Effondrement de la popularité de Macron : juste un problème de carburant ?

macron

Emmanuel Macron est-il en voie de chiraquisation ? La semaine qui vient de s'écouler pourrait le laisser croire. Le Président multiplie les prises de parole, il y a dix jours jours sur la pénurie d'essence, cette semaine sur le meurtre de la petite Lola. Mais toujours avec retard, et avec une parole en déconnection totale avec la réalité, la sienne - celle de ses promesses devenues mensonges, comme sur les OQTF - et celle que vivent les Français, sur le front des stations-service comme de l'immigration et de l'insécurité. C'est certainement ce cocktail redoutable pour un président de la République qui explique l'effondrement enregistré, cette semaine, par le couple exécutif dans un sondage BVA pour RTL et Orange publié ce vendredi 21 octobre : Emmanuel Macron perd 7 points, à 36 % seulement d'opinions positives, et Élisabeth Borne 10, à 41 %.

Cet effondrement de popularité est d'abord conjoncturel et s'explique par la crise des carburants qui n'en finit pas et que les Français jugent « mal » ou « très mal » gérée par l'exécutif, à 71 %. Le numéro d'artiste à la télévision n'a pas convaincu et c'est révélateur d'une communication et d'un verbe qui ne prennent plus. C'est surtout très handicapant au début d'un second quinquennat. Les Français semblent ne plus se faire d'illusion sur leur « plus jeune Président ».

D'ailleurs, le détail du sondage donne des indices de cette défiance plus structurelle des Français à l'égard d'Emmanuel Macron. Les Français sont désormais seulement 49 % à estimer qu'Emmanuel Macron a « des convictions profondes », contre 55 % en mars dernier, et 73 % en avril 2018. Une dégringolade continue. Les sincérités successives du personnage (il n'est jugé « sincère » que par 28 %...) dans toute une série de domaines - énergie nucléaire, immigration, insécurité - semblent éclater au grand jour : et comment en irait-il autrement ? Mais - tout aussi inquiétant pour un Président qui met systématiquement en avant sa capacité à agir et à trancher : seuls 41 % des Français le jugent « capable de prendre les décisions qui s’imposent », contre 53 %.

La cote d'Emmanuel Macron prend l'eau dans les secteurs qui constituaient son pré carré et qui ont joué dans ses deux élections contre Marine Le Pen : sa compétence (40 %, -8 points) et sa capacité à rassurer (27 %, -8 points). C'est un tournant majeur : désormais l'incompétence et l'angoisse, contre lesquelles il était censé nous préserver, c'est lui qui les incarne.

Politiquement, la situation s'annonce très difficile pour Emmanuel Macron : il ne dispose plus de majorité absolue, Élisabeth Borne n'a aucun espace politique et s'effondre avec lui. Elle pourra servir de fusible ponctuel, comme ses précédents Premiers ministres, si la période devenait vraiment critique, mais son remplacement ne ferait pas disparaître la lourde chape de défiance qui s'abat sur lui cet automne, et pas que pour une grève des raffineries. La dissolution serait aussi un pari risqué : quand on part avec une majorité absolue, il y a un risque de la perdre, comme l'expérimenta Chirac en 1997. Difficile d'imaginer une vague macroniste dans la situation actuelle.
Et l'on ne voit pas qui, à gauche ou chez les LR, aurait intérêt à s'allier à un pouvoir en bout de course.

Ce sondage est une nouvelle manifestation de la fin d'un grand cycle politique qu'Emmanuel Macron aura incarné avec un certain brio. Même la presse qui l'a soutenu sent que nous sommes à un tournant, que la com' de Macron ne prend plus ni sur le réel ni sur les Français : le JDD fait sa une sur « la panne d'autorité » qu'il symbolise à présent.

Visiblement, les Français semblent désormais prêts à une grande alternance.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Ce type n’est pas crédible, où sont les 15 000 places de prison ? Où sont les 100 % d’exécution des OQTF ? Où est l’indexation des retraites sur l’inflation ( 4 % de revalorisation , inflation + 10 %)? Gestion de la crise covid , Nul ! Hôpital en déconstruction ! Immigration , de plus en plus de clandestins . Sécurité , pas la Californie , mais le Far West , etc , etc…
    Alors , vite qu’il dégage .

  2. Cela fait 5 ans que Macron balade le peuple français, son autoritarisme sans autorité ne passe plus, chaque jour qui passe montre le niveau de ses mensonges, il arrive un moment ou trop c’est trop.

  3. Il y a 49% de français qui croient encore en lui ! C’est inquiétant !
    Il ne règlera jamais les problèmes d’immigration, ni les autres problèmes d’ailleurs ! C’est un mondialiste ! Pour lui, la France n’est qu’une start-up nation ! Il n’a plus aucune crédibilité en matière d’affaires étrangères le donneur de leçons au monde entier et son « en même temps «  sont insupportables ! Nous avons nous aussi nos propres clowns ! La France est très mal en point ! Hélas !

