EHPAD publics et privés dans la tourmente : le ministre répond « animaux de compagnie »

ehpad

Que nul ne se méprenne : loin de moi l'idée de m'opposer à la décision de bon sens annoncée par les ministres Vautrin et Khatabi, vendredi, d'inscrire dans la loi l'obligation pour les EHPAD, publics et privés, d'accueillir l'animal de compagnie du résident âgé.

Décision consensuelle, l'auteur de l'amendement n'étant autre que le professeur Philipe Juvin, le député LR qui a défendu la mesure, ce 1er mars, sur franceinfoTV. Marine Le Pen, dont la passion pour les chats est notoire, devrait aussi approuver cette décision de bon sens.

On peut seulement s'interroger sur sa mise en œuvre pratique et les questions d'hygiène et de sécurité : pour le professeur Juvin, soit le résident en EHPAD est capable lui-même de s'en occuper, ce qui est le cas d'« un résident sur deux », selon lui, soit il n'en est pas capable et, dans ce cas, « on trouvera des solutions d'organisation ». Des solutions d'organisation ? C'est-à-dire quelqu'un. Du personnel ? Cela nous ramène à l'actualité brûlante des EHPAD, qui sont actuellement dans la tourmente. Tourmente financière et sociale. Mettre ce sujet des animaux de compagnie sur le devant de la scène ressemble, une fois de plus, à un coup de com' destiné à masquer de très lourds problèmes.

La crise des EHPAD n'est pas nouvelle mais s'est considérablement aggravée, ces dernières mois. Scandale ORPEA, crise du Covid, flambée de l'inflation et taux d'occupation en berne ont placé ces structures dans des situations financières intenables. Cette semaine, plusieurs informations, passées inaperçues, ont révélé l'ampleur de la crise. Du côté du secteur public, au Havre, des salariés des EHPAD de la ville ont manifesté jusque sous les fenêtres de la mairie pour interpeller Édouard Philippe sur des suppressions de postes annoncées.

Mais cette semaine a surtout été marquée par l'annonce, lundi, de la liquidation judiciaire du groupe privé Medicharme, qui gère 43 établissements en France. Durant la semaine, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe chez des centaines de familles (dont la mienne) et de salariés. Tout le monde espère que des repreneurs se présenteront. Mais la structure financière complexe du groupe et les problèmes structurels de rentabilité laissent planer le doute sur la reprise de certains établissements implantés dans des départements ruraux, comme le Lot-et-Garonne (3 établissements, 136 résidents) ou l'Ariège (2 établissements), où Laurent Panifous, député (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), selon Le Monde, intervient en faveur d'une reprise.

Si la banqueroute de Medicharme, 9e groupe privé lucratif spécialisé dans ces structures d'accueil, est une première en France, il n'est pas le seul affecté par des problèmes financiers. Le groupe Clairane, qui gère les EHPAD Korian, a, lui, engagé depuis novembre un plan de renforcement de sa structure financière comprenant un projet d'augmentation de capital de 300 millions d'euros, mais aussi un programme de cessions d'actifs d'environ 1 milliard d'euros, dont les premières réalisations ont rassuré, cette semaine, les investisseurs de ce groupe coté en Bourse.

On aimerait que nos ministres, avant de légiférer sur les animaux de compagnie, veillent à la pérennité de ce qui est d'abord vital et indispensable, pour les EHPAD comme pour tout : ma mère s'est passée sans problème de son chat, mais elle aimerait bien pouvoir rester dans l'établissement qui l'accueille depuis deux ans.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Un gouvernement ça devrait résoudre les problèmes plutôt que d’en créer de nouveaux .Dans l’Ehpad à côté de chez moi il y a un chat dans la résidence et quelques poules dans le jardin et tout le monde est content .

  2. Encore des élus hors sol qui attaquent toujours les problèmes par le mauvais côté.Rien ne va plus dans la république tant vantée.

  3. Nous, Français, devrions lancer une opération pour constituer une entité en mesure de racheter MEDICHARME !
    Si cela se monte, je deviens actionnaire.

  4. Vu les prix pratiqués en France pour le niveau de prestations fourni, je me demande comment ils peuvent faire faillite. Ca sent la gestion frauduleuse.

