[EDITO] Quand Macron souhaitait « un temps de clarification indispensable »…

Emmanuel_Macron_(1)

« Les défis exigent la clarté dans nos débats », lançait Emmanuel Macron, le 9 juin 2024, à peine connus les résultats des élections européennes. Il annonçait sur plusieurs chaînes de télévision la dissolution de l’Assemblée nationale. Dans ce message court, le chef de l'État, qui s'exprimera ce mardi soir à nouveau à la télévision, souhaitait un « temps de clarification indispensable ». Et ajoutait : « La France a besoin d'une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde. ». Bien vu, l'aveugle ! Les deux tours des élections législatives et l’attribution des postes à l’Assemblée nationale, acquis de manière inédite, sont maintenant derrière nous.

Le résultat est en effet très clair : les Français ne veulent plus de l’Assemblée qui soutenait Macron. Le pouvoir mondialiste est passé d’une large majorité absolue, en 2017, à une majorité relative, en 2022, remplacée par une faible minorité : sans ses alliés, la Macronie pèse désormais moins de cent députés. C’est la seule clarification obtenue par celui qui fut abondamment décrit comme un génie précoce de la politique. La France est à nouveau d’accord... pour se débarrasser d’Emmanuel Macron.

La joue rouge des macronistes

Pour en arriver là, le Président a jeté dans le paysage politique un trouble indescriptible, couronné par un intense désarroi des électeurs, qui ne s’en cachent guère sur les réseaux sociaux. L'incroyable course des dupes déclenchée par l'Élysée aura semé l’amertume partout, d’un bout à l’autre du spectre électoral. Les macronistes ont la joue rouge des trois volées subies lors des trois scrutins des européennes et des législatives. Le NFP de Mélenchon, qui revendiquait sa victoire en tonitruant, le soir du deuxième tour des législatives, exigeant de Macron qu’il apporte, en chemise et la corde au cou, les clés de l’Élysée, n’est toujours pas parvenu à sortir un candidat pour Matignon ! Rien qui laisse imaginer que ledit NFP soit autre chose qu'un assemblage électoral sans queue ni tête, dans lequel l’aveugle guide le paralytique. Le nouveau patron de LR, Laurent Wauquiez, qui s’était dressé, le soir du deuxième tour, dans un flamboyant « ni-ni » de carnaval, ses équipes réunies derrière lui, a déjà opéré un tête-à-queue spectaculaire en proposant aux macronistes un pacte législatif : comment l’électeur LR retrouvera-t-il ses petits ? Les électeurs RN ne font pas exception. La décision prise par Marine Le Pen de favoriser l’élection à la vice-présidence de l’Assemblée de deux LFI a suscité l’incompréhension, voire la colère, de nombreux électeurs. Et la vive incompréhension de plusieurs élus, « furieux », qui ont le sentiment d’avoir été trahis.

Les espoirs du RN

Au RN, on ne décolère pas. Un parti est particulièrement mis en cause, notamment depuis que Laurent Wauquiez est passé du « ni Macron, ni RN », au soir du deuxième tour, à la proposition d'un accord, le Pacte législatif : « Ce sont les postes de la honte : les LR se sont prostitués, attaque la députée de Gironde et vice-présidente du RN Edwige Diaz, interrogée par BV. Ils se vendent à la Macronie. Leur pacte législatif est une tache. »

L'enjeu, désormais, est reporté d'un an, le Président ne pouvant dissoudre avant ce délai. Dans un an, qui profitera politiquement de la situation ? La Macronie apparaît durablement affaiblie. Logiquement, l’opposition devrait fédérer les espoirs de renouvellement des électeurs. Mais cette Assemblée tripartite compte deux oppositions. Celle du NFP, appuyée par de nombreuses fonctions à l’Assemblée - dont deux vice-présidences -, et celle du RN. Pour Edwige Diaz, la gauche apparaîtra vite pour ce qu’elle est : une force de désordre d’autant plus débridée qu’elle agira désormais en toute impunité à l’Assemblée. À l’exemple du LFI Thomas Portes, objet d’’une nouvelle polémique. « On va relayer l’indignation nationale, on apparaîtra comme le parti de l’ordre, insiste Edwige Diaz, qui cite la complaisance des macronistes avec les fauteurs de troubles de La Rochelle. Les électeurs auront le choix entre plus de chaos ou plus d’ordre. Mais c’est un an de perdu pour la France. »

C’est bien le cœur du drame. Le pays, si fragile économiquement et socialement après des années de politique mondialiste délétère, va droit vers un blocage généralisé, jusqu’aux prochaines législatives. Ces échéances, le RN compte les préparer activement dès la rentrée de septembre en jouant sur un atout majeur : il sera délicat de lui reprocher ses responsabilités dans l’effondrement qui s’annonce. De quoi espérer, pour la France, que « le temps de clarification indispensable » et « la majorité claire » souhaités par Macron arrivent enfin ?

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Chirac disait : « La maison est en feu et nous regardons ailleurs ». C’est exactement ce que fait Macron : il a mis le feu à la France et il regarde les J.O. Un gamin de 5 ans ferait cela, on lui donnerait la fessée !

  2. Macron, un génie précoce de la politique… c’est l’avis des aveugles. La France est en train de devenir un pays coupe-gorge et est déjà un foutoir.

  3. Oui M. Macron! Le résultat est clair ! La destruction de notre Nation est «  En marche »! Grâce à vous, et vous espérez que ce soit pour vous!
    Vous ne dénoncez pas les manipulations honteuses et antidémocratiques suite à votre dissolution cyniquement calculée…
    Mais ne vous leurrez pas. Vous le regretterez sans beaucoup tarder.
    La Nation Europe et l’Europe Fédérale n’existeront jamais par la force de la trahison des nations.

  4. Considérons le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Cette probable dernière pirouette des LR et de Macron a, au moins, eu l’avantage, s’il en fallait, de montrer aux plus cupides, les vrais visages des architectes de cette apocalypse sociale prévisible. La pagaille annoncée et anti- républicanisme a l’assemblée du nfp finira de convaincre les électeurs les plus retissant au vote patriote. Tant d’années de frustrations, de mépris, d’insultes à notre égard ce sont écouler depuis 1972 qu’une, ou deux, ou même trois années de patience sont une délivrance.

  5. Le viol du principe de non contradiction -un principe qui permet de ne pas devenir fou- ne peut fonctionner que par l’illusion, c’est à dire dans cette disposition d’esprit ou de détournement du regard que le prestidigitateur provoque chez les spectateurs pendant la réalisation de son tour. Sauf que la réalité finit toujours par s’imposer. Plus le processus est long plus c’est cruel.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois