Églises profanées et vandalisées : le silence « monacal » du pouvoir

Basilique Saint-Denis

La semaine dernière, une stèle commémorant l’ancien emplacement de la synagogue de Strasbourg était endommagée. Avant tout résultat d’enquête, on criait au loup antisémite. Pour apprendre, une semaine après, que l’acte était accidentel… Devra-t-on, désormais, parler d’antisémitisme accidentel pour éviter le ridicule à toutes les bonnes âmes qui s’émeuvent par réflexe au moindre graffiti ?

Dimanche dernier, la prestigieuse basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, subissait des dégradations : grand orgue endommagé, des vitraux brisés. Cela n'a rien à voir, mais rappelons qu'il y a quelques mois, la basilique avait subi l'outrage de migrants, soutenus par l'extrême gauche, qui avaient manifesté dans le sanctuaire comme dans la rue. Comme dans la rue où l'on casse les vitrines, dans l'église on casse des vitraux ! Mercredi, c’est un lieu de culte catholique plus modeste, l’église paroissiale de Reichstett en Alsace, qui a subi des dégradations : un vitrail centenaire brisé, des portes forcées, des vitres cassées. Des inscriptions à caractère satanique à la craie ont été retrouvées sur les murs de l’église. BFM TV, ce vendredi, rappelait qu’en 2018, 90 % des dégradations d'édifices religieux concernaient des bâtiments chrétiens : 878 exactement. Les statisticiens auront beau jeu d’expliquer que cette proportion est normale car (pour l’instant) les lieux de culte les plus nombreux en France sont chrétiens, et principalement catholiques.

Notons, tout de même, que le ministre en charge des Cultes, Christophe Castaner, ne semble pas avoir l’émotion compulsive sur Twitter qu’on peut lui connaître par ailleurs. Pas le moindre tweet ministériel pour condamner de la façon la plus ferme ces actes ignobles et inadmissibles dans une République qui assure à toutes et à tous la liberté de croire ou de ne pas croire. Des actes, qui, croyez le bien, ne resteront pas impunis, etc. Enfin, vous connaissez la chanson… Il est vrai qu’on ne connaît pas encore leurs auteurs et qu’il faut se garder de toute précipitation et surtout d'amalgame, n’est-ce pas. Une marche vespérale à la lumière des bougies n’est donc pas appropriée. Et puis, il se peut aussi que le ministre ait usé son crédit mensuel de superlatifs et d’hyperboles et finisse par être à court.

Cela dit, Christophe Castaner est tout excusé, quand on écoute les propos plutôt lénifiants du président de la Conférence des évêques de France, Mgr Pontier, archevêque de Marseille. Interrogé par Le Point, la semaine dernière, sur la série de profanations d’églises dans le pays, le prélat se voulait rassurant. Et quand des politiques, comme Ciotti, dénoncent une "cathophobie qui gagne tous les milieux et conduit à des violences", l’archevêque répond benoîtement : "Je ne vois pas quels faits permettent à ces politiques de tenir un tel discours." Vu comme ça, effectivement... Comme disait le prophète Jérémie, "ils ont des yeux mais ne voient point".

En un temps lointain, on ferma et transforma en parc à fourrage les églises. Bien longtemps après, un certain clergé up to date voulut en faire des lieux de vivre ensemble enrubannés de papier crépon où l’on se regardait le nombril plutôt que de regarder le bon Dieu. Puis, donc, aujourd'hui, le retour des vandales. Et pire que tout : le temps de l’indifférence. Grande pitié des églises de France, pour reprendre le titre d’un livre de Barrès !

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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