[EDITO] Ne l’appelez plus Le Maire mais Le Messie : il a sauvé (dit-il) l’économie !

BRUNO LE MAIRE

La France vient de se voir infliger la première dégradation, depuis 2013, de sa note souveraine par l’agence Standard & Poor’s. Celui qui occupe la fonction de ministre de l’Économie et des Finances depuis sept ans fait-il profil bas, se sent-il responsable, déshonoré, piteux ? Pas le moins du monde. C'est même tout le contraire. Il affirme avoir « sauvé l’économie française » : « Si, aujourd’hui, nous avons un niveau de dette élevé, c’est pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française », a-t-il assené, sur BFM TV, samedi 1er juin. Carrément ! Avec ses petits bras et surtout son gros chéquier. Qui ne lui appartient pas, puisqu'il s'agit, bien sûr, de l’argent des Français. On notera l’usage de la première personne du singulier. Pas de nous collectif, mais « je ». Décliné en anaphore : « J’ai sauvé les usines, j’ai sauvé les restaurateurs, j’ai sauvé les hôteliers, j’ai sauvé le monde et l’événementiel, j’ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique. » Bruno rime avec Super-Héros. Et Le Maire commence comme le Messie. C’est le problème d’avoir un ministre des Finances romancier : il invente des fables et brode une jolie chute. Si Emmanuel Macron a été surnommé le Mozart de la finance, Bruno Le Maire est le Musso de l’économie : un stakhanoviste de l’écriture - six livres en sept ans - et un talent particulier pour les bluettes cousues de fil blanc. Le succès de librairie en moins.

N’importe-quoi-qu’il-en-coûte 

Forcément, il fallait bien, un jour, passer à la caisse du n’importe-quoi-qu’il-en-coûte « Covid », dont il est interdit, encore aujourd’hui, de faire l’inventaire et de remettre en cause le bien-fondé. Bruno Le Maire a soutenu l’économie française comme la corde soutient le pendu, en lui donnant généreusement de la main droite ce que sa main gauche venait de prendre dans sa poche.

Mais Bruno Le Maire n’est pas le seul, ce week-end, à s’être bricolé un récit flatteur : dans un entretien accordé au JDD, ce dimanche 2 juin, Stéphane Séjourné s’est félicité que le conflit israélo-palestinien n’ait pas été importé dans notre pays. Il fallait oser. Sans même parler de la montée en flèche des actes antisémites, des grandes écoles bloquées ou des manifestations quotidiennes dans les rues de Paris, sans doute Stéphane Séjourné a-t-il malencontreusement oublié le meurtre, à Arras, de Dominique Bernard : première victime sur notre sol de cette guerre, quelques jours seulement après le 7 octobre, il a été sauvagement tué par un terroriste d’origine ingouche, Mohammed Mogouchkov, qui dans une vidéo a revendiqué l’attentat au nom de Daech et en référence au conflit israélo-palestinien.

Si l’on résume, à écouter ce gouvernement, l’économie française est sauvée et il n’y a sur notre sol aucun soutien au Hamas. Nous ne sommes plus en démocratie mais en dénicratie : le déni gouverne. Sans vergogne.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

74 commentaires

  1. Bruno Le Maire, notre futur Prix Nobel de littérature de gare (en concurrence avec Schiappa) est à l’image de son maître le gourou Macron : tout dans le baratin pour masquer le désastre de son incompétence et de son amateurisme. Le soi-disant « Mozart de la finance » est en réalité le « Gonzo de l’économie », le « Mozart de la faillite ». Le Maire n’a qu’une seule qualité : savoir ne jamais déplaire à son maître. Un mauvais président s’entoure toujours de gens encore plus mauvais que lui, pour ne pas lui faire de l’ombre (et encore moins de concurrence). Les Français qui ont voté naïvement pour Macron (deux fois !)* peuvent demander pardon en pleurant de honte devant le désastre dont ils sont responsables par stupidité.

  2. Dans son genre, ce que dit et fait Bruno Le Maire confine au génie, et cela dans la durée, depuis 2017. Nulle ironie de ma part : je le pense vraiment.

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