Élections régionales : une nouvelle claque pour Macron
Le premier tour des élections régionales s'est illustré par un taux record d'abstention (68 %). Il explique, sans doute, le succès de la plupart des candidats sortants, notamment de Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, et le score moyen du Rassemblement national, bien qu'il arrive souvent en second. Ce qu'il faut retenir surtout, c'est la défaite cuisante du parti majoritaire, qui plafonne aux environs de 10 %. Après la gifle reçue dans la Drome, c'est une claque électorale pour Emmanuel Macron.
Le chef de l'État, sans espérer une victoire, ne s'attendait pas à une telle raclée. Avec son courage habituel, il avait pris les devants pour dégager sa responsabilité, dans l'hypothèse d'une défaite : « Je ne tirerai aucune conclusion nationale de ces élections qui sont locales ». Ses lieutenants, sur les plateaux de télévision, ont tous tenu le même langage, mettant l'accent sur le taux d'abstention pour minimiser la faiblesse des résultats de la majorité, se gardant d'évoquer le rejet de la politique de leur patron.
Ce premier tour remet les pendules à l'heure et contraint les différents partis à réviser leur stratégie. La droite se réjouit de son succès en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Hauts de France et, dans une moindre mesure, en Île-de-France. Mais elle est loin d'avoir retrouvé son unité et s'écharpera derechef, quand il s'agira de choisir son candidat à l'élection présidentielle. D'après les résultats du scrutin de dimanche, c'est Laurent Wauquiez qui représenterait le mieux les vraies valeurs de la droite, mais il est probable qu'on lui préférera le peu fiable Xavier Bertrand.
Il est patent que beaucoup des électeurs du Rassemblement national ne se sont pas déplacés. Thierry Mariani, qui, en Paca, devance de peu Renaud Muselier, Edwige Diaz, qui espérait talonner le socialiste Alain Rousset en Nouvelle Aquitaine, n'ont pas caché leur déception et ont appelé leurs électeurs à se ressaisir. Marine Le Pen a lancé un appel à la mobilisation. Il est vrai qu'il appartient aux Français de décider de leur sort. Le comte de Montalembert déclarait à juste titre : « Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même ».
Ceux qui apprécient Macron à sa juste valeur, c'est-à-dire pas grand-chose, se réjouissent de la déconfiture des Marcheurs, notamment dans les Hauts-de-France, où la liste majoritaire n'a même pas obtenu les 10 % lui permettant de se maintenir. La présence de cinq ministres, la campagne tapageuse du garde des Sceaux semblent avoir été contre-productives. Laurent Pietraszewski, la tête de liste, n'a pas trouvé d'autre solution pour exister que d'appeler à voter Xavier Bertrand. Macron serait bien avisé de remanier son gouvernement pour se délester de ces boulets.
Les semaines et les mois à venir seront instructifs : l'on n'est pas sans doute pas au bout des surprises. Macron, fidèle à sa nature, se droitisera et se gauchisera en même temps ; il continuera de jouer le Janus aux deux visages, mais n'abusera que ceux qui veulent bien se laisser abuser. Les Républicains devront choisir clairement leur camp et ne pas naviguer entre deux eaux. Quant au Rassemblement national, s'il veut conserver une ambition présidentielle, il devra réviser sa stratégie. En déclarant qu'il était « un rempart contre le Front National », Xavier Bertrand, a montré de quel côté il penchait personnellement et fait au parti de Marine Le Pen une belle publicité.
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