Élection de Trump : CNews accroît sa suprématie sur ses concurrentes

© Capture d’écran CNews
© Capture d’écran CNews

Donald Trump n’a pas triomphé seul, ce mercredi 6 novembre. C’est encore un pan de la forteresse BFM qui s’est effondré, face aux coups de boutoir de la diabolique CNews.

Au lendemain de l’élection présidentielle américaine qui a tenu le monde en haleine, CNews a reçu sans tristesse - on s’en doute - les résultats d’audience de la veille. En ce jour de retour triomphal et inattendu de l’ancien président américain, CNews s’est imposée comme la première chaîne d’information de France, la première chaîne de l’univers de la télévision numérique terrestre et la cinquième chaîne nationale, avec 4,5 % de part d’audience sur les Français âgés de 4 ans et plus, selon les chiffres de Médiamétrie communiqués par la chaîne. CNews signe, au passage, son record de la saison, enchaînant les exploits du matin au soir. Alors que tombaient les premiers résultats du scrutin, la matinale de Romain Desarbres battait son record historique, avec 370.000 téléspectateurs. Dans la foulée, Pascal Praud enregistrait son record de la saison, avec 650.000 téléspectateurs, Sonia Mabrouk son record historique, avec 475.000 téléspectateurs, Laurence Ferrari et Christine Kelly (qui recevait Éric Zemmour) leur record de la saison, avec respectivement 529.000 et 782.000 paires d’yeux et d’oreilles devant leur poste.

Un revers lourd de conséquences

Le quotidien Le Parisien a obtenu des échos en interne, chez BFM TV, où le dépit est palpable : « Que BFM TV soit devancée un jour d’élection aux États-Unis, c’est fou », glisse-t-on, au sein de l’ex-première chaîne d’information détrônée, voilà peu, par… CNews. « C’est hallucinant… et triste ! », ajoute cette voix anonyme. La punition est d’autant plus sévère que l’audience de BFM TV bondit traditionnellement, lors des grands événements. On a parlé, longtemps, de « réflexe BFM », pour qualifier l’attractivité traditionnelle de la chaîne, dès lors qu’un grand événement mobilisait l’actualité. Cette fois, plus que d’habitude, BFM avait mis les petits plats dans les grands et mobilisé de gros moyens pour envoyer près de 50 salariés outre-Atlantique, journalistes, cameramen, etc. CNews n'avait délocalisé que huit salariés.

Les résultats du 6 novembre ont des allures de tremblement de terre lourd de conséquences. Première conséquence : BFM TV est désormais fragilisée, face à CNews, même sur son point fort des grands événements, ce qui a de quoi interroger ses managers. Que reste-t-il, à l'ex-première chaîne d'information ? Deuxième conséquence : le déploiement de moyens de direct exceptionnels ne fait plus systématiquement la différence avec sa concurrente mois bien lotie, financièrement. Du reste, France 2, qui avait délocalisé le plateau de son 20 Heures à New York à grands frais, ne s’est pas rapprochée de TF1, toujours dominante, bien que le présentateur Gilles Bouleau soit resté à Paris. Là encore, quels atouts reste-t-il à BFM TV ? Troisième enseignement : le format d’information brûlante, appelé « breaking news » dans le jargon du métier, semble donc marquer le pas pour laisser la place à des décryptages et des analyses plus engagés. Le public aura préféré le commentaire, la marque de fabrique de CNews, à l’information brute, correspondant au savoir-faire de BFM TV.

Enfin, cette journée exceptionnelle confirme à la fois la dynamique, qui semble irrésistible, de CNews et la crise d’identité de BFM TV, désormais à la peine, face à sa concurrente, dans de nombreux compartiments du jeu. La preuve ? En octobre, CNews a encore atteint un nouveau record historique, avec 3,1 % d’audience de moyenne, en hausse de 0,4 point, ce qui représente un bond considérable sur le marché des chaînes d'information. Un défi considérable pour le nouveau propriétaire de BFM TV, le très macroniste Rodolphe Saadé, et pour ses équipes. Et une mauvaise nouvelle de plus pour la gauche française, dressée depuis des années jusqu’à l’obsession contre Vincent Bolloré et sa chaîne CNews. On se souvient de l’audition homérique du patron du groupe Bolloré à l'Assemblée nationale. L’audience de CNews, le 6 novembre, fait figure de caillou blanc sur le chemin de la révolution en cours dans les médias, comme dans l’opinion.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Il faut raison garder. C’est un événement politique qui est comparable aux soirées électorales. À part des bureaux de vote qui dépouillent il ne se passe rien. Donc inutile de vouloir faire des supputations et des événements grandiloquant car derrière la télé il n’y a rien à regarder si ce n’est la tronche d’un journaliste envoyé spécial devant un bureau de vote qui cherche quoi dire. Donc ça lasse et les commentaires en plateau sont plus pertinents, et c’est ce qu’a fait aussi LCI. En revanche si on assiste à un attentat ou un autre événement qui crée la stupeur à l’international, les commentaires en plateau ont moins leur place.

