[EDITO] Ukraine : pour Scholz, il est temps de sortir de la guerre

© European Union via Wikimedia commons
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Si la guerre continue de faire rage en Ukraine (l’armée russe a revendiqué, ce dimanche 8 septembre, la prise de Novohrodivka, une ville de 15.000 habitants dans la région de Donetsk), il semblerait que les choses commencent à bouger diplomatiquement, si l’on en croit les propos du chancelier allemand Olaf Scholz, lors d’une interview donnée à la télévision publique allemande ZDF : « Il y aura certainement une nouvelle conférence de paix, et le président [Volodymyr Zelensky] et moi sommes d'accord pour qu'elle ait lieu avec la présence de la Russie. » Rappelons que la dernière conférence dite « pour la paix » a eu lieu en juin dernier, en Suisse, en présence d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement, mais en l’absence de… la Russie. Une conférence dont les résultats ont été plus que mitigés, d’autant que la déclaration finale n’a pas été paraphée par le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite. Excusez du peu. Donc, si Zelensky est d’accord pour que la Russie soit présente à cette nouvelle conférence (c’est le principe même d’une conférence de paix : réunir autour de la table les belligérants !), c’est qu’il y a progrès. Et Scholz d’ajouter, dans cet entretien à ZDF : « Je crois que le moment est venu de discuter de la manière dont nous pouvons sortir de cette situation de guerre plus rapidement que nous ne le pensons actuellement. »

Scholz ne dit pas, comme l’a fait son homologue français à plusieurs reprises, « La Russie ne doit pas gagner », propos qui, si l’on va au bout du bout du raisonnement et que l’on ne se contente pas d’être un simple commentateur de la situation géopolitique, implique que l’on doit tout faire pour que la Russie ne gagne pas. On se souvient des déclarations quasi va-t-en-guerre du Président français. Le 14 mars dernier, lors de son entretien donné à TF1 et France 2, il s’agissait, pour Macron, de « faire tout ce qui est nécessaire… » pour que la Russie ne gagne pas la guerre. Tout ? Pourquoi pas, mais c’est-à-dire ? Trois semaines avant, le 26 février, lors d’une conférence de presse, à l’issue d’un sommet européen, il avait pris tout le monde de court en annonçant qu’un déploiement de troupes occidentales ne devait pas être « exclu ». Propos qui avaient été immédiatement désavoués par ses homologues européens et même par le secrétaire général de l’OTAN. La paix ? « Faire la paix est un risque », avait lancé Macron, le 28 mai, dans un discours, alors qu'il recevait à Münster le Prix international de la paix de Westphalie.

L’Allemagne et son très rébarbatif et besogneux chancelier n’ont pas ce genre de fulgurances, rodomontades et autres fanfaronnades. L’Allemagne qui, du reste, dans ce conflit, n’a pas de leçons à recevoir de la France puisqu’elle est le troisième contributeur occidental après les États-Unis et l’Union européenne : 300 milliards d’euros depuis le début de la guerre, en février 2022 ! Mais l’Allemagne pragmatique qui envisage de réduire de moitié ces aides, contraintes budgétaires obligent. S’ajoutent à cela les contraintes politiques intérieures pour Scholz avec la poussée, aux dernières élections régionales, des populistes, défavorables à l’aide à l’Ukraine.

Du côté de la France, depuis deux mois, sur la question ukrainienne, c’est, semble-t-il, le silence radio – en tout cas, médiatiquement parlant –, notre Président ayant eu fort à faire. D’une part après ses Trafalgar et Bérézina électorales, pour reprendre les mots de notre chroniqueur Dominique Jamet, d’autre part pour tenir son rang de grand ordonnateur des Jeux olympiques. On ne peut pas être partout. In fine, que risque-t-il d’arriver, lorsque le moment sera venu (et ce moment semble venu pour Scholz), de se mettre autour de la table des négociations ? Que la France, décrédibilisée par un Président plombé par son inflation verbale et réduit aux acquêts en son palais, n’ait à se contenter d’un strapontin à la table des négociations et de miettes lorsqu’il s’agira de penser reconstruction et gros sous. Comme d'habitude ? Sauf si - il n'est pas interdit de rêver - Zelensky, se souvenant d’avoir été fait grand-croix de la Légion d’honneur par son grand ami Macron, a un minimum de reconnaissance...

Vos commentaires

69 commentaires

  1. Faut simplement attendre que l’économie russe soit à genoux …tranquillou. A Bercy on a concocté un stratagème drôlement efficace , sauf qu’on a ciblé le mauvais pays et la France est effectivement à genoux financièrement…c’est ballot

  2. Depuis le début de cette guerre ,Macron n’a fait que jeter de l’huile sur le feu . Donner des armes et des milliards a Zelensky n’aide pas le peuple Ukrainien . Nous n’avons plus les moyens de soutenir l’Ukraine , nous sommes nous même dans un « marasme » économique et politique sans précédent . « Charité bien ordonnée commence par soit même  » .

  3. La France avait un rôle à jouer dès le début de la guerre, mais la politique du en même temps et la soumission aux états unis nous a mis hors jeu, sauf pour financer Zelenski qui lui s’imposait, il serait intéressant de savoir où est passé tout « ce pognon de dingue », il est vrai que 16 milliards ont déjà mystérieusement disparus, on suppose qu’ils se sont perdu dans les couloirs de Bruxelles.

