[EDITO] Sécu : 14,5 millions de remboursés fantômes ! On fait quelque chose ?

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Connaissez-vous le montant du déficit de la Sécurité sociale ? 18 milliards d'euros en 2024. Et, pour 2025, Catherine Vautrin, ministre de la Santé, annonce qu’il devrait dépasser « légèrement » les 22 milliards. Mais, avertissait-elle, mardi, lors d’une audition au Sénat, « si nous ne votions pas ce PLFSS, nous serions à 30 milliards [de déficit] ». Pourquoi ça ? Là, n’est pas le sujet. 22 milliards, donc ? Ça représente quoi ? Avec deux milliards de plus, vous vous payez le budget du ministère de l’Intérieur… Et c’est dans ce contexte de discussion et de vote à coups de 49.3 du budget de financement de la Sécurité sociale, que l’ancien magistrat Charles Prats, aujourd’hui délégué national de l’UDR, bien connu des lecteurs de BV, balance l’une de ses petites bombes dont il a le secret, ou plutôt, dont notre État garde le secret : la Sécu aurait remboursé des soins à 14,5 millions de personnes non identifiées. Le char de l’État serait donc un vaisseau de fantômes ?

Vous avez dit « fraude sociale » ?

Comment se fait-ce ? Sachant que pour 2022, la Sécu a remboursé des soins à 68,7 millions de personnes, qu’il y a seulement 67,8 millions d’habitants et que 20 % d'entre eux  ne sont pas allés consulter de médecin, on arrive bien à ce chiffre faramineux de 14,5 millions. Qu’en dit Catherine Vautrin qui, lundi, défendait à la tribune de l’Assemblée le PLFSS en le qualifiant de « texte de protection et de responsabilité » ? De responsabilité ? Tiens, justement, on en parle ?

On dit aux Français, qu’on prend pour des grands enfants, « soyez responsables ! N’abusez pas de médicaments, n’allez pas chez le médecin pour un oui ou pour un non, acceptez qu’on rembourse un peu moins pour sauver le système », etc. Très bien. Mais si on parlait un peu et « en responsabilité » de la fraude sociale. Car derrière les chiffres révélés par Charles Prats, c’est bien de fraude sociale dont il est question. La fraude sociale ? Si on écoute la gauche, ça n’existe pas, ou à la marge. Non, son truc à elle, la gauche, c’est la fraude fiscale (voir les propos de Sophie Binet). On pourrait pas s’intéresser aux deux, non ? Mais peut-être que ça demande un petit truc en plus qui s’appelle le courage.

S'attaquer à la fraude sociale, c'est mal !

Du courage et une capacité à s’extirper de l’idéologie. Car s’attaquer à la fraude sociale c’est mal, c’est forcément s’en prendre aux pauvres, aux étrangers (évidemment), c'est stigmatisant, bref, c’est populiste pour ne pas dire plus. Alors, les bonnes âmes, Libé en tête, y vont de leurs réactions. Ainsi, les chiffres de Prats seraient « caricaturaux » ( !). Les chiffres ne sont ni un dessin ni un propos : soit ils sont faux, soit ils sont vrais, soit ils sont gonflés, soit ils sont sous-évalués. Mais pas caricaturaux. On nous explique qu’il faut « contextualiser » (un classique !) ce chiffre, que même « la Cour des comptes s’est appuyée sur des sources peu pertinentes » (si on ne peut même plus faire confiance à la Cour des comptes présidée par le socialiste Moscovici, où va-t-on !), que « le débat a été mal posé », que « rien ne justifie de se focaliser sur ce nombre » (bah, si, justement...), qu’il y a plusieurs fichiers, et que certains ont des doublons. A l’heure de l'IA et des tableaux Excel, on ne sait pas dédoublonner, c'est dingue. Que « c’est une erreur de penser que le surnombre d’assurés sociaux traduit forcément de la fraude. » Pas « forcément », donc. Donc, on range sagement les chiffres sous le tapis, et on continue comme avant, mais en pire.

Des solution, il y en a

Pourtant, Charles Prats n’apporte pas que des chiffres, il a aussi des solutions. L’une d’entre elles, assez simple, a été proposée plusieurs fois. Quelle est-elle ? Nathalie Goulet, sénateur centriste de l'Orne, et Charles Prats ont proposé à plusieurs reprises, de croiser les fichiers des titres de séjour et des assurés sociaux pour vérifier la bonne validité des titres de séjour de tous ceux qui sont pris en charge par notre protection sociale, une vérification rendue possible par le Code de la sécurité sociale. Cela permettrait de faire sortir tout de suite un demi-million d’étrangers sans titre de séjour du système. Nathalie Goulet a interpellé plusieurs fois le gouvernement Attal. En vain. Quant à Charles Prats, il a rencontré, début octobre, Michel Barnier qui avait l’air très demandeur. Évidemment, il ne s’est rien passé. Et on a comme un léger doute qu’il puisse se passer quelque chose avec François Bayrou. Le pire, c’est qu’avec une immigration qui augmente, mécaniquement ces fraudes augmentent aussi. Or, les chiffres de l’immigration battent tous les records. Hausse des premiers titres de séjour : 1,8 % en plus entre 2023 et 2024, sachant qu’en 2023, ils avaient augmenté de 4 % par rapport à 2022. Bayrou est un plombier qui constate la submersion, mais ne trouve pas le robinet pour le fermer. Et son tâcheron Vautrin à la Santé, otage des socialistes, fait au mieux avec des rustines.

On ne pourra pas continuer longtemps à demander des efforts aux Français, si l’on continue à bricoler ainsi. Il est normal qu’ils n’acceptent plus aucun sacrifice tant que ce sentiment d’être pris pour des abrutis perdure. Un sentiment qui, comme tous les sentiments aujourd’hui en France, ressemble bien à une réalité.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

2 commentaires

  1. La carte vitale biométrique tout comme la carte de séjour biométrique a puce est la seule solution pérenne.
    Validation d’une transaction avec la comparaison des empreintes digitales réelles et celles enregistrées dans la carte vitale ou de séjour.
    Cela évite l’usurpation d’identité.
    Et les actes multiples fait parfois par le personnel médical qui facture plusieurs fois des prestations

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