Élections municipales : La République en marche à reculons 

Panneaux électoraux

Si l'on en croit le JDD, En Marche ! se préparerait à une défaite aux municipales. Le mouvement qui a porté Macron au pouvoir ne spécule plus sur ses probables victoires : il affûte ses arguments... pour minimiser sa défaite. Il faut dire que le camp majoritaire a de quoi s'inquiéter : le mécontentement des Français contre la politique présidentielle va croissant.

Selon Stanislas Guerini, le délégué général du mouvement, si le parti passait de 2.000 conseillers, actuellement, à 10.000, « ce serait un pas de géant ». Mais il ne parvient pas à convaincre ses troupes : des conseillers municipaux, même en nombre conséquent, ce ne sont pas des mairies gagnées. Le JDD rapporte le propos désabusé d'un député LREM : « Est-ce qu'on arrivera à passer le mur du son avec la multiplication du nombre de nos élus locaux ? » Le patron du mouvement n'y croit pas lui-même, alors, il joue le modeste : « Notre objectif est de faire gagner nos idées, pas de planter des drapeaux. »

Il faut dire que la situation se présente mal. Toujours selon le JDD, un « poids lourd macroniste » se désespère : « Paris, c'est foutu ; à Marseille, je ne comprends plus rien ; on ne va jamais y arriver à Montpellier ; et à Bordeaux, on va se faire éclater. » Sans compter les dissidences : Cédric Villani, qui, après avoir été reçu à l'Élysée par Macron, lui fait une sorte de bras d'honneur et maintient sa candidature. Une situation qu'on retrouve dans une quinzaine de grandes villes, comme Lyon, Nîmes, Annecy, Besançon... On dirait que quelques marcheurs prennent leur indépendance et quittent les rangs. Sentiraient-ils le vent tourner ?

Stanislas Guerini n'a plus qu'à sortir de ses manches une carte qui lui permettra, espère-t-il, de sauver les apparences. Il mise sur l'ambiguïté : « Je vise beaucoup de succès. Pas pour LREM dans une démarche partisane, mais pour la majorité présidentielle », déclare-t-il. Il soutient des maires sortants, qui ont toutes les chances d'être réélus, pour « fédérer des élus progressistes qui ne [les] avaient pas encore rejoints ». Il en est ainsi de Toulouse et d'Angers, où le parti majoritaire vient à l'appui des maires de droite. Un moyen facile de prétendre gagner des villes.

À condition que les électeurs marchent dans ces combines électorales, ce qui est loin d'être sûr. Le même JDD rapporte que, selon un décompte qui circule au sein de la Macronie, « ce sont pas moins de 137 villes, de plus de 10.000 habitants pour la plupart », qui pourraient tomber entre les mains du Rassemblement national : 61 en PACA, 51 en Hauts-de-France, 14 en Occitanie, dont la ville emblématique de Perpignan, 9 dans le Grand Est. Au total, il pourrait emporter 11 villes de plus de 50.000 habitants. Saint-Quentin, le fief de Xavier Bertrand, serait même susceptible de basculer !

Le parti de notre Président jouerait-il à se faire peur ? Il veut surtout, selon l'habitude de son maître, effrayer les électeurs par la perspective d'une raz-de-marée du Rassemblement national. Faute d'avoir la capacité de séduire une majorité de Français, chercherait-il à refaire le coup de la présidentielle, c'est « moi ou le chaos » ? Mais il est peu probable que ceux qui se sont fait avoir une fois renouvellent l'expérience. « Tout sauf Macron » pourrait bien être leur devise.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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