Élections européennes : qui perd gagne !

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Les élections européennes ont été très paradoxales, car il n’y a pas eu de scrutin européen, mais autant de cas de figure qu’il y a de pays. Pas plus dans le domaine électoral qu’en économie il n’y a de convergence continentale. En apparence, les électeurs se sont davantage mobilisés que les fois précédentes. Certains pourraient y voir un début de conscience européenne. Si les problèmes auxquels sont confrontés les peuples sont différents ou vécus différemment en raison de l’Histoire, beaucoup d’Européens se sont rendu compte que l’Europe n’était pas étrangère aux solutions qui peuvent être apportées.

Davantage d’électeurs, donc, mais mobilisés sur des terrains essentiellement nationaux, avec des priorités diverses. La progression des Verts, en Allemagne et en France, n’est que l’exception qui confirme la règle, exception dénuée de logique, d’ailleurs, puisque les problèmes écologiques des deux pays ne sont pas les mêmes, notamment sur le plan énergétique. Mais en France, le matraquage présidentiel sur l’écologie et les manifestations récurrentes des jeunes pour le climat ont créé une onde qui a placé en troisième position un parti dont les orientations sont éloignées des priorités qui s’imposent au pays : croissance économique, emploi, défense de l’identité et redressement de la natalité.

L’immigration a été, avec plus de réalisme, au centre des préoccupations dans plusieurs pays. En Belgique flamande, la nette victoire des nationalistes, dont les partis modéré et dur arrivent respectivement en première et deuxième position, fait suite au retrait du NVA de la coalition gouvernementale après l’approbation, par le gouvernement, du pacte de Marrakech. En Hongrie, Orbán peut fêter un résultat exceptionnel. Le Fidesz obtient 56 % des voix, en progression de 5 points sur 2014. Ce parti aura plus de députés que Les Républicains français. Comme la CDU-CSU recule également, il est probable que ceux qui veulent exclure le Fidesz du PPE y réfléchiront davantage. En revanche, après la révélation – tardive – de la vidéo compromettante du vice-chancelier autrichien issu du FPÖ, c’est la droite conservatrice qui l’emporte largement : elle est créditée de la politique, menée en commun avec les « nationalistes » ou « populistes », de fermeté à l’encontre des migrants et en tire le plus grand bénéfice puisque le scandale qui a atteint l’allié ne l’a nullement touchée.

En France, les résultats sont conformes aux derniers sondages à l’exception de la surprenante permutation entre les Verts et Les Républicains, alors que ces partis ne sont nullement des vases communicants. On peut en tirer quatre conclusions : d’abord, le Président avait lancé un défi. Il l’a perdu, mais pas dans des proportions calamiteuses pour lui, ce qui aurait été le cas si la liste qu’il soutenait était descendue sous les 20 %. Ensuite, l’effondrement inattendu des Républicains va certainement obliger ceux-ci à se réorganiser, à changer de président et peut-être à se recentrer sous la pression des Valérie Pécresse et autres Xavier Bertrand. Gribouille ne ferait pas mieux. C’est pour n’avoir pas été clairement à droite au bon moment, c’est-à-dire entre 2007 et 2012, que ce parti peut aujourd’hui disparaître, une partie de ses électeurs ayant voté pour le Rassemblement national et une autre pour LREM, c’est-à-dire pour Macron, qui n’est pas du tout un homme de droite, sauf pour les naïfs.

On peut encore souligner l’échec de l’opération intelligente qui avait vu naître, sous l’impulsion de Robert Ménard et de quelques autres, un maillon capable de relier les deux droites, dénommé Les Amoureux de la France. Celui-ci pouvait au moins espérer profiter du recul des Républicains. La liste conduite par Nicolas Dupont-Aignan, qui avait eu le courage de s’opposer à Macron à la présidentielle, n’aura aucun élu. Enfin, pour ceux qui se réjouiraient trop de la « défaite » du parti présidentiel, ils devraient songer que sa présence en seconde position face à la formation de Marine Le Pen, et avec, loin derrière, en troisième position, des Verts qui ne voteront en aucun cas pour la présidente du RN, doit lui laisser espérer, ce soir, une réélection en 2022 suivant un scénario identique à celui de 2017 !

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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