  2. Une chaine qui ne fait pas de commentaire, ça n’existe pas. Toutes les chaines ont un axe idéologique. Sauf que seule CNews l’assume totalement. La différence fondamentale, c’est que CNews ne se vautre pas dans la bienpensance progressiste. C’est ce qui continuera de faire son succès et c’est ce qui finira pas tuer les autres. Et plus BFM se débâtera en cherchant le clash, plus elle sombrera. Ce n’est plus ce que les gens veulent. CNews a un côté familial avec une camaraderie dont BFM ne sera jamais capable. BFM reste un ramassis de poupées Barbies maniérées qui n’en peuvent plus de se prendre pour de grandes journalistes, alors qu’elles n’ont pas le quart de la moitié de l’épaisseur intellectuelle et spirituelle d’une Sonia Mabrouk.

    • Comme pour les voitures électriques, vous ne les voulez pas, vous les aurez quand même. Qui c’est les plus forts ? L’idéologie pardi et la doxa ! non, non, les voitures électriques ne prennent pas feu, elles ont une grande autonomie, l’électricité ne va pas coûter plus cher que le diesel, faire le plein d’électricité n’est pas long, les batteries durent longtemps. Et puis c’est tout !

  3. Il y a longtemps que je ne regarde BFM , je la considère comme une chaîne de désinformation ou seuls la gauche à la parole et les invités sont principalement de gauche et les articles très orientés sur la pensée unique de gauche !

  4. Même lorsque ce n’est pas moi qui gère la télécommande et que je suis en train de faire autre chose, je devine immédiatement lorsque l’on écoute CNews ou une chaîne d’Etat subventionnée. De toute façon, sur toute autre chaîne je ne supporte pas et zappe au bout de 2 minutes maximum. Bravo et longue vie à CNews et à ses journalistes !

  5. Ne pas oublier que toutes les chaînes y compris bfmtv ont participe au bashing » anti trump » pas cnews qui s’est bornée comme d’habitude à dire la vérité et à attendre le résultat des urnes… »Saade grand ami de Macron »..je ne pensais pas que Macron avait des amis…il est surtout entouré d’un tas de courtisans,à la recherche d’avantages pour eux ou leur entreprise..et Saade en fait partie…

    • Erreur de focale : Saadé n’est pas un courtisan de Macron. C’est Macron qui est son obligé (comme de tous ceux qui ont largement contribué à ses campagnes électorales de 2017 et 2022) et lui renvoie l’ascenseur. Faites confiance à l’honorable Alexis Kohler – représentant officiel de MSC auprès de Manu – pour rappeler le président à ses devoirs…

      • L’avantage fiscal sur le fret qui concerne essentiellement msc et cma cgm sont effectivement des retours de  » bonnes manieres » à nos frais..d’ailleurs cet avantage remis en cause récemment par certains députés à fait menacer la France par M Saade d’aller s’installer au Maroc…

  6. Nos « élites » découvrent donc que les organes médiatiques de manipulation du peuple perdent significativement de leur efficacité. Comme elles n’ont aucune intention d’en tirer la conclusion que le peuple exige toujours plus ostensiblement d’être écouté, il va donc falloir renforcer les mesures de coercition et interdire tout ce qui détourne les gens de la parole officielle qui est la « vérité » face au « complot ». Après la fermeture imposée à certaines chaînes TV, ce seront donc des sites internet qui devront être interdits puis l’usage de VPN qui sera devenu illégal etc. A moins, que les Français ne se décident, enfin, à virer ces élites là.

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