Élections présidentielles : mais qui sont les électeurs d’Emmanuel Macron ?

Capture d’écran (12)

Réélu, ce dimanche soir, avec plus de 58 % des voix, le Président sortant a bénéficié des suffrages de ceux qu’il avait dorlotés pendant cinq longues années : les personnes aisées et les habitants des banlieues. De manière plus étonnante, les seniors ont également largement plébiscité le Président-candidat.

Il faut dire que les deux premières catégories lui doivent une fière chandelle. Le « Président des riches » n’a eu de cesse, pendant son quinquennat, de multiplier les réformes favorisant les foyers les plus à l’aise. Prenons pour exemple une mesure phare du budget prise sous Emmanuel Macron : la transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière. En résumé, sur les 350.000 foyers dont le patrimoine dépasse 1,3 million d’euros et qui sont donc assujettis à l’ISF, il ne reste plus que 150.000 personnes concernées par cette imposition qui ne s'applique désormais plus que pour le patrimoine immobilier. On comprend qu’ils en redemandent ! Et on serait tenté de dire, après François Hollande - une fois n’est pas coutume : « Ce n’est pas vrai [que Macron est le Président des riches]. C’est le Président des très riches ! »

Les habitants des banlieues ont eux aussi choisi, même si davantage par défaut, de reconduire le Président sortant. Alors qu’ils avaient largement plébiscité Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour – le candidat LFI remportant 49,09 % des suffrages exprimés en Seine-Saint-Denis -, c’est vers Emmanuel Macron que leurs voix se sont ensuite portées, ce qui n’est guère étonnant. Leur choix, on le devine aisément, ne s’est pas fait sur les mêmes critères que les catégories aisées. Il s’est imposé pour des raisons plus « personnelles » : les électeurs de banlieue ont été séduits par le discours charmeur du locataire de l’Élysée. Foin de Marine Le Pen, qui souhaite rétablir l’ordre dans leurs quartiers, mettre fin à l’impunité dont ils jouissent et expulser sans états d’âme certains de leurs congénères. Macron, lui, les a compris. Il les aime. Il prend même le temps d’un petit match de boxe avec eux, avant de déclarer, admiratif : « L’ensemble des habitants de nos quartiers populaires sont une chance pour notre République. » Et de clamer qu’aucun des problèmes « économiques et sécuritaires » de ces quartiers ne saurait être réglé « en déconsidérant une partie de la population ». Suivez son regard… La stratégie est payante, puisqu’au soir du 24 avril, Emmanuel Macron a recueilli 79,09 % des voix en Seine-Saint-Denis, par exemple.

La dernière catégorie d’électeurs de Macron est plus étonnante. Elle regroupe les retraités, ceux-là mêmes, donc, qui ont vu la CSG augmenter de 1,7 point, pendant que les cotisations sociales baissaient pour les actifs. Une mesure qu’Emmanuel Macron justifiait ainsi : « C'est une mesure qui renforcera en actes la solidarité intergénérationnelle car, grâce à vous, nous redonnerons du pouvoir d'achat à vos enfants et à vos petits-enfants après une décennie au cours de laquelle il n'a que très peu augmenté. » Une magnifique leçon de générosité qui les aura visiblement convaincus. Ces retraités, donc, qui ont également vu le gel des pensions de retraite en 2018 pour faire des économies dans les dépenses publiques, étaient 61 % à compter voter pour Emmanuel Macron, ce dimanche, quand 71 % des plus de 70 ans avaient prévu de donner leur suffrage au Président-candidat. Un choix déconcertant qui laisse à penser que les beaux discours de Macron sur la réforme des retraites couplés à une diabolisation savamment orchestrée de son opposante ont largement porté leurs fruits.

Le score réalisé par Emmanuel Macron, au soir de ce second tour, est plus que jamais la concrétisation de la fracture béante qui divise la France en deux. Désormais, des clivages géographiques, générationnels, professionnels qui font que, au sein même des électeurs du Président, aucune unité ne semble possible. La France des oubliés fait plus que jamais face à la France mondialisée. Emmanuel Macron a martelé hier qu’il serait « le Président de tous les Français », a-t-il vraiment pris conscience de la profondeur de cette fracture, qui pourrait atteindre un jour un point de non-retour ?