  5. D’où le débat sur la mort « anticipée » des personnes agées, qui est, finalement, pour nos dirigeants, la solution …

  6. Ahurissants ces ministres hors sol qui une fois de plus inventent des mesures législatives improbables pour dresser un écran de fumée pour cacher leur incapacité à gérer les difficultés des ehpad !
    Une fois de plus l’état tente de se défausser sur un tiers sans lui donner les moyens de gérer des contraintes supplémentaires.
    Aucune étude d’impact ne semble avoir été faite, ignorant de fait que les ehpad ont tendance à « stocker » leur patients sur des fauteuils roulants, ce qui ne paraît pas très compatible avec un animal de compagnie…

  7. Moi contribuable souhaite que le budget prélevé sur mes impôts et alloué aux prisons soit dorénavant alloué aux éhpads et que la gestion des prisons soit faite par ces investisseurs qui , sur le dos de nos ainés cherche à faire du bénéfice . Le budget annuel de plus de 500 000 mille euros pour une prison dorée consacré à ce terroriste dont le nom m’échappe ferait bien le bonheur de nos ainés . Et là on ne parle que d’un individu alors vu le nombre de voyous qui remplissent nos prisons il y a de l’argent à consacrer à ceux qui ont contribué à l’essor de ce pays , qui n’ont ni volé , violé ou tué .

  8. Quand on sait que, dans certains EHPAD, les résidents n’ont même pas droit à 2 douches hebdomadaires, on se demande dans quel état sanitaire vont être les animaux de compagnie.
    En plus des soignants, il faudra recruter des maîtres chiens pour gérer les conflits canins et faire taire les aboiements.
    Cette ministre est bien à la hauteur des exigences de la Macronie !

    • Il semble qu’une douche hebdomadaire ce doit déjà beaucoup !!! Et les autres jours ?
      Le personnel est débordé et ces ministres hors sol inventent des contraintes supplémentaires, il faut dire que monsieur Juvin semble ignorer que dans les ehpad la majorité des « clients » sont assignés au fauteuil roulant…
      Il ne faudrait pas confondre la majorité des ehpad et les résidences séniors !
      De plus, un animal n’est pas un objet que l’on pose là, il a besoin de sortir et il a aussi la nécessité de faire ses besoins !

  9.  » Encore un instant de bonheur  » Henry de Montherlant .
    Lorsque je quitterai ce monde je souhaiterais caresser encore une fois ma chienne et ma chatte et pour le reste laissez moi mourrir en paix et cesser de me gonfler sur terre ainsi que tous les Français .

  10. Toujours la perspicacité dans choix des priorités !
    Ici, on ne peut pas dire que sur le fond, ce choix soit mauvais.
    Néanmoins, peut-être que la question de la qualité des soins et de l’accueil aurait du être traitée préalablement, tant il est clair que l’accès des animaux de compagnie risque fort de compliquer le travail d’un personnel déjà surchargé.
    Bref : une « recette » de plus pour faire semblant de régler un problème majeur.

  11. Si la mère de Frédéric Sirgant a pu se passer sans problème de son chat pour aller en EHPAD, c’est tant mieux, cela a produit une souffrance en moins. En ce qui me concerne, je ne connais aucun cas de ce genre, bien que lourdement impliqué sans la Défense Animale. Toute entrée en EHPAD sans son animal de compagnie est un déchirement totalement inhumain.

  12. Et quand la « découverte » des situations difficiles dans les établissements accueillant des personnes en situation de handicap? où des postes prévus pour des éducateurs spécialisés sont tenus par des Aides Médico-Psychologiques pour des raisons budgétaires…

  13. Pour macron, l’important est de donner (beaucoup) d’argent à ce « pauvre » Zelensky (avec peut-être un petit retour dans la popoche)
    Le reste pffft , rien à en faire

    • Tout cet argent versé au clown ukrainien, aux Comores etc… pourrait bénéficier à notre pays déjà exsangue ! Bon article qui met en exergue les problèmes de gestion des Ehpad !

    • cette proposition n’est pas débile car certaines personnes âgées préfèrent rester seules chez elle au motif qu’elles ne veulent pas se séparer de leur animal de compagnie qui est , bien souvent, leur seule famille. et leur seul soutien.

  14. Comme quoi les députés sont très attentifs à la « non-urgence ». L’urgence, elle, peut attendre.

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