Élections législatives en Allemagne : percée historique pour l’AfD

Capture d’écran © Bundestag
Capture d’écran © Bundestag

C’est un record. Ce 23 février 2025, jour des élections législatives allemandes, l’Alternative für Deutschland (AfD) devrait durablement marquer sa place dans le paysage politique allemand. Alors que les bureaux de vote fermaient, ce dimanche soir à 18 heures, l'AfD se positionnait en deuxième place dans les sondages à la sortie des urnes, avec environ 20 % (soit 142 sièges sur 630 au Bundestag) - un niveau jamais vu -, derrière la coalition CDU/CSU de Friedrich Merz, créditée de 30 %. Le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz s'écroule littéralement puisqu'il ne récolterait que 16 à 16,5 % des voix, contre 25,7 % en 2021. Une défaite historique pour le vieux parti social-démocrate de Willy Brandt et d'Helmut Schmidt. Cette progression notable de l’AfD reflète une dynamique favorable pour le parti de droite radicale.

Alice Weidel, candidate à la chancellerie pour l’AfD, se montre très optimiste : « Je pense que nous allons obtenir un très, très bon résultat. » Confiante, la candidate a même tendu la main à une coalition AfD/CDU, indispensable pour gouverner Outre-Rhin : « Ma main est tendue. On peut entamer des négociations », a-t-elle affirmé. Cette dernière est même allée jusqu’à soutenir l'idée d'une coalition où l’AfD serait le « partenaire mineur ». Cet optimisme affiché par la leader de l’AfD s’appuie sur une campagne axée sur la sécurité, l’immigration et la souveraineté nationale, des thèmes qui résonnent fortement auprès d’une partie de l’électorat allemand.

Un programme anti-immigration qui fait écho

L’AfD a compris les grandes mutations qu’impliquait le rush migratoire de 2015. L’arrivée d’un million de réfugiés syriens - et autres - a durablement modifié le quotidien des Allemands. Face aux nombreuses attaques et viols commis par des étrangers, le discours de l’AfD s’est adapté. Il ne s’agissait plus uniquement de parler d’économie (thématique très forte à l’Est du pays, touché par le chômage) mais de régulation de l’immigration.

Interrogé par BV, le président du groupe L’Europe des nations souveraines au Parlement européen, René Aust, nous donne le programme de son parti en la matière. Première étape, s’attaquer à l’islam radical, « longtemps ignoré par les partis établis qui ne veulent pas faire face aux conséquences fatales de leur propre politique. » L’ex-numéro 3 de la liste de l’AfD aux élections européennes le martèle : « Nous devons nous attaquer à la racine du problème : mettre fin à l'immigration de masse en Allemagne. » Et de conclure :  « C'est ce que défend l'AfD. »

Un facteur clé : la multiplication des attentats

L’Allemagne est frappée de plein fouet par le terrorisme islamiste. En quelques mois, plusieurs attaques ont profondément marqué la société allemande - et profité à l’AfD, qui alerte sur cette question depuis 2015, dans les sondages. À deux jours des élections, c’est un migrant syrien qui a déclenché la terreur à Berlin. Poignardant un touriste espagnol, l’homme s’était rendu au Mémorial de l’Holocauste pour « tuer des juifs ». Une semaine plus tôt, le 15 février dernier, une mère et sa fille étaient gravement blessées par un homme ayant agi par « motivations religieuses » (elles sont décédées depuis).

Deux jours plus tôt, à Munich, un demandeur d’asile afghan fonçait dans la foule blessant trente personnes. Enfin, le drame du marché de Noël de Magdebourg est, lui aussi, dans toutes les consciences. Le 20 décembre, un homme d’origine saoudienne commettait un attentat à la voiture-bélier, faisant deux morts et une soixantaine de blessés. Autant d’événements tragiques qui ont permis à l’AfD de se hisser à la deuxième place dans les sondages d’opinion loin devant les socio-démocrates du SPD.

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