[EDITO] Mélenchon n’a pas eu les plumes du pouvoir, il lui reste le goudron

Capture d'écran
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Elle avait pourtant des raisons. Et des mots d’ordre. L’extrême gauche n’aura donc pas réuni plus de 25.000 manifestants, ce samedi, entre drapeaux palestiniens et symboles antifas, pour protester contre le nouveau Premier ministre issu de la droite. La gauche est-elle fatiguée des mobilisations inutiles ? Lassée des appels quasi quotidiens à l’insurrection lancés par ses leaders ? A-t-elle touché du doigt le chapelet de mensonges professé en hurlant par les mélenchonistes, depuis les législatives ? Non, personne n’était contraint de nommer Lucie Castets à Matignon : la preuve, cette nomination n’a pas eu lieu. Non, la France ne devait rien à Jean-Luc Mélenchon, et surtout pas un Premier ministre qui n’aurait pas passé le cap des trois jours. Non, la vie politique française ne tourne pas autour du NFP, minoritaire en France, encore moins des Insoumis, minoritaires au sein du NFP. On peut mentir une fois à une personne, mais non pas tous les jours à tous les Français. Le réel a ainsi eu la peau de la fiction mélenchoniste et une erreur répétée tout l’été par Lucie Castets ne fait pas une vérité à l’automne.

Mari trompé

Avec l’échec patent de cette manifestation, la gauche mélenchoniste et ses alliés démarrent, ce lundi, une séquence « gueule de bois ». « Ce n’est pas la girouette qui tourne, disait Edgar Faure, c’est le vent. » Le vent a tourné. Lundi dernier, Mélenchon se voyait en faiseur de rois. Une semaine plus tard, le voilà relégué au rang de spectateur inutile. Et impuissant. En s’assurant du soutien des LR et de la neutralité bienveillante, au moins temporaire, de Marine Le Pen, Macron a cantonné Mélenchon dans le rôle du mari trompé. Il a apporté ses voix aux candidats macronistes dans de nombreuses circonscriptions. Macron l’a remercié comme il avait remercié son Pygmalion François Hollande, revenu lui aussi parmi les troupes du NFP, en l’évacuant du paysage.

La descente est difficile. C’est comme si les électeurs de gauche avaient enfin compris, ce week-end, que la réalité s’imposait. Que la victoire n’en était pas une. Et que le paysage politique avait basculé non pas à gauche mais au profit du RN - ce que personne ne leur a dit jusqu’ici. C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignaient nus. Mélenchon était nu. Un RN aux portes du pouvoir, devenu pour la première fois indispensable à la stabilité d’un gouvernement, un Premier ministre qui proposa, voilà trois ans (lors des primaires LR de 2021), un moratoire sur l’immigration, nommé avec le feu vert du RN, pas de Premier ministre NFP et une démonstration de force devenue une preuve de faiblesse dans la rue : Mélenchon n'a pas eu les plumes du pouvoir, il lui reste le goudron.

On va pouvoir peut-être enfin oublier un peu LFI et penser à la France, ça nous fera du bien.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 23:10.
Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Je n’enterrerai pas aussi vite cet homme malfaisant et ses alliés
    Leur spécialité c’est la manif toutes les semaines ,tous les jours dans certaines périodes.
    Ils ont un pouvoir de mobilisation très fort.
    Des lycéens et universitaires ,de fonctionnaires ,de chômeurs,de cas sociaux ,de « jeunes »,de syndicats, d’associations et bien d’autres .
    Tout ce petit monde qui a le temps pour gueuler dans les rues et tout casser (grâce aux black blocs)

    Donc hélas ,tant que ce pouvoir faible ne les calmera pas (rétablissement des lois anti casseurs etc…)ils n’arrêteront pas .

  2. L’incapacité de macron et ses sbires à gouverner la France, fait selon moi qu’il n’avait plus vraiment le choix d’accepter Barnier. Le pays est à la veille d’être mis sous tutelle, en revanche imaginer la nomination d’un pro européen comme sauveur à la tête du gouvernement, fera que pour beaucoup le retour à la réalité sera compliqué.

    • Macron s’est servi de ses outils : tous ceux qui tournaient autour de lui comme des mouches…Une fois de plus, il rigole en se frottant les mains. Il a bien réussi son coup. Pour tous ces prétendants, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé. Bien fait…

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