[Edito] Retailleau parle des « belles heures » de la colonisation : il a raison

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Sur le réseau X (anciennement Twitter), le député LFI Aurélien Taché vient d'étriller le sénateur LR Bruno Retailleau. Le crime de celui-ci ? Avoir, sur Sud Radio, le 12 septembre, évoqué « les belles heures » de la colonisation : « La colonisation, c’est bien entendu des heures qui ont été noires, mais c’est aussi des heures qui ont été belles, avec des mains tendues. » Bruno Retailleau a fustigé la « repentance perpétuelle » qui « affaiblit » le pays.

Aurélien Taché est véhément : « Honte à vous, Bruno Retailleau ! C’est l’héritage colonial, son lot de crimes et notre prédation économique qui est en train de vider l’Afrique de ses ressources et provoque la colère populaire. Ces déclaration font le nid de l’anti-France et de l’impérialisme russe. » Mais bien sûr : seriner toute la sainte journée à l’Afrique, comme le fait l’extrême gauche, que la France a été - est toujours - prédatrice, voleuse et criminelle rend notre pays éminemment sympathique à cette population. Tout de suite, elle a envie de l’aimer. Cela tombe sous le sens.

Ces propos d’Aurélien Taché sont à la fois terriblement tristes et dangereux.

Tristes…

Tristes parce qu’ils jettent l’opprobre, de façon éminemment malhonnête, sur tous ceux de nos ancêtres qui ont été les acteurs de cette colonisation, avec la bénédiction et les encouragements de l’État, non sans embûches, et parfois au péril de leur vie.

Les lecteurs de BV me pardonneront je l’espère, de citer, comme je l’ai souvent fait, l’exemple du service de santé des armées.

On prête au professeur Maurice Payet, premier doyen la Faculté de médecine et de pharmacie de Dakar, ces propos : « Y a-t-il au monde plus petite équipe d'hommes ayant rendu plus de services à l'humanité souffrante ? Y a-t-il au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment ? » Au large de Dakar, sur l’île de Gorée, on peut encore voir un monument rendant hommage aux médecins et pharmaciens français - ces navalais, comme on les appelait - morts de fièvre ou d’épidémie… ils sont nombreux. Sur 5.000 officiers médecins, 400 y ont laissé la vie, sans compter leur famille. Gageons qu’Aurélien Taché est déjà venu se recueillir dans le musée aux esclaves de Gorée. Comment, de passage sur l'île, ce cénotaphe lui a-t-il échappé ? Pour 80 à 90 % d’entre eux, ils soignaient des populations civiles, venant à bout de fléaux réputés invincibles : lèpre, tuberculose, peste, choléra, maladie du sommeil, paludisme (l’hématozoaire fut découvert par le médecin militaire Alphonse Laveran), fièvre jaune, variole (éradiquée), etc. Avec, pour l’Afrique, les bénéfices démographiques prodigieux que l’on sait. Mais ils ne sont pas les seuls. En plus des hôpitaux, dispensaires maternités, combien d’écoles, de routes, de ponts, de voies de chemin de fer, etc. ?

Aurélien Taché semble ignorer qu’avant même la guerre d’Algérie, certains plaidaient, en métropole, pour que la France démantèle son empire colonial… parce qu’il coûtait trop cher. On avait même appelé cela le cartiérisme, du nom d’un journaliste de Paris Match, Raymond Cartier, devenu célèbre pour la formule « La Corrèze avant le Zambèze »… dont il n’était pas l’auteur, la paternité en revenant au député (SFIO !) de Corrèze Jean Montalat.

Bien sûr, le tableau n’était pas tout rose. Et c’est peut-être avec brutalité que la France - sur une impulsion messianique de la gauche, Charles X, lui, en Méditerranée, voulait se contenter de chasser les pirates - a imposé son modèle, persuadée de sa supériorité et de son universalité… comme elle veut imposer aujourd’hui ses standards LGBT, valeurs, pour elle, universellement partagées, à une Afrique réfractaire. Les frontières que la France a fixées, mais dessinées au mépris des ethnies, contribuent peut-être aujourd’hui à plonger des peuples, artificiellement réunis ou séparés, dans le chaos. Ou, en tout cas, elles ne parviennent plus à l’empêcher. Est-il permis de faire remarquer que durant la période coloniale, et pour ceux qui y vivent et y voient mourir dans d'atroces conditions leurs enfants, ce n’est pas une broutille, l’Afrique… vivait en paix ? Bruno Retailleau a raison : « des heures qui ont été noires », peut-être, mais aussi « des heures qui ont été belles ».

Dangereux.

Dangereux, parce que ce réquisitoire permanent est, à l’extérieur comme à l’intérieur de nos frontières, le carburant de rancœur et l’outil de cohésion négative qui fédèrent, on l’a vu lors des récentes émeutes. C’est le match retour revanchard de la colonisation qui se joue, et plus, cette fois, à l'extérieur. Quel autre motif commun pourrait réunir les émeutiers du début de l’été , « pour majorité originaires de l’immigration (2e ou 3e génération), principalement du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne », attendu que bien souvent, ces deux jeunesses ne peuvent pas se souffrir et se regardent comme chiens de faïence, quand elles ne se battent pas ?

