Éducation nationale : vers un programme d’éducation morale et civique européiste ?

Capture d'écran Sud Radio
Capture d'écran Sud Radio

Il s’en est fallu d’une petite phrase. La réforme de l'éducation morale et civique (EMC) annoncée par Emmanuel Macron en janvier 2024 et précisée par Nicole Belloubet sur Sud Radio face à Jean-Jacques Bourdin le 31 mai dernier, suscite un débat intense au sein de l’Éducation nationale. « Nous sommes en train de réécrire une partie des programmes de nos établissements scolaires : écoles, collèges, lycées, et nous allons reprendre dans les cours en enseignement moral et civique ce qu’est l’Europe », annonce le ministre de l’Éducation nationale. Et Nicole Belloubet d'ajouter : « Non pas seulement les institutions, c’est important de les connaître, mais aussi ce que cela signifie concrètement. Je ne sais pas si nous nous rendons compte ou si les jeunes savent qu’ils sont citoyens français mais citoyens européens. » Enjeu crucial de notre système éducatif, l'EMC devrait transmettre aux jeunes générations les valeurs fondamentales de notre République. Cependant, cette nouvelle réforme semble s'éloigner des fondements traditionnels au profit de notions floues et parfois éloignées de notre réalité nationale.

Une annonce très discutable

L’intervention de Nicole Belloubet déçoit et inquiète. L’enseignement moral et civil sera-t-il désormais l’objet d’un cours, à tous niveaux, portant sur les concepts flous de la citoyenneté européenne et l'engagement civique global, au détriment des piliers classiques que sont la laïcité et l'autorité ? Cette perspective inquiète jusque dans le corps professoral dont une partie craint que le nouveau programme d’EMC manque cruellement de pragmatisme et de réalisme. Contacté par BV, Matthieu R., enseignant d'histoire-géographie dans un collège de l'Oise, exprime sa déception : « Nos élèves ont besoin de repères clairs et stables, déclare-t-il. Leur parler de citoyenneté européenne, c'est bien, mais cela reste abstrait pour beaucoup d'entre eux. Nous devons d'abord leur inculquer les valeurs de la laïcité et du respect des institutions françaises. » Pour l’enseignant, cette réforme passe à côté de l'essentiel, celui de former des citoyens conscients et respectueux des règles qui régissent notre société.

L'importance de l'autorité et du respect de la hiérarchie

L’éducation morale et civique ne devrait-elle pas revenir aux fondamentaux ? Pour Cécile V., enseignante d’histoire-géographie au lycée en Haute-Normandie, c’est une évidence : « Le respect de la hiérarchie et de l'autorité est fondamental, explique l’intéressée. Nos jeunes doivent comprendre que l'école est un lieu où l'on respecte les règles et où l'on écoute ceux qui transmettent le savoir. » Malheureusement, la réforme semble prendre une direction opposée en diluant les messages clairs dans un maelström de concepts globaux et mal définis. « Plutôt que d'enseigner des notions vagues, nous devrions insister sur l'autorité, la discipline et le respect des règles », martèle Cécile.

Au-delà de l'autorité, la question de la laïcité est également au cœur des préoccupations. Dans un contexte où les tensions communautaires peuvent surgir, il est impératif que l'école réaffirme son rôle de rempart contre les dérives religieuses. Matthieu insiste : « L’enseignement de la laïcité est primordial car il permet une certaine prise de recul des élèves. Pourtant, j’ai l’impression qu’elle est de plus en plus mise de côté dans les discours éducatifs. » Cette refonte du programme d’EMC semble être un pas de plus vers un idéalisme déconnecté des réalités quotidiennes. Le ministre ne devrait-il pas, plutôt, prendre en compte les véritables besoins de nos élèves ? Des repères clairs, une autorité sans concession et une laïcité réaffirmée.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. L’Europe, ils n’ont que ce mot à la bouche. Si les écoliers n’ont pas encore compris que la France ne vaut plus rien et qu’elle est en voie d’effacement, ce sera bientôt chose faite.

