Effectifs de l’État : une mesure lilliputienne
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Mais où donc va se nicher l’ambition ? Il y a des chiffres qui vous donnent le vertige et vous poussent, inexorablement, à ne pas sortir le nez de la couette.
La fonction publique d’État, en France, occupe, grosso modo, 2,5 millions de personnes. J’écris « grosso modo » parce que, sur le site de l’INSEE, le statisticien en chef de notre République, le compteur, aujourd’hui, est bloqué à décembre 2017 !
La France est en pleine préparation budgétaire pour 2021. On se gargarise avec le plan « France Relance ». Le citoyen de base (vous, moi) reste étourdi par l’incantation liminaire : ce plan « permettra le redressement de notre économie tout en préparant notre pays aux défis de demain… À court terme, France Relance permettra un retour au niveau d’activité d’avant-crise d’ici 2022. Il financera également des investissements qui placeront notre pays en position de force… » Miracolo! J’ai tellement envie de croire qu’ils savent ce qu’ils disent ! Pathétique !
Et que voit-on, dans ce document futuriste appelé Projet de loi de finances 2021, sorte d’alignement des planètes du succès dans lequel notre pays, obèse d’endettement, est premier de cordée ? On voit des économies ! Enfin ! me direz-vous. Oui, enfin ! Mais ne vous réjouissez pas trop tôt : ils commencent modestes pour éviter d’emballer la machine. Pour économiser, on réduit les effectifs de l’État. Oui, vous avez bien lu. De combien ? demanderez-vous, impatient que vous êtes. « Eh bien, j’vais vous’l'dire », singerait un célèbre imitateur de personnalités politiques de haut rang. Ils réduisent les effectifs de l’État de 157 personnes ! Pas une de plus, pas une de moins. C’est une puissante réduction de 0,005 48 %. Après les 47 postes supprimés en 2020 (selon Capital), cette annonce – trois fois plus de suppressions – fait l’effet d’une bombe et signe une politique diablement audacieuse.
On peine à mesurer l’effort avoué ! Quelques mises à l’échelle vont nous aider à mieux comprendre. Rapportée au temps, cette réduction représente 29 minutes dans une année entière. Ou, si l’on préfère, 4,7 secondes dans une journée. Ou encore 5 centimètres et demi par rapport à 1 kilomètre. Ou la longueur de l’avenue des Champs-Élysées par rapport à la circonférence de la Terre. Ou, enfin, 21 kilomètres comparés aux 384.440 km de la distance Terre-Lune.
Quel que soit l’angle de vue, un seul mot surgit : insignifiance ! La réduction des effectifs de l’État est insignifiante, riquiqui, microscopique, parcimonieuse. Pire : elle est injurieuse. Car, enfin, de deux choses l’une. Ou bien ce chiffre est erroné et « on » a oublié trois ou quatre zéros avant la virgule ; auquel cas, il faut immédiatement envoyer à Pôle emploi les imbéciles qui ne sont pas capables de compter sur leurs doigts. Ou bien ce chiffre de 157 suppressions de postes est exact ; c’est pire car, alors, on se moque ouvertement du monde et on peine à discerner l’intérêt de publier pareille sornette, même de la part d’un ministre, Bruno Le Maire, qui reconnaissait, devant Le Point, il y a quatre ans : « Mon intelligence est un obstacle ! »
Une consolation, pourtant : on en a enfin la preuve aujourd’hui !
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