Édouard Philippe, homme d’avenir ? Ou tout simplement celui du passé et du passif ?
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Il y aura, un jour, un livre à écrire sur ces personnalités politiques squattant les premières places des baromètres de popularité alors que, de politique, ils n’en font plus depuis longtemps. De Simone Veil en Jack Lang et de Bernard Kouchner en Nicolas Hulot, la liste est longue. Le dernier en date ? Édouard Philippe, même si encore Premier ministre le 3 juillet 2020, avant de remettre sa démission, cédant ainsi la place à un Jean Castex dont le manque de charisme mériterait, lui aussi, un autre livre.
Bref, le maire du Havre demeure le champion des sondages. Et lancera même, ce samedi 10 octobre, son propre parti. Officiellement, il s’agit de soutenir la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 ; officieusement, de préparer la sienne pour 2027. La preuve en est que le 12 septembre dernier, il affiche, sur LCI, son « soutien complet » au Président en titre. Tout comme un autre Édouard - Balladur, celui-là - excipait, au siècle dernier, de sa fidélité à la personne de Jacques Chirac ?
En effet, si l’objectif de cette nouvelle formation, dont le nom n’est pas encore connu, demeure des plus flous, il commence déjà à inquiéter les états-majors du MoDem et de LREM. Le premier, en raison d’une inimitié profonde entre François Bayrou et Édouard Philippe ; le second pour celle voulant que l’homme à la barbe de panda puisse venir chasser sur les terres d’un parti présidentiel qu’on a connu en meilleure forme. Certains macronistes iraient-ils jusqu’à prétendre que l’ancien de Matignon soutiendrait le petit nouveau de l’Élysée, telle la corde le pendu ? Nous n’en sommes manifestement pas loin.
Mais il n’est pas, non plus, loin, le temps où Édouard Philippe, depuis repeint aux couleurs de la nouveauté, catalysait sur sa seule personne les angoisses et le ressentiment des Français. Ainsi, faut-il rappeler que la crise des gilets jaunes fut, à l’origine, largement de son fait, car stigmatisant par avance ceux que l’inénarrable Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement, dépeindrait plus tard en « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel». Ainsi fut-il l’homme de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes nationales, tout en faisant exploser la fiscalité sur le prix des carburants, déclenchant ainsi la jacquerie qu’on sait. Emmanuel Macron entendait geler ces augmentations d’impôts ? Édouard Philippe mit tout son poids dans la balance afin d’éviter cette mesure d’apaisement.
Idem pour sa gestion plus qu’erratique des premiers mois de pandémie, lorsqu’il assurait, sur TF1, le 13 mars 2020 : « Le port du masque de protection est inutile en milieu de population générale », avant d’effectuer une volte-face en forme de triple salto arrière, à peine un mois plus tard. Pareillement, alors qu’un Conseil scientifique, constitué en toute urgence, préconisait la fermeture des écoles, il persistait à exiger leur « réouverture », avant d’en rabattre, il va de soi.
Pareillement, il fut encore l’homme des fameuses « attestations dérogatoires de déplacement » auxquelles plus personne ne comprenait rien ; d’où des gendarmes en hélicoptère verbalisant de simples promeneurs partis se dégourdir les jambes en pleine cambrousse. Toujours dans un semblable registre, il entendait instituer un « âge pivot » de 64 ans pour le départ à la retraite avant de faire marche arrière sous l’amicale pression de la CFDT. Dans la foulée, il obligeait ses ministres à choisir entre maroquin et mairie ; avant de faire une exception pour Gérald Darmanin refusant de trancher entre sa ville de Tourcoing et son poste de ministre de l’Action et des Comptes publics.
Après, peut-on mettre au crédit du chouchou des enquêtes d’opinion la fidélité à ses idées ? On est en droit d’en douter, l’homme ayant été tour à tour rocardien, juppéiste, fillonniste puis macroniste. À côté de ce Fregoli, le défunt Edgar Faure était un modèle de constance…
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