[ÉDITO] Macron : il est venu, le temps des chrysanthèmes

Capture d'écran KTO
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Ainsi donc, ce lundi matin, François Bayrou reçoit Marine Le Pen et Jordan Bardella à l’hôtel de Matignon. Le tandem Rassemblement national sera d’ailleurs le premier à inaugurer les consultations que le tout nouveau Premier ministre lance avant la constitution de son gouvernement. Il a invité aussi LFI, qui a refusé l'invitation au travers d'un communiqué de Mathilde Panot. L’Élysée avait pourtant fait savoir, la semaine dernière, que le maire de Pau avait reçu pour mission de « dialoguer » avec toutes les formations politiques, sauf avec le Rassemblement national et La France insoumise. Histoire, sans doute, de contenter les socialistes, tout du moins pour ce qui concerne le RN...

Louis Aliot : « Macron ne devrait plus s'occuper de politique »

Et au troisième jour à Matignon, Bayrou n’en fait déjà qu’à sa tête ! Vendredi, il a tordu le bras d’Emmanuel Macron en imposant sa personne à la tête du gouvernement, et voici qu’il s’assoit sur la feuille de route du Président. Bayrou – on s’en doutait, on le voyait venir, on le savait – ne sera pas un collaborateur du chef de l’État. Un chef de l’État à qui Bayrou peut dire « Qui t’a fait roi ? » Bayrou qui n’est pas Barnier. Ce dernier, au fond, n’a jamais vraiment eu envie d’avoir envie de l’Élysée. Sa candidature à la candidature à la magistrature suprême, en 2022, ne convainquit pas grand monde - lui, sans doute, en premier. Bayrou, c’est autre chose. Il a été deux fois candidats à la présidentielle, et pour de vrai. Il avait même eu le culot de vouloir s’inviter au second tour en 2007 qui opposa Sarkozy et Royal ! Barnier a (eu) une carrière, Bayrou croit depuis toujours (et sans doute encore aujourd’hui) qu’il a un destin. Nuance. Victor Hugo voulait être Chateaubriand ou rien, Bayrou veut être Henri IV. Ou rien ? Et Henri IV, son truc, ç'a été la réconciliation des Français. Drôlement ambitieux, à l’époque. Comme aujourd’hui. Et ce n’est certainement pas avec une feuille de route macroniste (dialoguer avec toutes les formations politiques… sauf avec !) que l’on va y arriver. Donc, à travers cette décision de recevoir Marine Le Pen et Jordan Bardella, Bayrou envoie un message fort et clair à l’adresse de Macron. Il se positionne en homme d'État et non en chef de parti. Le monde à l'envers entre Matignon et l'Élysée ! Le temps est donc peut-être venu, pour Macron, de se mettre en retrait de la vie politique, comme le suggérait le très patelin Louis Aliot, ce dimanche midi, au Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat. En clair, pour Emmanuel Macron, il est venu, le temps, non pas des cathédrales, mais des chrysanthèmes. Il fait ça très bien, du reste. En témoignent les cérémonies de réouverture de Notre-Dame ou encore le salut très protocolaire au pape avant son départ de Corse, ce dimanche soir.

La France penche sérieusement à droite

Mais cette réception, à Matignon, de Marine Le Pen et Jordan Bardella, forts de leurs onze millions d’électeurs, outre la dimension symbolique qu’elle prend en réparant l’affront qui, selon eux, leur a été fait par Michel Barnier au début de son ministère, rappelle une loi d’airain à ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités et vivent hors-sol car c'est plus confortable. Cette loi d'airain, c’est celle, non pas de la gravité, mais de la gravitation universelle. Le poids du Rassemblement national et de son allié Éric Ciotti continue et va continuer de peser dans ce maelström politique français. Bayrou, qui fait du judo politique depuis quarante ans, en bon connaisseur des rapports de force, sait très bien que le déplacement, ces derniers jours, du centre de gravité vers la gauche, avec la promesse plus ou moins ferme de non-censure de la part du PS, ressemble plus à une illusion d’optique qu’à une réalité physique. La France penche sérieusement à droite. Preuve en est, Gérard Larcher, fine mouche, qui demande à François Bayrou (pas à Emmanuel Macron) que Bruno Retailleau reste à l’Intérieur. Dans ces journées de dupes que furent les dernières semaines, on a cru peut-être un peu vite que le RN s'était sorti lui-même du jeu en votant la censure. À voir... Pour l’instant, semble-t-il, c’est Macron qui prend le chemin du banc de touche. Avec fleurs et couronnes.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

75 commentaires

  1. Pas sûr que les français se contentent de ça ils veulent Macron dehors et des nouvelles elections des vrais ils faut aussi que les politiques baissent d’un ton car la situation de la dette n’est pas de leurs faits ils ont voulu depuis des années acheter le peuple et maintenant le peuple ne comprend pas « plus d’argent «  le Covid BS pas de confinement aux US pas plus de morts qu’ailleurs le problème de la France aujourd’hui c l’UE les français veulent ils exister ou se fondre ds l’UE et disparaître en tant que nation ??

  2. Un point commun entre Macron et Bayrou: « Il est beaucoup de geais à deux pieds comme lui, qui se parent des dépouilles d’autrui »… comme dans  » Le Geai paré de la plume du Paon » de La Fontaine!
    Ils sont donc du même Monde intramuros, ce qui n’est pas rassurant!

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