Édouard Ferrand est mort : deuil au Front national

Sombre dimanche, chantait Damia, jadis. Aujourd’hui, vendredi noir, avec la mort, à tout juste cinquante-deux ans - des suites d’une longue maladie, comme on dit - d’Édouard Ferrand, membre historique du Front national – il a adhéré en 1983 – et, jusqu’il y a hier, président du groupe lepéniste au Parlement européen.

Édouard Ferrand était homme de rondeurs, au propre comme au figuré ; Henri Béraud l’aurait adoré. Il savait mettre du lien et du liant en toutes choses, un peu comme dans les sauces des bons petits plats qu’il aimait tant. Et Dieu sait s’il lui en a fallu, du lien et du liant, durant ces décennies de vie passées au sein d’un mouvement pas tout à fait comme les autres, perpétuellement agité de soubresauts, de crises à répétition, de fâcheries et de réconciliations. Mais Édouard Ferrand savait faire, avec sa bonhomie coutumière.

Que le lecteur de ces lignes n’aille surtout pas se faire des idées, imaginer que, parce que le défunt savait faire preuve de souplesse, il fut homme de mollesse. Bien au contraire, ce fin lettré était proche des milieux d’Action française et des catholiques de tradition, soit une sorte d’indéniable radicalité. Sa foi religieuse était aussi solide que ses convictions politiques ; seulement, il était de ceux qui, au lieu de se proclamer « catholique », préférait se comporter en « catholique ». La nuance n’échappera qu’aux ahuris de naissance et aux sépulcres blanchis.

Ainsi Édouard Ferrand cultiva-t-il, sa vie durant, les amitiés politiques les plus diverses, capable qu’il était de courtoisement discourir avec (dans le désordre, et je dois sûrement en oublier) : des moines et des skinheads, des membres de l’UOIF et des militants identitaires, des pékins de droite et des énergumènes de gauche, des Juifs sionistes et des Arabes pro-Palestiniens, des carpes et des lapins. Ce qui était, somme toute, assez logique pour ce vieil amoureux du Liban, terre de toutes les contradictions. Pas de doute, Édouard Ferrand savait faire là aussi.

Au sein de ses camarades frontistes, le plus bel hommage qui soit est signé de son vieil ami Louis Aliot : "J’ai perdu cette nuit l’un de mes meilleurs amis, l’un des derniers défenseurs des valeurs chrétiennes et traditionnelles, un copain d’exception. J’avais un camarade…"

Que sa veuve, la si charmante Alexandrine, et leurs cinq enfants acceptent donc nos sincères condoléances, celles de nombre de journalistes de Boulevard Voltaire, ainsi que les miennes, plus particulièrement, le défunt ayant eu à nombre de reprises la gentillesse de me faire preuve d’une amitié jamais prise en défaut.

Édouard Ferrand, qu’on affublait souvent du sobriquet de « Monsieur le Sénateur » et, plus généralement, d’un moins protocolaire « Doudou », n’a décidément pas fini de nous manquer, sachant que des hommes de sa trempe, on n’a pas, justement, fini d’en manquer.

Mais ainsi va la vie, dit-on.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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