[ÉDITO] Mention sur Parcoursup : la dérisoire arme fatale d’Attal contre les violences des jeunes

Quelle implacable sévérité ! Quelle terrible menace !
Gabriel Attal

Notre Président, on le sait, aime le théâtre. Le 16 janvier dernier, il a même déclaré souhaiter le voir devenir « passage obligé dès la rentrée prochaine parce que cela donne confiance ». Pas sûr que la « confiance » soit ce qui manque le plus aux « jeunes » qui créent des problèmes dans notre pays. Mais qu’il se réjouisse : son gouvernement ressemble de plus en plus à de célèbres planches du Quartier latin : La Huchette. Ce théâtre joue les deux mêmes pièces de Ionesco - La Cantatrice chauve et La Leçon - chaque soir depuis des années. Il y a un mois, on a même fêté la 20.000e représentation.

Ce matin, la cantatrice n’était pas chauve - c’était plutôt un baryton bien coiffé - mais la leçon était bien là, toujours la même, avec ses mantras éculés et ses répliques toutes faites. À Viry-Châtillon, dans un « discours sur l’autorité au cœur de la République », Gabriel Attal a affirmé que l’école était un « sanctuaire », que le « pas de vague » était terminé, qu’il appelait à un « sursaut d’autorité », qu’il fallait remettre « les savoirs fondamentaux au cœur de l’école ». Du « yakafokonisme » fourré aux vœux pieux, une recette éprouvée. On parle souvent du comique de répétition, mais ce n'est rien à côté du tragique de répétition.

Gabriel Attal, aussi, sans doute, affectionne le théâtre, puisqu’on a noté - « La violence n’attend pas le nombre des années » - un discret clin d’œil à Corneille. Il a également fait les yeux doux à d’autres anciens - quoiqu’un peu moins antiques, quand même -, les fameux électeurs du troisième âge d’Emmanuel Macron qui seront peut-être, au quatrième âge, les siens un jour : il a évoqué, dans un joli cliché sépia, l’uniforme, l’internat et l’élève qui doit se lever quand le professeur rentre. Sur la scène, il faut aussi des « choristes ». Ils sont toujours du meilleur effet.

Mais la palme de la proposition la plus baroque et déconnectée revient à la « mention apposée sur Parcoursup lorsque [les jeunes] ont gravement perturbé la vie de l’établissement pour que cela ait un impact » (sic).

Quelle implacable sévérité ! Quelle terrible menace ! Ces barbares de 14-15 ans, qui harcèlent, défigurent, tabassent leurs victimes jusqu’à les laisser pour mortes comme à Grande-Synthe, ces mineurs en décrochage scolaire qui occupent leur temps libre à dealer ou faire des rodéos sur des motos volées vont sûrement se tenir à carreau, tourneboulés par la perspective de ce bémol dans leur joli dossier : il pourrait ruiner leurs espoirs d’intégrer une prépa prestigieuse à Henri IV ou à Ginette !

Le Premier ministre ignorerait-il que leur carrière à eux, selon les mots du policier Jean-Christophe Couvy, se fait plutôt sur parcourstup ?

Beaucoup de bruit pour rien, dirait Shakespeare. Et à Viry-Châtillon, Le Dindon de Feydeau, c'est toujours le Français.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Pour la jeunesse d’aujourd’hui il y a trois Parcoursup. Le premier est le Parcoursup classique, celui qui nous donne un Carlos Tavares, par exemple. Le deuxième est le parcoursfut (foot en hongrois), avec l’idole française de ce milieu, Kylian Mpappé. Et enfin, le troisième, est le parcourstup et sa myriade de caïds de banlieus pour modèles.
    La première est celle qui devrait fabriquer nos élites de demain. La deuxième est malheureusement la seule alternative à la troisième pour faire rêver les jeunes des territoires perdus de la République.
    Dans un pays où le professeur n’est là que pour régler le volume sonore de la classe, où les élèves sont trop souvent debout et surtout jamais debout au seul moment où ils devraient l’être, c’est à dire lors de l’entrée du professeur, faire un parcours dans les études supérieure se transforme rapidement en un parcours du combattant.

