Élections municipales futuristes dans la bonne ville de Trappes
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La reine Adélaïde, Robert le Pieux, Saint Louis, François Ier, Louis XVI : de nombreux personnages de l’Histoire de France, et non des moindres, ont honoré de leur visite cette ville des Yvelines, jadis propriété de l’abbaye de Saint-Denis, à deux pas de Versailles. Pour marquer la victoire aux élections municipales, ce dimanche 11 octobre, d'Ali Rabeh (Génération.s), Trappes a reçu, ce week-end, une autre visite, celle de Benoît Hamon, ancien ministre, candidat malheureux à la présidentielle de 2017, venu célébrer une victoire. La sienne ou presque, celle du candidat qu’il soutenait. Il pose sur les réseaux sociaux aux côtés du nouveau maire de Trappes, largement élu dès le premier tour par les 35.000 habitants. On les appelle les « Trappistes ». Jean-Luc Mélenchon (LFI), Julien Bayou (Verts), Nadia Hai, ministre délégué à la Ville originaire de Trappes, ont également aussitôt félicité l'heureux élu.
À l’annonce des résultats, le mouvement Génération.s d’Hamon basculait dans le délire. « Ali Rabeh diffamé, Ali Rabeh injurié, Ali Rabeh défié, mais Ali Rabeh plébiscité », clamait, sur Twitter, Benjamin Lucas, le coordinateur national de Génération.s, s’inspirant des mots du général de Gaulle lors de la libération de Paris. En fait de libération de Trappes, Rabeh a été réélu, ce dimanche, « face à une droite zemmourisée et clientéliste », assurait-il sur les réseaux sociaux. La précédente élection de Rabeh à la mairie avait été annulée, en août dernier, le candidat n’ayant rien trouvé de mieux que d’imprimer son effigie sur des masques distribués aux habitants, aux frais du contribuable. Face à Rabeh, son opposant Othman Nasrou essuie une cuisante défaite : il ne recueille qu’un peu plus d’un tiers des voix. Le représentant de la droite « zemmourisée et clientéliste », selon Rabeh, est en réalité un proche de Valérie Pécresse, assez peu sectaire pour avoir conclu une alliance avec l’ancien maire PS Guy Malandain. Un attelage rarement observé en France, mais Trappes est à part. On s’y dispute ferme.
Les opposants de Rabeh n’ont eu de cesse de dénoncer ses pratiques. Intimidations, menaces, pressions : Rabeh n’a pas fait la vie facile à son opposant, selon le second. Dans Le Monde du 16 septembre 2021, Othman Nasrou assurait : « Nous ne sommes plus dans un débat entre la droite et la gauche mais entre la République et le clientélisme. » Une vieille tradition locale. En 2018, Marianne accusait la mairie, alors tenue par Guy Malandain, de financer, par exemple, les locaux de la principale association musulmane de la ville qui abritait aussi une école coranique ouverte aux enfants dès trois ans. Trappes, ville de Jamel Debbouze et d’Omar Sy, est l'une des villes françaises dans lesquelles on a enregistré le plus de départs vers les groupes de combattants salafistes d’Irak et de Syrie.
Dans cette cité où le professeur devenu médiatique Didier Lemaire enseigna longtemps la philosophie, les écoliers n’ont pas toujours l’air faciles. Lemaire exposait, dans Le Point, son sentiment d'insécurité et expliquait qu'il partait travailler la peur au ventre dans ce qu’il considère comme « un territoire perdu de la République ». Le territoire n'est pas perdu pour tout le monde, en tous cas pas pour Benoît Hamon.
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