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

66 commentaires

  1. Ah les + de 70 ans ont votés Macron? étonnante info ou simplement une info bidonnée
    Pour mémoire le vote est secret y aurait- il des caméras dans les isoloirs
    Madame Le Conte les personnes âgées ne sont pas toutes séniles et savent compter
    ils constatent les dégâts de leur pouvoir d’ achat, le déclin du pays, constatent que leurs
    descendants ont abandonné tout espoir en leur pays

    • Info bidonnée selon moi, car beaucoup de retraités comme moi, n’ont jamais voté Macron, ni en 2017, et encore moins en 2022

  2. Mes contemporains, pour la plupart, vivent dans la PEUR (peur du virus, peur de la guerre, peur de l’insécurité, peur du chômage, peur du changement, etc…la liste est longue)
    Cette peur est soigneusement entretenue par une grande majorité des médias qui profitent de la situation, qui entretiennent soigneusement l’idée qu’il « faut faire barrage à l’extrême droite ». Cette idée est périmée…
    Je suis un « ancien », mais je n’ai pas voté pour le Roi E.M.

  3. Arrêtons de tout compliquer, j’ai travaillé dans un bar étant jeune. Vous prenez un shaker vous versez un demi contenu d’incultes et d’abrutis, une bonne dose de socialistes des beaux quartiers, une dose de familles très aisées, une dose d’hyper classe 3 étoiles, un zest de gauchistes. Un peu d’anti France et d’étrangers à la fin permettent une meilleure union. A déguster bien glacé.

  4. L’étude de la sociologie des électeurs de Macron évite soigneusement d’évoquer les 7 millions d’électeurs binationaux musulmans. Un oublie ballot ?

    • Disons que la journaliste les regroupe pudiquement sous le vocable « les habitants des banlieues » …

  5. Désormais, les vieux seront heureux de se reprendre 3 points de CSG-CRDS en 5 ans !…
    On ne va pas pleurer pour eux.
    Ils ont tèèèlllllement eu peur du covid !

    • Un peu de respect pour les « vieux » qui travaillaient 40 heures, 3 semaines de congés payés et pas de RTT.

    • Et vous si vous étiez en santé précaire après une vie de labeur, vous n’auriez pas peur du covid ?

    • Qu’on arrête de croire à ces sornettes! Senior moi-même, ainsi que mes frères et sœurs et beaucoup de mes amis retraités, nous n’avons pas voté Macron! Parmi mes relations de retraités, je ne connais que 2 couples qui ont voté Macron, car ils font partie des très riches. Je n’y crois pas moi au vote des retraités en faveur de Macron.

    • Et si beaucoup trop de jeunes pensaient à autre chose qu’aux teufs, tarpés et réseaux sociaux, ils conserveraient peut-être des droits que leurs anciens avaient conquis. Il est vrai que ces anciens étaient au boulot depuis l’âge de 14 ou 15 ans.

  6. Le point de non-retour est largement dépassé.
    Vous l’avez dit, dans la macronie il y a les seniors, révolutionnaires soixantuitards et leur peur bleue du moindre changement.
    Il y a aussi les jeunes mondialistes triomphants.
    Mais aussi une bonne partie des populations musulmanes…
    Déjà dans ce camp ces 3 composantes n’ont aucun intérêt commun.
    Quant aux opposants, n’en parlons même pas, c’est maintenant la haine qui les sépare.
    Cette réélection va faire imploser la France.

  7. non, non, pas les retraités ! je réitère mes dénégations ( ici , village de retraités : 60% Marine )

  8. Réponse : un conglomérat à motifs et situations diverses et contrastées, mais en tout cas pas des courageux? pas des héros, pas des fonceurs ni des novateurs, pas des gens à longue vue  » dans la profondeur » ; et pas des parents responsables..

  9. J’ai beaucoup aimé le passage « mettre fin à l’impunité dont ils (les populations de banlieues) jouissent » Vous sous-entendez donc que ces populations, toutes les populations de banlieues, sont dans l’illégalité. Continuez ainsi… si le camp patriote continue ainsi à mépriser les habitants de ces quartiers, cela fera autant d’électeurs qui feront la différence aux seconds tours.
    Pour connaître des habitants issus de ces banlieues, une majorité a gagné les classes moyennes voire la bourgeoisie.

  10. Ce sont en majorité les arrivistes , qui sont si fiers de sortir leur tél pour fréquenter les resto et les bars à la mode,pour se foutre de la gueule de ceux qui ne sont pas vaccinés , les autres sont les vieux nantis qui ont peur de perdre leur 4 sous, et les blindés qui par copinage échappent à toutes les contraintes appliqués aux gueux du bas , puis viennent les musulmans qui suivent les consignes de leur mosquées ,eux sont les plus peinards, personne n osent les contrarier

  11. On pourrait comprendre que les jeunes générations votent pour Macron, faute d’éléments de comparaison et convaincus par l’école et la propagande médiatique que l’état actuel de la France est normal, mais il faut croire qu’une large partie des seniors souffre d’Alzheimer pour avoir oublié qu’un autre pays existait, dont la situation était bien meilleure dans à peu près tous les domaines : éducation, sécurité, immigration, services publics, … , pays déconstruit par Macron et ses prédécesseurs.