Quand l'extrême-gauche arrêtera-t-elle de jouer avec les allumettes ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

63 commentaires

  1. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir il y a beaucoup de nuances de gris et pourquoi toujours ne voir que ce qui arrange et apporte de l’eau moulin de. ses convictions . ?
    Le philosophe Alain qui n’était pas de droite disait que «  toute vêrité devient fausse dēs l’instant que l’on s’en contente »
    Un plaidoyer pour ceux qui ne sont pas «  bornés « ?

  2. Et ajoutons que de Gaulle a fait sien le slogan « la Corrèze avant le Zambèze » , validant ainsi l’affaiblissement et le déclin de la France initiés par la défaite de 40 qu’il avait refusée…Les Français eux sont restés cohérents,suivant Pétain en 40 et de Gaulle en 60…L’Histoire a de ces contradictions…

  3. La colonisation est un sujet épineux et paradoxal. Moralement, on a tendance à rejetter l’ingérence et la domination d’un pays sur un autre, mais de façon pragmatique, on constate les bienfaits apportés aux peuples. Les haïtiens vivent l’enfer aujourd’hui, alors qu’ils pourraient vivre bien comme en Martinique ou en Guadeloupe. Alors ?

  4. Au lieu de s’intéresser au passé colonial , pour nous autoflageller bien entendu , on ferait mieux de regarder sa conséquence sur le présent , la colonisation des pays occidentaux par leurs anciens colonisés , qui sont majoritairement musulmans et conquérants.
    Regardez le Royaume Uni , Napoléon n’a pas réussi à l’ envahir , Hitler n’a pas réssi à l’envahir , grâce à l’immigration l’islam est en train de réussir .

  5. Merci aux Français qui ont participé grâce à leurs impôts au développement de pays africains (hôpitaux, école, routes, voies de chemins de fer etc…)

  6. Jaurès n’aurait pas du . On pouvait les laisser continuer à se manger entre eux ou tenir une foire aux esclaves au bord de la mer en y attendant les acheteurs Arabes ou Européens . Ils seraient infiniment moins envahissants aujourd’hui .

  7. La seule « colonisation » que je trouve légitime, c’est celle de ce qui est maintenant l’Algérie. En effet nous y sommes allés en état de légitime défense, contre de pillards de la méditerranée, esclavagistes sans foi ni loi, eux mêmes étant des colonisateurs ottomans. Les seuls légitimes à pouvoir demander des comptes à la France et à leurs colons ottomans c’est le peuple Berbère, actuellement représenté par les Kabyles et les Touaregs. Quand à la colonisation des pays d’Afrique noire, rien ne pouvait et ne peut la justifier, ils nous fichaient une paix royale et s’il y a eu des grandes âmes qui ont apporté quelques bienfait, ce sont surtout les médecins, les autres y étaient pour des questions économiques, qui d’ailleurs n’ont pas toujours été payantes. Nous avons aussi avec d’autres pays Européens pratique la traite des esclaves noirs vers les Amériques, aidé pour cela par leurs propres frères noirs et surtout par les arabo-musulmans, qui continuent à pratiquer l’esclavage des noirs en nous reprochant de l’avoir fait il y a des siècles. Je trouve, qu’il ne faut pas faire de repentance devant les gouvernants Algériens actuels, qui ont ruiné leur pays, que les européens leur avaient laissé dans un état, qui aurait pu en faire le pays d’Afrique le plus riche et développé.

  8. Merci à Bruno Retailleau !
    Oui, il y a eu du « noir », mélangé avec du « blanc ».
    La colonisation a éradiqué l’esclavage, le corps médical, le corps enseignant, les administrateurs, les missionnaires ont fait de grandes œuvres. Les guerres tribales et leurs horreurs ont été empêchées.
    2 vieux livres à (re ?)-lire :
    Hans Staden « nus, féroces et anthropophages » (1557) et Edouard Corbière, « Le négrier ».
    Sans oublier les ouvrages de Bernard Lugan.

  9. En ce qui concerne la France – pour les autres pays je ne sais pas – il y a eu plus du colonage que de la colonisation. Les colons français sont partis dans ces pays non pas pour les coloniser, mais pour exploiter leurs potentiels économiques et y construire des structures assurant leur évolution et leur progrès.

  10. Aurélien Taché est le pendant mâle de Sandrine Rousseau. Alors, pourquoi s’intéresser aux élucubrations et à l’inculture crasse d’un mec comme ça ?

  11. Pradié est un âne qui ne connait rien de l’Afrique, peut on lui rappeler qu’à l’époque de la colonisation, les enfants allaient tous à l’école, et que les peuples mangeaient à leur faim, par ailleurs ils vivaient en paix, plus de guerre tribales, qu’en est il aujourd’hui?

  12. Le pauvre Taché méconnais l’histoire de France et en particulier que la colonisation au cours de la III* République fut le fait des Républicains (de gauche) contre l’avis des impérialistes et royalistes…

  13. Faut arrêter de nous bercer avec Retailleau: lui et son LR ne votera jamais une motion de censure; pas de vagues. et surtout, la politique qui place au plus haut de « ne pas faire comme le Pen ». C’est l’obsession; qui paralyse tous ces couards.

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