Élections municipales : la France effritée
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Ce scrutin de proximité connaissait habituellement des records de participation. L’effritement de celle-ci est un signe du délitement de la nation française. 2020 a accéléré le processus dans le contexte du COVID-19. 56 % des électeurs au premier tour, 60 % au second ont déserté les bureaux de vote.
À Moissac, ville de 13.000 habitants où le RN l’emporte, 42,21 % d’abstentions, 55,10% à Paris Ve, 67,48 % à Saint-Denis et 77,25 % à Roubaix. L’enjeu politique d’une part, la composition sociologique de la commune, d’autre part, avec ses tranches d’âge, sa proportion d’immigrés peu intégrés, expliquent ces différences qui dessinent une France éclatée. Dans l’ensemble, beaucoup de maires ont été reconduits après une campagne altérée par le confinement et dans l’indifférence d’un grand nombre d’administrés.
La vague verte n’est électoralement parlant qu’une vaguelette, mais c’est un tsunami symbolique puisque l’alliance avec le PS à Paris procure une très nette victoire et que de grandes villes tombent entre les mains des pastèques, ces gauchistes repeints en vert plus enclins à se battre sur les questions sociétales et en faveur des migrants que pour l’environnement, si ce n’est à travers leur acharnement contre la voiture. Bordeaux, Strasbourg, Tours, Annecy, Besançon sont enlevées à la droite et au centre, Poitiers à la gauche. L’ex-maire de Lyon, socialiste devenu LREM, puis allié à la droite, est sèchement battu jusque dans son secteur, et son dauphin largement distancé. Ce succès est, pour la France, un abominable contresens. Notre pays est assez exemplaire pour la production de gaz à effet de serre. Il souffre, en revanche, d’une anémie de son industrie, et d’un excès de règlements, d’interdictions et de taxes qui sont les marottes des prétendus Verts, lesquels sont les vecteurs privilégiés de l’immigration et de l’insécurité, comme on le voit dans leur laboratoire de Grenoble. Mais la connivence entre la faune médiatique et les écolo-gauchistes est telle que leur image, loin d’en être ternie, est chaque jour ripolinée. Les grandes villes vertes, c’est l’île des bobos et de la diversité communautaire.
Sur une autre île moins favorisée par les dépliants touristiques, il y a les périphériques profonds, ceux du Pas-de-Calais et de Perpignan. Louis Aliot a remporté cette dernière. Bruay-la-Buissière aura un maire RN : c’est tout dire sur le lien entre ce parti et une certaine désespérance nationale. Entre ces deux extrémités de l’Archipel, il y a de multiples situations. Sans doute y a-t-il une proximité sociologique apparente entre les électorats LR et LREM, comme l’avait montré l’impressionnant glissement des votes parisiens aux législatives, mais l’alliance entre les deux n’a pas été plébiscitée par leurs électeurs. Ceux de Fillon ont le sentiment d’avoir été volés de la victoire de leurs idées, en 2017, par Macron. L’accord superficiel sur des questions économiques entre les deux ne peut combler le fossé entre le progressisme macronien et le conservatisme qui anime nombre d’électeurs LR privés, depuis le départ de Fillon, d’un chef qui serait en tous points le contraire du Président actuel. L’inexpérience et l’amateurisme de celui-ci, le désordre dans lequel s’enfonce la France ont largement diminué le crédit dont il bénéficiait et qui amenait vers lui tous ceux qui courent vers la victoire. Plus que jamais, son jeu repose non sur ses qualités mais sur l’absence d’adversaires capables de mobiliser tous les opposants le soir du second tour. Le terne Édouard Philippe, étonnamment dopé par la gestion pourtant désastreuse du Covid-19, a été réélu au Havre avec 58 % d’abstentions et face à un communiste. Pas un triomphe capable de lui conférer l’autonomie !
Le Président élu en 2017 devait rassembler sur un projet novateur et il s’est enlisé dans les méandres des contradictions du « en même temps ». Sa volonté absurde d’associer le redressement et l’expansion économiques avec l’écologie a produit ses effets : mise en valeur des Verts et accroissement de leur poids, mortel pour notre économie. Il lui reste quelques survivants de ses amitiés socialistes, comme Castaner ou Belloubet, qui révulsent tout homme de droite. Grand « dislocateur » de notre pays depuis trois ans, on a de la peine à croire qu’il pourra recoller les morceaux de sa « majorité » qui a perdu toute légitimité dans le pays réel. Il reste à la droite à s’unir derrière un candidat crédible pour mettre fin à la sortie de piste démocratique du macronisme.
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