  4. L’effondrement doit être pire que cela, on sait tous que les sondages sont à suivre avec de grandes pincettes. Les moins 7 points doivent être à multiplier par 2 facilement. Hélas il va falloir le supporter pendant encore près de 4 ans.
    Pendant ce temps la il va faire passer tout ce qu’il veut les doigts dans le nez avec la complicité des LR. Au lieu de s’entendre sur les censures qui pourraient faire changer les chose, l’opposition devient complice. En ce moment macron prépare sa suite, il en a trois dans sa poche Philippe qui aurait du être mis en examen comme Buzyn (2 poids 2 mesures) le traitre col roulé Le Maire, et le menteur Darmanin.

  5. En quelque mois, Macron s’écroule dans les sondages. sur 48 752 339 inscrits 65,76% ont exprimés pour les deux présidentiables. Sur 48 752 339 en mesure de voter 18 768 639 on mis un bulletin Macron, c’est pas beaucoup.Si la candidate avait eu une place égale en qualité comme son rivale, sans être accusé à tord d’extrême droite par exemple, il est probable que nous n’aurions pas le même président. Le vote issue de communautés différentes a fait la différence.

  6. « Les français semblent prêts à une grande alternance » dites-vous, de quelle population parlez vous, la population française d’origine européenne ou celle issue du maghreb, d’afrique sub-saharienne, arabe, …

  7. Les décisions urgentes qu’il aurait dû prendre , et il est encore temps , quitter l’espace Schengen au moins provisoirement et relancer Fessenheim.

  8. Macron a été réelu, il a eu ce qu´il voulait, il sait qu´il n´y aura pas de 3em mandat donc il peut faire ou ne pas faire ce qu´il veut, il se fout de l´opinion publique.
    Il va parader dans les sommets internationaux, laissant l´intendance, pénuries d´essence, violence etc.. aux soins d´ E. Borne.

  9. Ce n’est pas son impopularité, légitime, latente et patente qui me surprend, elle se justifie pleinement; elle est désormais consommée.

    C’est de l’avoir reconduit en mai dernier qui me déglingue.

    • Personnellement j’ai toujours douté de la justesse, de la véracité des chiffres de la dernière élection présidentielle, les manipulations sont tellement importantes de nos jours, que une de plus n’est pas impossible, la classe politique est d’ailleurs silencieuse à ce sujet sachant que la pseudo démocratie n’est un leurre pour maintenir les peuples dans l’obéissance.

    • Oui. Elections truquées , comme aux US, ou bêtise des abstentionnistes, inconscients des enjeux ?

    • Oui mais… élection frelatée…car au vu du taux d’abstensions il était loin d’avoir la majorité des voix ! Drôle de comptage !

  10. Commencerait-on à se rendre compte que ce type n’est que du vide en marche, qui ne crée rien mais détruit tout ? Le joueur de flûte de Hamelin des temps modernes.

  11. Quel bonheur !
    Certains LREM-Renaissance doivent longer les murs, et éviter « de traverser la rue » !
    Enfin, il y en a encore 36% d’un échantillon très effiloché de français !
    À mon avis, nous sommes TRÈS loin des 36% si il y avait élection demain.
    Enfin, c’est déjà une bonne nouvelle, ne boudons pas notre plaisir !

  12. « Malheur à la ville dont le Prince est un enfant. » L’Ecclésiaste (Qohélet)

    Nous avons pris le train du sous-développement et de la république bananière avec Giscard et nous sommes arrivés à destination avec Macron.

    • Effectivement, le système républicain n’est qu’un système politique comme un autre, tout dépend de ce qu’en font les politiciens, il y à bien des républiques islamistes et forcément des républiques bananières, etc. et notre république française elle corrompue puisque notre classe politique l’ait également.

  13. Le plus inquiétant, c’est qu’il y ait encore 49% des Français qui pensent que Macron a des convictions profondes !

    • Dans un sens, oui, il a des convictions profondes : l’Europe, la destruction de la France, l’immigration débridée afin d’en finir au plus vite avec ce peuple de Gaulois, entre autre.

  14. Macron n’ été élu pour son second mandat qu’avec 38% des électeurs inscrits. Ces 36% d’opinions favorables ne représentent que la réalité de cette illégitimité électorale.

    • Très bien vu ! Il eut été important dans cet article de le souligner, cela change tout. Il faudrait ajouter qu’une certaine mauvaise foi fait encore gonfler ce pourcentage, difficile encore d’admettre que l’on s’est trompé !

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