« Élias n’aura jamais 15 ans » : quand l’AFP passe sous silence l’arme du crime

Elias

« Élias aurait dû avoir 15 ans le 14 février 2025. Élias n’aura jamais 15 ans… » Dans une longue et émouvante lettre, les parents d’Élias, adolescent sauvagement agressé le 24 janvier dernier à la sortie de son entraînement de football, refusent de voir le meurtre de leur fils qualifié de « simple fait divers ». « Élias est mort en raison d’une impunité », écrit cette famille « détruite » qui attend que la « vérité » soit faite. Dans cette « quête », ils en appellent notamment aux médias afin qu’à l’avenir, seuls les faits soient retranscrits dans leur intégralité. Ils espèrent également que les responsables politiques et les magistrats prendront les mesures nécessaires afin de « garantir la protection de tous avant qu’ils ne puissent être dénommés "victimes" ».

Armés d'une machette et d'une hachette

Au soir du 25 janvier, alors que la France découvrait avec effroi la mort d’Élias, l’intégralité des médias annonçaient que l’adolescent avait été tué après avoir refusé de donner son téléphone portable à son agresseur. Aujourd’hui, ses parents souhaitent rétablir la vérité. « Si le motif de l’escroquerie de ces deux jeunes était de récupérer le téléphone d’Élias, ils ne se sont pas arrêtés là. Loin de s’en contenter alors pourtant qu’Élias avait remis spontanément son téléphone portable, terrorisé à la vue des armes de ses agresseurs », rappellent ses parents.

Surtout, ses proches souhaitent souligner que le jeune garçon n’a pas été tué par un « simple coup de couteau », comme cela « a pu être écrit », mais qu’il a reçu « un profond coup de machette ».  Comme ils l’indiquent dans leur lettre, les deux jeunes agresseurs « déambulaient en toute liberté ensemble, l’un armé d’une machette, l’autre d’une hachette ». Une affirmation réitérée par les avocats des parents d’Élias, au micro de RTL. « La vérité, c’est que le coup qui a été porté l’a été par une machette. Les deux jeunes étaient armés. Dans la presse, on lisait qu’il y avait eu usage d’un couteau. Non, c’est beaucoup plus grave que ça » affirme ainsi Maître Nicolas Goutx. Selon ses parents, après ce coup d’une rare violence, « Élias n’avait aucune chance de s’en sortir », malgré la prise en charge par les secours.

Pourtant, en dépit de cette mise au point, l’Agence France-Presse (AFP), qui publiait ce 12 février une dépêche pour relater la lettre des parents d’Élias, refuse toujours de rétablir la vérité. Comme le souligne Pascal Praud, dans cette dépêche publiée à 15h10, « l’AFP ne parle pas de machette. L’AFP ne parle pas de hachette. Au contraire, l’AFP précise qu’Élias a été poignardé. » Résultat : de nombreux médias, qui reprennent à leur compte les dépêches de l’AFP, ont également omis de mentionner ce détail non négligeable et qui en dit long sur le degré de violence, voire de barbarie, atteint. D'autant plus que cette information revêt une grande importance, pour la famille d'Élias. Certains, comme Sud-Ouest, vont jusqu'à répéter que l'adolescent est décédé « des suites d'une agression au couteau ». Comme le souligne l’un des avocats, au micro d’Europe 1 : « Respecter la souffrance des victimes, c’est se montrer rigoureux dans le factuel et dans le message qu’ils veulent faire passer. À partir du moment où vous manquez de précision et que ça a une incidence en termes d’intention notamment, et de façon de percevoir l’agression, il y a un problème. » Et il ajoute : « Quand on parle de couteau alors qu’il s’agit de machette, la maladresse coupable impacte directement la souffrance de la famille. »

Une plainte contre l'Etat « en réflexion »

Au-delà de cette quête de la rigueur, les parents d’Élias partagent également leur constat d’un échec global. Avec une litanie de questions, ils interrogent l’État, le système judiciaire et l’application de la justice des mineurs. « Comment deux adolescents armés, interdits de contacts entre eux par la justice, connus défavorablement des services de police et judiciaires pour des faits similaires, ont-ils pu en toute impunité poursuivre leurs exactions ? » se demandent-ils notamment. Ils souhaitent donc vivement que les responsables politiques se saisissent de la question, à l’instar de cette proposition de loi pour renforcer la justice des mineurs et responsabiliser les parents, adoptée en première lecture, ce 13 février, qu’ils « saluent ».

Leurs avocats annoncent également que la famille réfléchit à porter plainte contre l’État, qui « n'a pas su protéger ses citoyens ». « La justice devra se montrer ferme et garante de la sécurité. […] Cessons de protéger par des mesures uniquement éducatives les mineurs auteurs d’infractions », écrivent-ils. Et ils poursuivent : « Si la justice doit être éducative, elle doit demeurer également répressive et protectrice des droits de chacun. » Avec humilité et conviction, les parents d’Élias concluent : « Nous ne demandons pas aux représentants des partis politiques, aux magistrats, de ressusciter les disparus. Nous leurs demandons de protéger les vivants. »

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

2 commentaires

  1. On est gouverné par des incapables qui ne pensent qu à leur carrière et à vivre grassement sur le compte des français, dont ils se foutent éperdument, les 2 derniers n ont pas arrêtés de les insulter, sans dents, gens de rien fainéants etc… et maintenant on compte nos morts au quotidien, dans l indifférence totale

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