Égalitarisme, ou l’égalité pervertie par les quotas

liberté égalité fraternité

Si on est atteint de synesthésie - cet étrange dysfonctionnement du cerveau qui fait que l’on associe des mots à des couleurs – alors, quelles pourraient être les correspondances entre le triptyque des valeurs et les trois couleurs du drapeau, c’est-à-dire entre Liberté, Égalité, Fraternité et bleu blanc rouge ?

Si les associations vous apparaissent évidentes, c’est que vous êtes aussi les heureux détenteurs de ce superpouvoir.

La Liberté ne peut être que bleue. D’une façon étonnante, c’est aussi la couleur de la droite.

L’Égalité, c’est le rouge ; en toute évidence, le rouge de la gauche.

Il ne reste que le blanc pour la Fraternité ! Comment l’interpréter sans faire rentrer les deux éléments dans cette théorie bizarroïde à l’aide d’un chausse-pied ? Le blanc est une non-couleur. La lumière blanche n’est-elle pas transparente ? Une non-couleur pour une notion vague. Si les deux autres valeurs peuvent être considérées comme pouvant être absolues, la Fraternité ne peut-être que relative, un point de vue intime des individus. Elle ne peut être universelle. Ce n’est qu’un sentiment que l’on nous impose maintenant dans une injonction totale. De plus, étant une vertu aussi rare que précieuse, il faut en être parcimonieux et non pas dispendieux en la dispersant aux quatre vents mondialistes.

Pour la Liberté, mieux vaut la déclamation de Madame Roland sur l’échafaud : « Ô Liberté, combien de crimes on commet en ton nom » que celle de Saint-Just qui n’était ni saint ni juste : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

Quid de l’Égalité ? L’apport essentiel de la Révolution française fut l’égalité des droits ayant pour corollaire l’abolition des privilèges. Seul cela compte ! Ce qui s’ensuivit ne fut qu’idéologie utopique dont la dérive se résume en un mot : l’égalitarisme. Ainsi, l’Égalité des droits a entraîné l’Égalité des chances et aujourd’hui l’Égalité des résultats qui tente de corriger en nivelant par le bas. La discrimination positive est son arme principale comme la théorie des quotas en est l’aboutissement chimiquement pur. Diable, un peu de raison ! J’ai le droit de désirer gravir l’Annapurna mais je ne vais pas pleurnicher si je n’en ai pas la capacité, que je sois fainéant, gros, vieux ou handicapé... Je ne vais pas, pauvre offensé inapte, demander à la société de pallier mes carences. Les quotas comme la parité ne font que court-circuiter le mérite. Ce sont les marqueurs de l’impatience qui, elle, est la marque de notre époque : « Je veux tout ! Ici et maintenant. » L’important est plutôt que les courbes progressent d’une façon naturelle. En effet, il est rare d’atteindre le sommet de l’escalier social en une seule vie, en le montant quatre à quatre. Il faut accepter que les marches puissent être gravies sur plusieurs générations... si celles-ci savent encore s’inscrire dans le temps long et admettre le sacrifice des premières pour la réussite des suivantes.

En République, tout est possible si on le veut mais seulement si on le peut.

De plus, les quotas sont une insulte à tous ceux qu’ils veulent promouvoir. L’enfer est pavé de bons sentiments. C’est l’enfer du progressisme si bienveillant qu’il en est devenu dégoulinant. Faudrait-il aider une femme, un Noir, une femme noire à atteindre les sommets en considérant que ses propres qualités ne seraient pas suffisantes ? Faudrait-il, à l’instar des universités américaines, faire peser des handicaps sur les étudiants asiatiques qui réussissent d’une façon outrancière ?

Éric Zemmour, comme bien d’autres, s’insurge contre cette bien-pensance. Ils sont dans la vérité car l’ascension au mérite est une des composantes universelles de la République française.

 

 

 

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