[EDITO] Quand on veut, on peut : le « fiancé de Béziers » est en Algérie

Robert Ménard

Celui que les médias avaient surnommé le « fiancé de Béziers » a été expulsé. Fissa. L’affaire a été rondement menée et pourrait se résumer en cinq mots : quand on veut, on peut. Le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh l’a signifié, ce 20 juillet, dans un communiqué court et clair : « Le ressortissant algérien Mustapha B., en situation irrégulière sur le territoire français, dont le mariage n’a pas été célébré à Béziers, vient d’être expulsé ce jour par avion en direction de l’Algérie. »

Le 7 juillet dernier, cet Algérien « défavorablement connu des services de police et sous le coup d’une OQTF depuis août 2022 » s’était présenté benoîtement et sans complexe, bras dessus bras dessous, avec sa supposée dulcinée, de six ans son aînée, déjà dotée de trois enfants, à la mairie de… Béziers. Peut-être une association spécialisée dans les droits des migrants lui avait-elle conseillé cette parade finaude, jurant que celle-ci l’aiderait à rester sur le sol français ? Sans doute connaissait-elle mal Robert Ménard qui a, illico, « senti le mariage blanc à plein nez ». Portant son bon sens en bandoulière comme son écharpe tricolore, il ne voit pas pourquoi cet individu qui ne devrait pas être là pourrait lui dicter quoi que ce soit. De fait, « nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes » : un principe gravé dans le marbre qui s’apprend en première année de droit. Le « fiancé » ne serait pas forcé d’exécuter son obligation, mais le maire, lui, serait sommé d’exécuter la sienne ? Si mariage il y a dans cette affaire, c’est celui de Kafka et de Ionesco. On a agité devant Robert Ménard la menace d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende - rien que ça -, rajouté que ledit fiancé pourrait même obtenir des dommages et intérêts, que l’OQTF et les noces sont deux choses différentes, que le mariage est un droit fondamental garanti par l’article 12 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et du citoyen. Des maires ont reconnu n’avoir pas eu d’autre choix que céder. Dans l’intervalle, le fiancé s’est épanché devant les caméras, jugeant « dégueulasse » le traitement dont il a fait l’objet alors qu’il est « amoureux ». Il s'est dit prêt à aller se marier jusqu’« en Algérie ». Banco !

Les avis sur Robert Ménard peuvent être contrastés mais demeurent concordants sur un point : il est remarquable d’opiniâtreté. Souvenez-vous : le 7 avril 2008, pour protester contre la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, celui qui était encore patron de Reporters sans frontières était monté sur Notre-Dame de Paris pour faire descendre une banderole noire et un drapeau tibétain au passage de la flamme. Eu égard à son caractère, il est à peu près certain que, dans cette affaire, Robert Ménard serait allé au bout du bout… y compris en prison. Il n’a pas dû arriver à cette extrémité : pour reprendre ses mots, « le bon sens l’a emporté » et, même, « la morale l’a emporté ». Il salue le préfet Hugues Moutouh, qui a « décidé d’aller jusqu’au bout » et qui a « travaillé main dans la main avec lui ». Avec « volonté » et « courage ». Hugues Moutouh, rappelons-le, est le fameux préfet « deux claques et au lit », ceci expliquant peut-être cela.

Bien sûr, d’aucuns diront que ce cas très médiatisé n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des OQTF non exécutées. Mais il montre a minima que « quand on veut, on peut ». Et en attendant, les individus frappés d’OQTF ne retourneront pas de sitôt narguer leur maire. Car s’il ne s’était pas mis en tête de se marier à Béziers, Mustapha B. serait sans doute toujours à baguenauder en France. Pas marié mais bien marri.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

71 commentaires

  1. Ménard ..la Becasse du paysage politique français , un coup dans le zig , un coup dans le zag. On a du lui confirmer qu’il ne serait pas dans le futur gouvernement macron malgré ses preuves de bonne volonté des derniers mois , du coup il nous refait une histoire biterroise, un coup dans le zig , un dans le zag

  2. Je n’y crois pas. Un petit maire a réussi là où l’Etat (ce qu’il en reste) ne réussit pas. C’est dingue. Et le préfet là dedans va-t-il être muté aux Kerguelen pour désobéissance à l’état? MENARD Président ! Le Préfet ministre de l’Intérieur ! Voilà un remaniement qui aurait de la gueule. Ne rêvons pas nous allons tout de même garder le garçonnet

  3. J’ai entendu M. Ménard parler de cette affaire sur CNews. Attention, elle n’est pas finie et il risque de recevoir des poursuites judiciaires pour avoir simplement aidé appliquer la loi.
    Comme il l’a précisé s’il y a une plainte (provenant je suppose d’associations soi-disant anti racisme) et s’il tombe sur des juges rouges, il pourrait être même lourdement condamné.

  4. En plus du courage de B.MENARD ,il est mis en évidence les failles énormes dans les lois applicables dans notre pays .
    Un bon « nettoyage » et simplification s’imposeraient même si nos chers avocats auraient un peu moins de d’arguments pour défendre la « racaille »

  5. Bravo à monsieur Ménard . C’est lui qu’il faut mettre au ministère de l’intérieur . Un maire arrive a réexpédier un OQTF dans son pays ; Mais l’état n’arrive pas ! Allez comprendre .

  6. S’il n’a pas déjà été démis de ses fonctions, le préfet Hugues Moutouh doit maintenant être en sursis. Contraindre un clandestin africain à respecter la loi française et l’obliger à rentrer dans son pays risque d’être très mal pris en « haut lieu » où l’on passe son temps à nous raconter que c’est très compliqué à exécuter.

  7. Bob a senti le vent tourner…Les Français hurlent « stop à l’immigration et aux crimes qu’elle génére », et il réagit positivement !

  8. Dans ce cas, si on a « voulu pouvoir », c’est juste pour un motif de com. Pour une fois, tous ces cabinets qui nous coûtent un pognon de dingue servent au peuple français ! Bon c’est quand même cher payé pour une seule expulsion. On attend l’annonce de l’exécution de toutes les OQTF et, évidemment, que la fiancée énamourée suive son Roméo.

    • ne chipotons pas ! je ne sais pas  » ce que l’on a voulu », de mon point de vue, seul le résultat compte ! et toujours de mon point de vue, vivement que l’on embraye le pas sur cette sage décision pour tout les autres OQTF qui n’ont rien à faire en France !

  9. Mais quant on veux, pas forcément ont le peux. Ça dépens de qui. Voilà un maire qui n’a pas froid aux yeux et qui aurait mérité d’être ministre de l’intérieur, lui quant il le veux il le peux. Quant on veux, pas forcément ont le peux mais aussi il a été bien entouré c’est pas le cas de tout le monde par exemple à Mayotte.

  10. Conclusion : quand on veut on peut. Petit bémol, le gouvernement ne veut pas et fait semblant en votant des lois qu’il ne veut pas qu’on applique pour ménager la chèvre et le choux. Résultats, la chèvre crève de faim, le choux finit par pourrir. C’est ça la France de Macron.

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