi inventer. Il ? Bien évidemment le président de la République, dont le second quinquennat patine dans la semoule pour cause d’absence de majorité absolue. Tout le monde sait ça, connaît cette réalité dure et cruelle. Il aura beau tourner la chose dans tous les sens, la tordre, l’habiller de circonvolutions, prendre un angle avantageux pour la photo, la Macronie est minoritaire dans ce pays. Point barre.

En ce moment, le gouvernement affûte ses armes pour sa prochaine campagne de tir en rafales de 49.3 afin de faire passer le budget 2024 qui promet d’être particulièrement amer. Certes, on n’augmentera pas les impôts, mais pour qui sait décoder la novlangue technocratique qu’Élisabeth Borne maîtrise à la perfection après quarante ans de pratique assidue, cela signifie en creux qu’on ne va pas se gêner sur tout ce qui est taxes. C’est bien connu, une taxe n’est pas un impôt… On peut même, par exemple, imaginer que, pour alléger ce budget, ils réduisent les dotations aux communes, ce qui contraindra ces dernières à augmenter l’impôt foncier : taper toujours sur les mêmes, c’est une méthode qui a fait ses preuves. Et en plus, le gouvernement pourra dire « C’est pas nous ! » Classique. Fermons la parenthèse. Peut-on légiférer éternellement sur cet acte majeur qu’est le vote du budget de la nation à coups de 49.3 ? La question mérite d’être posée dans un pays qui prétend être une démocratie mûre.

Contourner l'obstacle

Au-delà du budget, on voit bien que tout patine, pour Emmanuel Macron, son gouvernement et sa « minorité présidentielle », pour reprendre l’expression de Charles de Courson dont le groupe à l’Assemblée (LIOT) n’a pas été convié au rendez-vous d'Emmanuel Macron à Saint-Denis, ce 30 août, avec les leaders des principaux partis politiques. Pour sortir de cette ornière - pire : de cette impasse -, le chef de l’État dispose pourtant de l’arsenal des institutions. Ces institutions auxquelles son gouvernement, lorsqu’il use et abuse du 49.3, aime tant à rappeler son respect… Trois armes, dans cet arsenal : la démission du Président, la dissolution et le référendum. Eh bien, non ! Le gardien des institutions qu’est le chef de l’État contourne l’obstacle, biaise, tire des bords en caboteur et cabotin qu’il est. Après la crise des gilets jaunes, il nous avait inventé le grand débat national, grand one-man-show qui lui avait servi de faire-valoir à travers nos territoires qu’on aime tant. L’an passé, après la douche froide des législatives, il avait lancé un nouvel OVNI dans l’atmosphère : le Conseil national de la refondation, singeant sans vergogne le Conseil national de la Résistance. La fusée a fait pschitt. Au printemps, ç'a été le coup des Cent Jours. Pas très malin, d’ailleurs, comme référence historique. Cent jours qui se sont conclus par un mini-remaniement limité, en gros, au renvoi de Marlène Schiappa à sa littérature coquine et à la reconversion accélérée de Pap Ndiaye à la diplomatie droit-de-l'hommiste.

Séminaire d’entreprise

Et puis, une nouvelle idée a fusé à la rentrée : l’« Initiative politique d’ampleur ». Effet waouh assuré. On allait voir ce qu'on allait voir. On a vu. D'abord, je n'invite que les membres du club restreint, ceux appartenant au fameux « arc républicain ». Puis, finalement, tout le monde, sauf LIOT, pourtant on ne peut plus républicain. Le Président téléphone même à Bardella. Histoire de faire enrager Mélenchon ? Un peu confus, tout ça. Et nous voici à ces « Rencontres de Saint-Denis ». Pourquoi, d’ailleurs, à Saint-Denis, dans les locaux des maisons d’éducation de la Légion d’honneur, et pas à l’Élysée ? Histoire de faire « séminaire d’entreprise » dans les bâtiments d’une ancienne abbaye ? Ou bien pour jouer au maître d’école dans un établissement d’enseignement ? Allez savoir. Pas certain que la petite classe soit bien sage. En tout cas, on imagine que ça a dû phosphorer fort, en ce mois d’août, chez les communicants du Château.

Le top, il faut bien l’avouer, en guise de mise en bouche de ces « Rencontres », ça a quand même été Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre délégué chargé du Renouveau démocratique (on est prié de ne pas rigoler), qui nous a lâché, lundi matin, sur le plateau de RMC-BFM : « Et pourquoi pas un préférendum ? C’est un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours d’un même vote. » C'est quoi, ça, un préférendum ? Le dictionnaire de la novlangue est une promesse d'éternel renouvellement. On va donc tester des sujets ? C'est-à-dire ? Une sorte de questionnaire à choix multiples qui permettrait de diluer - mieux : d'éliminer - la charge symbolique du référendum à la de Gaulle : « Votez "Oui" ou je fais un malheur ! » Décidément, ils nous auront tout fait.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Si il ne se sent plus capable de gouverner sans demander l’avis de tout le monde ,c’est qu’il reconnait son incompétence et il peut toujours donner sa « dem » !! Mais pour cela il faut avoir du panache

  2. Il est indispensable et urgent que des journalistes demandent à brûle pourpoint à tout élu du Macronistan  » Pourquoi LIOT, groupe tout à fait légal, n’a-t-il pas été reçu par Macron au même titre que l’extrême gauche qui casse tout dans les rues ?

    • Bien cité !comment se fait il qu’il n’ait pas été convier?d’autant que cette réunion entourée du secret(ce qui est quelque peu tordu et ressemble à ces réunions du conseil de défense secret sanitaire de 2021) ne pouvait par ce,porter ombragé à celui qui l organisait?
      Enfin,comment ces représentants de partis peuvent ils répondre à ce genre de réunions,en acceptant de telles conditions,auraient perdus le sens d’hommes Libres,et d’honneur,représentants les Français?

  3. Qui attendait autre chose d’un démonstrateur d’appareil ménager. Le spectacle continue, c’est tout ce qui compte. Il y a encore un peu plus de trois ans à le supporter, malheureusement le pays ne s’en relèvera pas.

  4. C’est du grand n’importe quoi pour ne pas affronter directement les desiderata du peuple avec un vrai referendum. C’est du genre « courage, fuyons »

  5. Du vent et du baratin …il s’en moque de notre avis et de toutes façons il nous prend pour des imbeciles .

  6. Un « préférendum » ? Et l’on s’étonnera que ces « grosses têtes » ne soient pas prises au sérieux ? Comme une émission de radio ? Si seulement ils étaient capables de s’exprimer en Français peut-être, peut-être seraient-ils mieux compris. Ah, mais « c’est bien sûr » il faudrait pour cela avoir les idées claires… Voilà qui me rappelle quelque chose du genre : « Ce qui se conçoit bien s’énnonce clairement et les mots pour l’exprimer vous viennent aisément »… Enfin, quelque chose comme ça…

  7. Un « préférendum », une idée facturée 600.000 € par McKinsey !
    Tout ça promet des circonvolutions langagières à l’assemblée nationale.
    Quand à Jordan Bardella c’est clair : « Nous ne serons pas la béquille d’un président à la recherche d’un second souffle. »
    Conclusion, Bornes prépare tes 49.3 !

  8.  » La question mérite d’être posée dans un pays qui prétend être une démocratie mûre. »
    Ce qui est optimiste dans cette phrase, c’est qu’elle suggère que la démocrassie française, étant mûre doit être, comme un fuit mur en fin d’été, à tomber et « s’écafouir  » sur le sol de notre pays.
    (s’écafouir est un verbe venant de nos « territoires » -appelés autrefois provinces- donc du patois, voulant dire, dans ma région : « tomber en faisant plouf et en s’écrasant »)

  9. Un préférendum ne serait-il pas un vote avec bulletin unique « Peut-être bien que oui, peut-être bien que non » ou l’abstention…

  10. Encore du vent, de l’agitation médiatique : conseillé par Mac Kinsey grassement financé par le con-tribuable spolié ! Il serait temps de recycler tous ces machiavels, ces clows pitoyables en girouette ou en éolienne ….

  11. qu’espère encore ce menteur, en espérant que les présidents de parti ne se feront pas avoir par des promesses qui ne seront pas tenues ! il n’y a qu’une chose que ces présidents de parti auraient pu demander à Macron : sa démission pour le bien de la France puisqu’il n’est capable que de destruction !

  12. On le sait, rien n’est plus simple et clair qu’un référendum : On pose une question à laquelle il faut répondre par oui ou par non. La simplicité, la clarté, quelle horreur pour Macron, ces mots là ne font par partie de son bagage culturel. Alors si les manants réclament à grands cris cette aberration, on va leur en donner. Mais à la sauce Macron, bien entendu, le référendum revu par sa pensée dite complexe, qui n’est en réalité que confuse. On posera plusieurs questions pêle-mêle, auxquelles on pourra donner plusieurs réponses, incluant « peut-être », « pourquoi pas », « oui mais enfin », « non, mais… », « chais pas », « bof !’, « oui mais non », entre autres. Et à la fin, comme d’habitude, on n’aura aucune réponse !

    • Preferendum,encore un mot inventé qui participe à la détérioration de notre langue.Mais bon vu d ou il sort,quel triste sir!

  13. Bien sûr qu’il nous prend pour des jambons. Je suis très étonné par l’acceptation des oppositions,j’attends avec impatience leurs réactions. Soit elles affirment leurs positions soit elles nous prennent pour des imbéciles avec maintes circonvolutions verbales. Je verrai.

    • Tout comme vous , je suis atterrée par cette nouvelle trouvaille Macronienne «  le préferendum » et attends avec impatience la réaction des oppositions. On nous prend pour des imbéciles sans aucun doute . Nous ne sommes que le petit peuple mal dégrossi ou mal décrotté. Nos élus ont ´ils droit aussi à un jugement aussi peu flatteur de la part de la macronie ? Et vont ils adhérer à cette nouvelle démonstration de dédain de notre président ? A voir ..

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