  2. Avec une telle mesurette, les « sauvageons » doivent bien rire, eux qui ont abandonné depuis longtemps l’école ! Faut-il être un « bobo écervelé » pour oser tenir un tel discour ! « Avec attal le bon sens détale » !

  3. Bon le problème est enfin réglé, il était temps. Saint Attal a dit : « tuer c’est pas bien », « tabasser les vieilles dames pour leur piquer leur sac, c’est mal » et « violer, c’est très vilain », sans oublier le plus important, « le danger c’est l’extrême droite ». Avec ça on est tranquilles, c’est le retour à la « Douce France » de Charles Trenet. Vous y croyez ? Moi non plus.

  4. C’est ça l’arme fatale anti Bardella ? Ah ! non ! c’est un peu court jeune homme, aurait dit Cyrano.

  5. On a l’impression depuis longtemps qu’ils viennent de débarquer d’une soucoupe volante mais sans la sympathie d’IT

  6. 100 jours pour apporter la preuve qu’il n’est qu’un « pion » dans le jeu de Macron !
    C’est déjà au moins 50 jours de trop.
    Attal n’a été nommé que pour satisfaire l’ego de Macron.
    Macron le « président-touche-à-tout », « l’omniprésident », déteste qu’on lui fasse de l’ombre, en nommant Attal, il l’a une fois de plus prouvé.
    Tout « ça », ce gâchis, est catastrophique pour la France et les français.

  7. Si on mettait fin une fois pour toute à la discrimination positive dans ce domaine comme tous les autres.

  8. Ces gens sont soit des imbéciles soit des pervers. Peut-être les 2 à la fois. Les véritables dirigeants on donné les clés a des enfants immatures suis s’amusent.

  9. Je ne sais et ne veux pas le savoir ce qu’a dit notre premier ministre imposé. Comme tant d’autre précédant discours rajouté aux précédents par ce ministre de l’intérieur sans parler de celui qui pédale à côté du vélo qu’on nomme avec effroi garde des sceaux ces beaux discours prononcés avec tant d’anaphases ne servent strictement à rien en dehors d’être pour certains rassurant. Notre législation possède tout ce qu’il faut pour régler ces problèmes il suffit de les appliquer et pour d’autre supprimer certaines opportunités comme le droit du sol les peines maximum et l’age de responsabilité. Un adolescent actuel n’a plus rien à voir a ce qu’était à notre age après guerre.

  10. Un défilé de politiciens lâches, sans envergure et d’une nullité absolue. Pas un pour rattraper l’autre. Si on ne fait rien, la France est foutue.

  11. De nombreuses écoles sont des coupes gorges , élèves et professeurs courent des risques au quotidien et nous savons tous d’ou vient le problème . L’insécurité est le quotidien de tous les français ici sur notre sol , partout , plus un lieu ou l’on se sent en sécurité , même pas chez soi . Au gouvernement ce n’est pas du théâtre mais un grand cirque ou les mauvais clowns ne savent plus quoi inventer pour nous enfumer , et toujours croire que les vieux votent encore pour eux , mais non c’est fini , je le redis on est peut être vieux mais pas séniles . Ces jeunes qui attaquent dans les écoles et ailleurs , qui font des rodéos et commettent d’autres délits ne craignent pas les menaces de ces élus de pacotille , ils savent tous comment la justice de ce pays les traitent , jamais ils ne s’intègreront . La seule option est de les renvoyer chez eux avec toute la famille parce qu’ avec l’âge leur degré de violence ne fera qu’augmenter .

  12. N’en jetez plus, la FRANCE est devenue un tas d’immondices imposées selon la météo par les « bobos-écolos-vert-pastèques », les LFI ou depuis mai 2017 la macronie et son auto proclamé « premier de cordée » qui a l’infamie de la corde qui dit à son pendu : « Je suis ton seul soutien ! … »

    La France est vraiment mal « barrée » dans tous les sens du terme ! …

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