[ÉDITO] Pendant qu’on roue de coups un rabbin, on hurle contre Israël

Finalement, combien étaient-ils donc, samedi 23 mars, à cette manifestation contre le racisme et l’antisémitisme, transformée, après que La France insoumise a préempté le sujet, en manifestation contre le racisme et le fascisme ? Parce que, avant de répondre à la question, il faut bien préciser à nos lecteurs, qui l’ignoraient peut-être, que le fascisme est quasiment au pouvoir, en France. Si si. Il faut lire ou relire le compte rendu que BV a fait, samedi soir, de la manif de Paris à partir du reportage de notre courageux journaliste Jean Bexon. C’est bien simple, les fascistes, ils sont partout, en France ! Même à l’Élysée et à Matignon. C’est dire ! On pourrait en sourire et même en rire, se dire qu’il vaut mieux entendre ça que d’être sourd, que cette obsession n’est peut-être pas plus grave que celle de voir des nains partout, comme dans ce film de 1982, que ça doit bien pouvoir se soigner et être remboursé par la Sécu, etc. Sauf qu’on n’a plus vraiment envie de rire.

On n’a plus vraiment envie de rire, et plutôt envie de pleurer, car la France est ce pays où, désormais, un rabbin se fait rouer de coups et mordre devant son domicile par une racaille à casquette. Cela s’est passé samedi, en plein cœur d’Orléans. Le jour même de la manifestation. Le hasard fait vraiment mal les choses.

Plutôt envie de pleurer, car la France est donc ce pays où l’on peut défiler, paisible, dans la rue en scandant « À bas l’État, les flics et les fachos ». Au fait, si ce slogan devenait réalité ? De quoi vivraient nombre de ces manifestants si l’État-nounou venait à s’effondrer ? On pose ça là. Ce slogan a été scandé dans les rues d’Angoulême, charmante ville de province. Inquiétant. « À bas l’État, les flics et les fachos » : pour l’information de nos lecteurs, c’est le titre d’un ouvrage publié en novembre 2024 pour raconter les faits d’armes du Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), dissous en 2023. Pour l’anecdote (mais pas tant que ça), à l’annonce de cette dissolution, Raphaël Arnault, aujourd’hui député LFI de Vaucluse qui, du reste, était évidemment présent, samedi, à la manif de Paris, avait ainsi réagi : « Ça y est, le gouvernement annonce officiellement la dissolution du GALE pour des motifs scandaleux. À l’heure où l’extrême droite est aux portes du pouvoir, à l’heure où leurs militants s’arment et tuent dans nos rues, ce sont les antifascistes que l’on criminalise. » Passons.

Envie de pleurer, lorsqu’on entend les harangues d’une Mathilde Panot hurlant « Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort », comme à la pire période de la Révolution française, celle de la loi des suspects qui embarquait à la guillotine, après une parodie de procès, de pauvres malheureux. À l'époque, on était suspect de royalisme, d'être un agent de l'étranger pour un rien. Aujourd'hui, on est suspect de fascisme de la même manière.

Envie de pleurer, en voyant tous ces tags que commerçants et agents d'entretien viendront nettoyer à l'heure où les manifestants dormiront du repos bien mérité du combattant antifasciste : « MORT AUX KEUFS », « PARIS BRÛLE », etc. Envie de pleurer, en constatant le niveau de caniveau de certains slogans entendus : « Le Pen, c’est dégueulasse », « Bolloré, c’est dégueulasse », « Hanouna, c’est dégueulasse »… On vous passe l’entièreté de la litanie. On imagine qu'il a fallu au moins trois premières années de sociologie pour pondre ça.

La manif du 22 mars

Mélange entre des islamopitheques, des trans, des homo, des antisemites, des antisionistes.......

La France du poudré pic.twitter.com/ySVkOwufQl

— GENGIS KHAN (@GENGIS9999) March 23, 2025

Envie de pleurer, encore, en voyant la récupération éhontée qui est faite de la cause palestinienne. Elle mériterait sans doute mieux que ça. En voyant qu’Israël est assimilé à un État fasciste alors que ce pays est sans doute la seule démocratie de la région. Preuve en est : des dizaines de milliers d'Israéliens manifestaient, samedi, contre la politique de Benyamin Netanyahou.

Et, finalement, envie de sourire, quand même. Car, au fait, nous n’avons pas répondu à la fameuse question traditionnelle : combien étaient-ils donc ? On parle de 90.000 à 100.000 pour toute la France. À titre de comparaison, en 2002, la grande manifestation pour écarter le danger fasciste qui existait plus dans les têtes que dans les urnes (Le Pen au second tour de la présidentielle), plus d’un million de personnes était descendues dans la rue. Certes, avec force propagande. 90.000 à 100.000 manifestants, ce samedi : il paraît que c’est un succès, claironne et trompette LFI, pointe d’avant-garde de l’antifascisme en France ! Oui, à bien réfléchir, on a même franchement envie de rire.

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