Édouard Philippe conserve sa confiance à Guillaume Pepy… Et vous ?

Le 8 janvier, le PDG de la SNCF est convoqué par le ministre des Transports. "Son mandat est à la disposition du gouvernement", nous dit-il. Ce matin, sur France 2, le Premier ministre vient de lui renouveler sa confiance :

Soit le patron d’une entreprise a ma confiance et auquel cas je le soutiens (sic). Soit il n’a plus ma confiance et auquel cas je le change (resic). S’il ne l’avait plus, il ne serait plus président de la SNCF.

Et il appelle à "ne pas personnaliser le sujet". Un peu facile, tout de même...

Nous sommes bien loin de l'attitude du général Pierre de Villiers qui, après sa démission de son poste de chef d'état-major des armées, parce qu'il estimait ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel il croyait, lance aujourd'hui un appel pour redresser la France avec son livre Servir.

Pourtant, depuis le déraillement de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013, qui entraîna la mort de sept personnes et de nombreux blessés, les éléments de l'enquête à charge pour la SNCF portant sur des défauts de maintenance et d'entretien du réseau ferré sont nombreux.

Et les soupçons de manipulations de la direction pour faire taire les employés concernés, avérés par des écoutes administratives, comme le révélaient des articles du Figaro d'Anne Jouan les 7 et 8 févier 2016, ne sont guère rassurants. Nous apprenons par ces écoutes qu'un agent de la SNCF, sur la demande pressante de ses supérieurs, aurait planqué des documents de maintenance compromettants dans sa résidence secondaire en Auvergne. Autre résultat édifiant de cette procédure, ce sont les propos tenus par un DPX (responsable régional de la maintenance) qui répondait à l'appel d'une amie. Celle-ci lui demandait comment il allait (le lendemain du déraillement). "Ça va comme un DPX qui a fait dérailler un train pour erreur de maintenance", lui répondit-il. Bref, ces écoutes ont duré un an et les résultats trouvés pourraient laisser présager de nouveaux "Brétigny".

L'affaire du passage à niveau de Millas et les témoignages de riverains ne nous rassurent pas non plus, bien que l'enquête n'en soit qu'à ses débuts. Et les problèmes de maintenance et d'entretien sur notre réseau ferré seraient toujours d'actualité.

Depuis le déraillement de Brétigny, qu'a fait notre PDG de la SNCF ? A-t-il lancé les états généraux de cette "vénérable" institution, dont le thème aurait pu être "Mon appel pour redresser la SNCF" ? A-t-il fait appel au courage de ses agents, ce courage qui trouve son sens et son épaisseur dans les petites victoires du quotidien, et qui s'acquiert avec un sens aigu des responsabilités ?

Rien de tout cela ! Conserver son poste a été, semble-t-il, la priorité de Guillaume Pepy.

Brétigny, le TGV Est (11 morts et 42 blessés), Millas, les bugs informatiques, etc., n'ont pas l'air d'ébranler notre énarque.

Est-ce pour se faire taper sur les doigts et se faire remercier que cet homme est convoqué par le ministre des Transports ? D'après les déclarations d'Édouard Philippe, nullement ! Ou bien vient-il, selon ce que laissait entendre un article de Libération le 21 décembre dernier, discuter de son passage à Air France ?

Tout cela est bien triste pour l'image de la France.

Ne pas personnaliser? Peut-être. Mais quand cela revient à déresponsabiliser, c'est inacceptable.

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