  4. On ne peut pas comparer Scholz et Macron. Notre président est un vrai guerrier lui : guerre contre la Covid, guerre contre la Russie, guerre contre le changement climatique, guerre contre le danger fascisme…
    Heureusement qu’il décréta la trêve olympique pour retrouver, enfin, un esprit moins belliqueux.

  5. « Il y aura certainement une nouvelle conférence de paix, et le président [Volodymyr Zelensky] et moi sommes d’accord pour qu’elle ait lieu avec la présence de la Russie. » !! Je ne savais pas qu’il pouvait exister des conférence sur la paix sans qu’il y ait les deux belligérants ! Olaf Scholz vient d’inventer l’eau tiède. Sauf que pour le Chancelier il est grans temps que ce désastre humain et matériel cesse en raison des sommes colossales déjà distribuées ainsi que les conséquences désastreuses pour l’UE et l’Allemagne en particulier (gaz russe) de l’embargo sur la Russie qui, soi-dit en passant, n’a pas eu le résultat escompté, loin s’en faut.

  6. Si les USA n’avaient pas tout fait pour essayer de mettre des bases en Ukraine et en n’appliquant pas avec Merkel les accords de Minsk prévoyant la neutralité de cette zone, il n’y aurait pas eu de guerre, d’ailleurs rappelons nous que ces mêmes USA au début des années 60 s’étaient insurgés à juste titre contre le déploiement et l’installation de missiles russes à Cuba, là, c’est la situation inverse, ah mais j’oubliais, là, ça ne compte pas.

  7. Avant d’entrer en guerre auprès de Zelensky et Biden, peut-être que tous ces « Chef d’État » eurent pu se pencher sur l’histoire récente, en remontant à 1994, et la guerre russophobe menée par Porochenko, alors Président ukrainien, contre tout ce qui était « Russe: et particulièrement le Dombas !
    Cela aurait éviter nombre de désagréments pour tous les européens.

  8. Scholz qui se laisse diriger par les USA (destruction Nordstream, fermeture et délocalisation des usines, croissance nulle depuis 2 ans…et ils continuent les sanctions et les milliards pour l’Ukraine) commence à réagir après la déculottée de son partie lors des dernières élection. Il n’y a que les élections qui intéresse cette clique. La destruction de leurs pays leur importe peu. Pathétique.

  9. L’article est intéressant, mais il passe sous silence la principale motivation d’Olaf Scholz à rechercher une sortie négociée rapide de la guerre russo-ukrainienne, à savoir que l’Allemagne n’a plus les moyens financiers de soutenir l’effort de guerre du régime de Kiev. Motif insurmontable : le jugement du 15 novembre 2023 de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui interdit au gouvernement fédéral d’avoir un déficit public dépassant 0,35 % dans le cadre de la doctrine du Schuldenbremse (frein à l’endettement).
    Plus précisément, cet arrêt Schuldenbremse de la cour suprême fédérale censure la décision du gouvernement Scholz de réaffecter à un « fonds spécial » une somme de 60 milliards d’euros initialement prévue pour amortir la pandémie (terminée) du Covid. Le résultat des courses est que privé de ces 60 milliards, le budget 2024 allemand est à l’os. Vu les énormes difficultés auxquelles sont confrontées l’économie et l’industrie allemandes à cause du suicidaire embargo sur le gaz russe, le soutien à l’Ukraine n’est plus du tout prioritaire ni à l’ordre du jour, d’où une grosse coupe-sombre dans l’aide provoquant une vive colère de l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne.
    Ces restrictions budgétaires conjuguées à la volonté de ne pas engager l’Allemagne trop loin dans cette guerre [et ce contrairement à la politique belliciste de Macron] expliquent les actuels efforts du débonnaire chancelier Scholz en faveur d’une prochaine conférence internationale de paix qui, pour ne pas reproduire le flop du pseudo « sommet » de Bürgenstock-Suisse, n’aurait de sens que si la Russie y participe.

  10. Bonne décision de l’Allemagne , cette guerre n’a que trop duré . Quand à savoir si la Russie doit perdre ou gagner ce n’est pas à Macron de décider . Pour ce qui est des aides financières il serait bon que lui aussi les revoie à la baisse , notre pays n’a plus le luxe d’aider tout le monde . Maintenant il peut aller aider son ami Zelensky à gagner cette guerre mais seul , nos soldats et le peuple français ne sont pas concernés par ce conflit .

    • Quant à savoir … Bien évidemment que le peuple français est concerné par ce conflit ukraino-russe. Désinformé par l’UE et ses propres médias « anti-nationaux » Il paie d’énormes impôts et une énorme inflation le tout destiné à aider l’Ukraine ce véritable « tonneau de Danaïde ». Où sont passé les sous ? Qui en ont bénéficiés ? C’est mystère et boule de gomme ! On ne nous dit pas tout ….

    • C’est d’abord l’urgence de sortir de cette UE totalement nocive et neutraliser tout ce qui concerne la « commission européenne » pour retrouver « une Union des Nations » SANS l’Allemagne s’il le faut ! …
      Au sujet de l’Ukraine et de la Russie, pourquoi « jouer le jeu » des USA dans ce secteur alors que d’autres conflits sont totalement délaissés car « les richesses du sol » n’intéressent pas les « mondialistes » ! …
      L’UE est devenue un « No Man’s Land »

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