Les électeurs ne sont (malheureusement) pas des recruteurs !
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Certes, et bien que certains journaleux se soient ces derniers temps risqués à cette métaphore, l’électeur n’est pas un recruteur. D’ailleurs, il ne sélectionne pas : il suit ! Il entérine ! Il fait ce qu’on lui a insidieusement suggéré. La rationalité de sa décision frise le zéro pointé.
La politique, déjà réduite à « l’économisme », se rétracte encore jusqu’à une gestion technocratique des hommes et des choses. Pur produit d’une administration devenue pouvoir, notre Président impose dans chaque ministère, dans chaque cabinet ses hommes, ses clones, tous issus des mêmes filières, des mêmes milieux, tous conformés à sa géniale pensée. Nous voilà, avec eux, pourvu d’un exécutif musclé, dégraissé, motivé. Un exécutif qui sait où il va, sans trop se préoccuper de l’adhésion du pays.
Mais en face ? On oublie que la séparation des pouvoirs, fondement d’une démocratie représentative, implique également l’équilibre de ces mêmes pouvoirs. Le législatif doit, en quelque sorte, présenter une intensité, une dynamique et une volonté au moins équivalentes à celles des pouvoirs exécutifs et judiciaires. On est, bien sûr, loin du compte car dans le domaine parlementaire comme en toute chose, la quantité ne fait pas bon ménage avec la qualité.
La politique, qu’on s’en fasse une haute ou une basse opinion, suppose un certain dépassement de soi-même. Pour s’engager en politique, il faut penser « collectif ». Or, nos députés, par leur jeunesse, leur inexpérience et surtout l’individualisme ambiant, ignorent tout ou presque de l’histoire de notre pays, de sa longue et déroutante gestation, de la force créatrice des idées. Privés de ces connaissances, ils ne peuvent étayer de solides convictions. Ils sont la représentation d’un peuple amolli par le consumérisme, un peuple rendu docile par l’émotion.
"Je vous servirai avec amour"... C’étaient les derniers mots du premier propos public du nouveau Président de la cinquième (plus sûrement sixième !) puissance du monde. Et chacun des candidats d’En Marche !, dans chacune des circonscriptions, étant chargé de relayer ce message d’amour, il est dorénavant impossible de parler politique. Il fut un temps où l’électeur était confronté à de vrais choix, résultant eux-mêmes de vrais débats. Parce qu’en ces temps-là, l’avenir du pays s’incarnait dans des projets et des ambitions. Les confrontations d’aujourd’hui, les débats que la « Macronie » nous promet sont ceux qu’on voyait fleurir dans les assemblées (formelles et formatées) de l’ex-URSS : faut-il rendre obligatoire trois, cinq ou dix vaccins ? Faut-il ouvrir ou non les magasins le dimanche ? Faut-il un pont ou un tunnel pour franchir tel fleuve ? Pas de quoi rêver !
Quel est l’objet de l’amour immodéré de M. Macron ? Sans doute ces masses capricieuses, aux raisonnements superficiels et aux considérations matérialistes, ces électeurs souvent honnêtes et toujours de bonne foi qui, dans nos démocraties d’émotions, font, pour quelques deniers, le lit des autocrates...
Gustave Le Bon nous avait déjà démontré en 1895 qu’il ne fallait point trop compter sur les masses pour émettre des idées nouvelles et, a fortiori, originales. Les chefs de produits, les publicitaires et autres communicants seraient depuis longtemps au chômage s’ils avaient un tant soit peu fondé leur innovation sur le premier micro-trottoir venu.
Le Président Macron est sûrement conscient de l’inutilité et de l’inanité de cet électorat qu’il dit servir, mais auquel il sera pourtant reconnaissant de lui envoyer une Chambre introuvable et malléable à merci !
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