Élection présidentielle : a-t-on des nouvelles de la candidature de Yassine Belattar ?
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Il l'avait annoncé à la télévision, notamment dans « Touche pas à mon poste ! », face à Cyril Hanouna, le Jacques Chancel de notre époque, à l'image d'une classe médiatique pleine de panache et d'intelligence. Si Éric Zemmour devait se présenter, Yassine Belattar se déclarerait candidat « le lendemain». On allait voir ce qu'on allait voir...
Autrefois opposés lors d'un débat poussif, Zemmour et Belattar sont les totems de deux France qui se disent oubliées et qui vivent déjà face-à-face. Côté Zemmour, les classes populaires, la France éternelle, le roman national ; ceux qui considèrent tant de concepts « fascistes» (identité, racines chrétiennes, Grand Remplacement) comme de simples évidences et qui en ont assez de se faire insulter pour ce qu'ils sont. Côté Belattar, la banlieue, la France des associations et des mosquées, la volonté de ne pas s'assimiler et de faire valoir ses droits ; ceux qui s'estiment opprimés, méprisés, et qui veulent plus d'argent et plus de considération sans avoir à changer.
Belattar se voit unilatéralement comme l'anti-Zemmour. Son souhait de s'opposer à l'ancien « polémiste d'extrême droite», comme le répète la presse, était donc cohérent dans son esprit. Mais... mais depuis cette tonitruante déclaration, Zemmour, lui, a déclaré sa candidature. Il est descendu dans l'arène et a même rassemblé près de 15.000 personnes dans le 93, après avoir déjoué les tentatives d'interdiction - pas très démocratiques, on en conviendra.
On attend encore l'annonce de Yassine Belattar. Peut-être rassemble-t-il ses troupes. Peut-être fait-il le tour de ses financements possibles. Si l'on en juge par ses déclarations au courageux journaliste de Livre noir qu'il aurait séquestré dans son théâtre, il peut faire fondre l'équivalent de « l'armée de terre » sur n'importe qui, transformant l'intéressé en « nouvelle Mila ». Une telle capacité de mobilisation ne laisse pas d'étonner. Il devrait donc pouvoir s'engager rapidement dans la course à l'Élysée.
Aurait-il peur ? Allons. Un homme qui recroqueville son cholestérol face à un Éric Naulleau prêt à le castagner en direct ne saurait être lâche. Non ? Alors, n'aurait-il simplement « que de la gueule », comme on dit ? Ne serait-il capable que d'intimidations et d'esclandres, avant d'aller faire la victime à la télévision ? Ce serait surprenant de la part d'un ami du président de la République, dont il a été un temps le conseiller pour les banlieues. La Macronie, on le sait, ne se compose pas que de députés qui ont du mordant ou tabassent leurs collègues à coups de casque, de mis en examen ou condamnés et de petites frappes. Ça se saurait.
On ne sait pas ce qui retient Yassine Belattar de se présenter à l'élection dans ces conditions. Il l'a quasiment promis. Il doit sans doute peaufiner son programme : des mesures de fond, sur l'énergie, le pouvoir d'achat, l'industrie ou l'éducation.
« Nul ne ment autant qu'un homme indigné », disait Nietzsche. De fait, quand Belattar sort de son rôle de représentant goguenard des banlieues, c'est pour accuser ses contradicteurs de racisme - lui qui n'hésite pas à s'en prendre au faciès oriental de ses opposants politiques, comme Jean Messiha. Il raconte alors des salades. Il chouine. Puis poste une vidéo dans laquelle, entouré d'amis, il joue au bonhomme.
Peut-être espère-t-il un ministère dans le second quinquennat Macron ? La Ville ? Ou la Communication ? Ce serait un motif valable, à défaut d'être honorable. Et ce ne serait même pas délirant de l'imaginer.
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