[EDITO] Parlement marocain : Emmanuel Macron désavoue Charles Martel

Capture d'écran ©BFMTV
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Leur nom commence de la même façon. Leurs prénoms respectifs ont aussi un point commun : ils sont tous les deux chrétiens. Près de 1300 ans les séparent, mais surtout, l’un semble vouloir être l’oméga d’un cycle dont l’autre était l’alpha. À Poitiers, Charles Martel a gagné et Emmanuel Macron, en creux, le déplore. C’est ce que l’on comprend de sa déclaration solennelle au Parlement marocain : « Les années d’Al Andalus ont fait de l’Espagne et du sud de la France un terreau d’échange avec votre culture ». Il en cite avec des trémolos dans la voix les vestiges historiques, les qualifie de « somptueux témoignages ». Las à cause de ce plouc de Charles Martel, le nord de la France n’a pas profité de « ce terreau d’échange » et de ces « somptueux témoignages »… en plus de la dhimmitude et des persécutions, dans lesquels on cherchera en vain échange et somptuosité.

Yassine Belattar

Poitiers est chargé d’une immense charge émotionnelle dans la guerre de conquête civilisationnelle qui se joue sur notre sol. Et ce n’est pas un hasard si les récents changements de plaques de rue, au profit de figures pro-palestiniennes comme Ahmed Yassine, Yasser Arafat, Georges Ibrahim Abdallah ou encore Rima Hassan - et pour lequel le préfet de la Vienne a saisi le procureur de la République au motif d'apologie du terrorisme -, ont eu lieu dans cette ville. L’espace temps ne compte pas. Comme pour la guerre d’Algérie, certains brûlent de jouer le match retour. Et de gagner cette fois. Ils ont raison d’être optimistes : le chef des troupes françaises agite déjà le drapeau blanc.

Peut-être est-ce Yassine Belattar qui lui a donné l’idée de cette envolée lyrique ? Celui-ci lui a bien soufflé, l’an passé, l’idée de se faire porter pâle à  la manif contre l’antisémitisme : « une « erreur irréparable qui aurait donné aux quartiers des raisons de s’enflammer ». En attendant, c’est la présence dudit Yassine Belattar qui fait s’enflammer depuis mardi les réseaux sociaux.

Non seulement le pédigrée douteux du voyageur clandestin - repris de justice fricotant avec les islamistes - a fait jaser mais en sus l’intéressé n’a pas joué la carte de la discrétion et du passe-muraille, histoire d’essayer de se faire oublier. Avec son jogging et ses baskets, il était aussi voyant   qu’un joueur de tennis avec raquette sous le bras à un enterrement. Pas moyen de le louper.

Résistance culturelle

Mais dans son esprit, qui sait, sa façon de se vêtir procède peut-être de la résistance culturelle ? En 2019, au rassemblement contre l’islamophobie (manif durant laquelle a été scandé Allah Akbar), il haranguait la foule sur le podium : « Nous ne sommes pas dans un projet d’assimilation. La France doit s’habituer ». S’habituer à quoi ? Aux accoutrements inadaptés et débraillés, par exemple ? Braver le savoir-vivre, ne pas porter de costume en cette occasion contrairement aux usages occidentaux ? Une journaliste présente en 2015 au dîner de gala du CCIF (dissous en 2020) avec Yassine Belattar en maître de cérémonie rapporte que la  cravate, « trop occidentale », n'y était pas bien vue. Notons que personne ne lui a rien dit. Lors d'une visite à la reine d'Angleterre, aurait-on laissé un membre de la délégation ainsi attifé débarquer sans lui donner quelques consignes ? Soit personne ne s'occupe plus du protocole dans ce pays, soit ceux qui s’en occupent n’ont pas osé. Sentant que l’enjeu dépassait la garde-robe, et pouvait s’apparenter à du colonialisme bienveillant.

Parce qu’attention au fléchage, suivez bien pour ne pas vous égarer, c'est subtil : la colonisation n’est aimable que dans un sens, du sud vers le nord.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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