Éducation : la culture de la laideur à l’honneur 

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Les temps changent. La société d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier et ne sera probablement pas celle de demain non plus. Celle d’hier avait ses défauts, mais elle avait au moins une qualité : elle protégeait les enfants. Ils étaient tenus à l’écart de ce qui pouvait être offensant ou choquant et étaient éduqués naïvement dans le but de préserver leur innocence. Chose qui est quasiment impossible, aujourd’hui.

Une esthétique qui laisse à désirer

Les enfants sont désormais confrontés à la laideur partout et tout le temps. Dans les classes de primaire, les livres en vogue sont Ariol et Mortelle Adèle, des ouvrages aux dessins dont l'esthétique laisse à désirer. Dans le dernier cité, le personnage principal est une petite fille renfrognée qui évolue dans un environnement très négatif, comme en témoignent les titres des différents tomes (Tout ça finira mal, L'enfer, c'est les autres, C'est pas ma faute ! J'aime pas l'amour !, Poussez-vous les moches !...). Même chose pour les dessins animés où des séries comme Peppa Pig et les Lapins crétins sont aussi bruyantes qu’affreuses. Malheureusement, il n’y a pas qu’en matière de trait et d’ambiance que ces nouvelles œuvres enfantines ont perdu en naïveté.

Dans les textes, les auteurs vont parfois encore plus loin que dans les dessins. Nous pouvons regretter que le générique du dessin animé Simon se termine par un « caca boudin » qui était évitable, mais cela reste bon enfant et il n’y a pas de quoi crier au scandale. Ce n’est pas le cas pour la série de livres de Riad Sattouf intitulée Les Cahiers d'Esther (Allary Éditions). Dans le tome Histoires de mes 11 ans, destiné à un public du même âge, l’auteur est d’une vulgarité sans nom : « Ouèche ta mère la p***, fils de p***, on s’en bat les c*******, n**** sa mère… » À noter que les étoiles ont été ajoutées par la rédaction de BV mais que les mots sont écrits en toutes lettres dans l’ouvrage. Oui, BV est plus prévenant à l’égard de son lectorat que Riad Sattouff du sien, aussi jeune soit-il. Passons… S’il y a de quoi se réjouir - car les jeunes générations ont, en partie, retrouvé le goût de la lecture -, il y a aussi de quoi s’inquiéter de ce qu’elles ont entre les mains.

Banalisation de la barbarie

En parlant de mains, parlons également de manettes. Au rayon jeux vidéo, il y a également beaucoup à dire. Là, plus que la vulgarité, c’est la violence qui est mise à l’honneur. Le gentil plombier Mario Bros fait encore des adeptes mais a cédé de nombreuses parts de marché à des jeux moins enfantins comme Advance Wars, un jeu de guerre, ou Fortnite, un jeu dont le but est d’éliminer des zombies ou ses adversaires. Dans ces deux exemples, les « héros » ont des armes et détruisent ou tuent tout ce qui se trouve sur leur passage. D’une certaine manière, ils normalisent la violence et habituent les cerveaux à voir des atrocités. Pire : ils rendent la brutalité ludique, ils banalisent la barbarie.

Certains excuseront tous ces supports et leur propre inaction en affirmant que « les enfants ne peuvent pas être élevés dans du coton », ils n’ont peut-être pas tort. Pour autant, entre couver sa progéniture et l’exposer à la laideur, à la vulgarité et à la violence, il y a un monde. Les livres, les dessins animés et les jeux vidéo ont une influence sur les enfants. L’air de rien, ils déplacent le curseur de la normalité et de l’acceptable. Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes et les parents de demain. Avec un tel changement de repères, cela ne présage rien de bon.

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Il faut bien intéresser les enfants. Cette « laideur » n’est que le reflet de notre société. Les auteurs sont des artistes, ils ne font que tendre un miroir. En aucun cas les auteurs ne seraient responsables de la laideur ou de l’atroce. Ils parlent aux enfants de ce que les enfants connaissent. Il faut élever la société d’abord si vous voulez élever les enfants. Ou bien interdire toute liberté d’expression…

  2. « D’une certaine manière, ils normalisent la violence et habituent les cerveaux à voir des atrocités. Pire : ils rendent la brutalité ludique, ils banalisent la barbarie. » Caractéristique fondamentale du puritanisme qui a pris le pouvoir en Occident : Banalisation du meurtre devenu la pâte nutritive des films et séries américaines, l’autre partie étant constituée des contes de fées sous toutes ses formes. Et surtout on n’évoque le sexe en aucun cas, sauf s’il est violent. Ce puritanisme est inhérent au totalitarisme.

  3. Ces dépotoirs de lettres et d’images semblent pourtant bien plus compatibles avec la mentalité woke ambiante que ces ignobles Tintin dont on peut faire des autodafés dans des pays qui se prétendent démocrates !