  12. Il a fracturé la France, il va continuer à la détruire jusqu’au moment où ça va finir par exploser. Alors, le freluquet dira qu’il n’est pas responsable, s’enfuira, mais reviendra lui ou sa bande, une fois la situation rétablie pour re-détruire à nouveau avec la bénédiction des veaux qui continueront à croire aux mirages. Français, réveillez vous.

  13. Stop ,nombreux retraités n’ont pas voté Macron .Il a été voté dans les banlieues , par les riches , les journaux qui touchent des subventions indécentes et ces acteurs et sportifs qui vivent à l’étranger .La majorité des retraités et les français moyens , c’est à dire les pigeons qui paient pour tout et tous n’ont pas voté Macron .

    • Oui, il se trouve simplement que beaucoup de retraités sont aisés, ce qui conduit à une analyse fausse.

    • Vous ne pouvez pas aller contre les études d’opinion et les sondages, les retraités autour de moi votent en majorité Macron et c’est compréhensible, ils touchent leurs retraites, assez confortable quand les deux ont travaillé, ils ont leur maison ou leur appartement, des enfants qui pour la plupart sont installés dans la vie, ils partent se promener en voyages organisés et n’ont pas de soucis majeurs, alors 1point 7 de CSG en plus ne les atteint que peu.

    • je jure bien que je n’ai, pas plus que tous les seniors de mon entourage, voté pour ce triste sire. Dès son apparition en 2017 j’ai prévenu les jeunes autour de moi que surtout, surtout, il ne fallait pas le porter au pouvoir. Je ne souhaite qu’une chose : qu’il sorte de la vie politique. Et je lui rends sa politesse quand il dit qu’il « emm… » soit disant les non vaccinés, non : il emm… et méprise le peuple en général et ,cerise sur le gâteau, avec toute son affection. Ridicule.

    • Tout à fait d’accord nous sommes retraités et nous avons voté Marine. Ceux qui ont voté macron devraient s’étouffer avec leur honte

    • De ceux que j’ai vus, les seuls retraités qui se sont déclarés prêts à voter Macron, font partie d’une certaine bourgeoisie provinciale: belles propriétés, vacances élitistes, tous les signes extérieurs de richesse! Et puis, il y a les autres retraités: ceux qui ne prennent pas de vacances, qui se chauffent a minima, qui hésitent à utiliser leur voiture à cause du prix de l’essence, qui font leurs courses dans les « hard-discount ». Ce ne sont pas les mêmes retraités.

  14. Celà finira en guerre civile. Ceux qui donnent à l’état plus que ce qu’ils reçoivent contre ceux (assistés) qui reçoivent plus que ce qu’ils lui donnent et qui ont intérêt à ce que ce système perdure (même la suppression de la taxe d’habitation était une fausse-bonne idée).
    Dans un immeuble an copropriété, seuls ceux qui payent les charges (propriétaires) votent pour le choix du syndic et les travaux à faire, avec un pouvoir selon les tantièmes. Pourquoi n’applique-t-on pas le même principe?

  15. cette typologie des électeurs qui vont à reculons m’étonne à plus d’un titre : cadre retraité j’ai subit la CSG discriminatoire et le gel de mes retraites , sans compter toutes les avanies sociétales .Cela était suffisant pour mettre fin à son CDD même s’il nous a juré avoir changé, mûri, appris etc , je commence dès maintenant à tenir la liste des promesses non tenues et des mesures liberticides de ce petit monsieur .

    • Je suis bien d’accord avec vous mais beaucoup de gens sont restés bloqués sur le front républicain. On leur a dit une fois que ce serait la fin du monde si le RN était aux manettes et ils le croient toujours dur comme fer. Dans le lot, il n’y a malheureusement pas que des gens forcément très riches. Après avoir essayé : c’est impossible de leur faire entendre raison , surtout quand BFMTV reste pour eux parole d’évangile .

      • « Après avoir essayé : c’est impossible de leur faire entendre raison » Pour une raison fondamentale, explicitée par Georges Frèche, socialiste triomphant à Montpelier : « Mon électorat est composé à 95% de débiles mentaux, et c’est à eux que je m’adresse dans mes campagnes électorales ». Il se trompait sur le chiffre : le score de Zemmour montre qu’ils ne sont que 93%.

    • La raison majeure tient à votre « sans compter les avanies sociétales ». Autant je connais beaucoup de jeunes que ça choque, autant les 60-80 ans s’en fichent éperdument. 80% d’entre-eux sont marqués par l’esprit 68, les idées peace & love, le libertaire et la jouissance. En résumé, ils ont la haine de la morale traditionnelle. Une part importante à de l’argent. Leur perception de la réalité est totalement faussée ce qui fait d’eux des irrécupérables à vie.

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