  2. Ça n’est que la conséquence de la mentalité de la plupart des enseignants qui récoltent ce qu’ils ont semé et qui continuent sur leur lancée,je ne vais pas les plaindre surtout quand on voit pour qui ils accordent leurs votes aux élections et à qui ils appellent à faire barrage. Ce pays est perdu, pour ma part,je le disais autour de moi il y a plus de trente ans, maintenant que c’est fait,je ne vais pas pleurer sur lui, je me suis organisé en conséquence,que les autres en fassent autant car ce n’est pas l’état où ses ruines actuelles qui vont changer les choses, bien au contraire.

  3. Tu ne peux pas faire d’un âne un cheval de course, disait mon père. Nicole Belloubet ne fait pas partie des pur-sang du haras.

  4. Si ma vieille mémoire ne me joue pas des tours il me semble que dans les années 1950 il était enseigné l’instruction civique et morale … j’avais même obtenu le 1er prix en 5ème. Réinventer l’eau chaude est devenu un forme de gouvernance pour nos brillants responsables. Au détail près qu’ils ne peuvent s’empêcher d’y ajouter un zeste d’idéologie !

  5. Education civique , respect , français , histoire /géo , maths , laïcité serait déjà un bon début . Parents ne les laissez pas manipuler les enfants , battez vous vous contre ces malades mentaux .

  6. « Non pas seulement les institutions, c’est important de les connaître mais aussi ce que cela signifie concrètement. Je ne sais pas si nous nous rendons compte ou si les jeunes savent qu’ils sont citoyens français mais citoyens européens. » dit-elle la « Belle-ou-bête » de la macronie ! …
    Alors sait-elle qu’elle est sensée défendre et protéger la société française ET les français ? ! … Elle a eu plusieurs postes et son passif prouve qu’elle est belle et bien « en adéquation » avec cette macronie ! … Il va être grand temps de neutraliser ce venin instillé depuis trop longtemps dans tous les domaines de la France ! …

  7. Si les gamins maîtrisaient les fondamentaux, ce serait déjà bien.
    L’Europe d’aujourd’hui ne sera pas celle de demain. Donc, pas d’urgence.
    Certains ont du mal à se sentir français, alors européens…
    Côté discipline, pourquoi pas le service militaire pour tous ?
    (Mon « tous » inclut les « toutes »).
    La femme étant devenue l’égale de l’homme, elle doit prendre sa part des aspects moins attrayants de ladite égalité.

  8. Les enfants deviennent les otages de certaines sectes ! Les parents doivent être beaucoup plus vigilants et réactifs !

  9. Le mal vient de très très loin. Ce sont tous les programmes qui sont à jeter à la poubelle. Les enseignants ne font que récolter ce qu’ils ont eux-mêmes semé. Par exemple, on se glorifie de l’Ecole des Annales en Histoire. Ce faisant on a détricoté méthodiquement toute référence chronologique pour lui substituer des thématiques toutes plus absconses et ennuyeuses telles que la poterie dans le Haut-Poitou à la fin du XVIème siècle (j’exagère à peine). On a imposé dans les années 70 les maths modernes et la théorie des ensembles (je ne m’en suis toujours pas remis) ;) , etc. etc. Dès lors que l’enseignement devient ennuyeux et dénué de toute réalité concrète, celui qui le porte, à savoir l’enseignant, se décrédibilise aux yeux des élèves. Partant de là le chahut, dans le « meilleur » des cas, ou la violence dans le pire des cas deviennent la règle. Intuitivement les jeunes comprennent que l’on se moque d’eux. Les nécessaires cours sur la laïcité, sur le civisme (et non la citoyenneté qui n’est qu’un concept socialo) ne peuvent être que des coquilles vides si les matières fondamentales sont vidées de leur substance.

  10. Ils nous préparent tous, jeunes et moins jeunes, à l’Europe fédérale et à la disparition de la France…Et la masse continue de voter pour les partis pro-UE. Ca passe comme une lettre à la poste…

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