  4. Riad Sattouf devrait avoir à coeur d’élever le QI des enfants auxquels il s’adresse , lui qui a eu la chance d avoir un père lettré ( docteur en histoire ) et non pas de les maintenir dans ce qu’ils entendent tous les jours. Mais … ses bandes dessinées n’auraient surement pas le même succès. Il est plus facile d’abaisser que d’élever

    • Qui c ‘est ce Riad Sattouf…..de la notoriété…très relative …grâce à son patronyme du désert !!

    • Je pense que comme Kechiche, il se moque bien de salir la jeunesse de notre pays. Aurait il un compte à régler lui aussi?

  5. Au-delà de la vulgarité ou de la laideur, notre société a tout simplement fait le choix de la facilité. C’est un peu le « côté obscur » de Star Wars, plus facile, plus rapide … mais pas le plus fort (!)
    La grossièreté est plus facile que l’élégance, le laisser-aller plus facile que la distinction, la malhonnêteté plus facile que la probité, etc.
    « L’homme civilisé est celui qui se retient », tout est dit dans cette célèbre citation d’Albert Camus. La civilisation, la vie en société, c’est d’abord maitriser ses pulsions, puis partager des valeurs communes. Nous savons très bien aujourd’hui que ces deux points sont absents de la société. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y a deux peuples qui se côtoient sur le territoire national, deux peuples qui du « côte à côte » glissent de plus en plus vers le face à face. Deux peuples qui non seulement n’ont plus de valeurs communes, mais que tout oppose. Quand à la retenue … nous sommes passés à l’assouvissement immédiat de toutes les pulsions, ce qui explique la violence verbale, physique, le vol, le viol, etc.
    Cette facilité, ou cette paresse contribue à la déculturation, au manque de civisme, à la bêtise, mais aussi à une surestimation quasi-pathologique de soi. Quand on a la tête vide, on se croit supérieur à tout le monde, il ne reste alors que la violence pour s’imposer.
    Il ne faut pas baisser les bras, bien au contraire. Ces gens aujourd’hui qui pleurent dans leurs quartiers livrés à la loi des dealers, ne doivent pas oublier que derrière ces drames quotidiens qui rythment une actualité plus sordide de jour en jour, ce sont … leurs fils qui tiennent les AKM et tirent dans le tas. Ces fils qu’ils n’ont pas éduqués ou pas su éduquer et à qui ils n’ont pas transmis ces valeurs qui ont fait la France des livres d’histoire. Notre destin est dans nos mains, ne l’oublions pas.

  6. Certain « remplacement » commence aussi par celui de locutions…bien connues…et, au demeurant, porteuses d’un certain petit air marin et géographiquement « ciblées »…

  7. Ce langage « policé » peut un jour se retourner contre quelqu’un : imaginons un bambin crier à Macron ou un autre
    « f… .. …. » ces gens là ne récolteront que ce qu’ils ont semé.

  8. Où sont donc les jolis dessins « d’avant » ? Que sont devenus « Martine », « Pouf et Noiraud », « Roudoudou et Riquiqui » et tant d’autres où la joliesse des images rivalisait avec la justesse des écrits ? Au lieu d’initier les petits à la beauté, on leur inculque la laideur, la vulgarité. Quelle déchéance abominable !

  9. Et on s’étonne que les Français ne fassent plus d’enfant !
    Comment a t on pu laisser cette société pourrir de la sorte ? Qui est responsable ?
    Notez, il n’y pas que la culture pour les enfants qui a plongé dans les abysses. Les programmes télé, que je ne regarde plus, sont du même niveau…

  10. Dans ce sinistre constat où sont les parents?Ne peuvent-ils boycotter ces mochetés et faire entendre leur voix?

  11. tout est tiré vers le bas ! quand on veut licencier il suffit de nommer le « bon » directeur qui touchera une prime pour couler la boite, c’est ce qu’on fait tous nos dirigeants depuis miteux, pareil pour les ministres. pareil pour les spectacles (voire le festival d’avignon ou l’exposition de « peinture » qui a fait scandale avec ce môme qui fait une felation.
    destruction de l’ecole, des hopitaux, de la SNCF, de l’onf, de la DDE, de la poste, du téléphone… absolument TOUT y passe

    • Je suis un ancien cadre administratif en DDE …Aujourd’hui, on consacre 1% du montant qu’ il faudrait à l ‘entretien des infrastructures ….

  12. Je resterais (un peu) plus optimiste que Madame Guille . La laideur, la vulgarité et la bêtise n’auront qu’un temps. Alors les enfants qui auront été  »bien » éduqués reprendront le dessus

    • Malheureusement les enfants bien éduqués sont de moins en moins nombreux, leurs parents eux-même ne l’ayant été. Et ces enfants-là sont, souvent, en butte aux moqueries, au harcelement de la part de leurs camarades.

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