Élisabeth II : cette reine qui aura vu se succéder dix Présidents français
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« Je me rappelle le plaisir que j'ai eu à découvrir ce beau pays pour la première fois et à cultiver à mon tour une grande affection pour le peuple français. » Tels étaient les propos d’Élisabeth II en 2014. Elle avait en outre une conscience du lien historique entre la France et l’Angleterre ne se résumant pas simplement à un affrontement entre deux « ennemis héréditaires ». C’est ainsi qu’elle déclarait, en 1957 : « Fière Bretagne, dont nous partageons les traditions maritimes, vaillantes Normandie, Aquitaine, Anjou, vous étiez le berceau de nos rois. Au cours des siècles, nos traditions, nos coutumes, ont été formées par les vôtres. »
La reine d’Angleterre aura rencontré dix présidents de la République, de Vincent Auriol à Emmanuel Macron, en passant par René Coty.
En mai 1948, âgée de seulement 22 ans, elle représente son père pour rencontrer à Paris le Président Vincent Auriol, qui lui remettra alors la grand-croix de la Légion d’honneur. Sur les marches du musée Galliera, elle y prononcera un discours dans un excellent français.
Après son couronnement en 1953, c’est en avril 1957 qu’elle fera sa première visite officielle en France en tant que souveraine. Elle sera cette fois accueillie par le Président René Coty. Un somptueux dîner a alors été organisé dans la galerie des Glaces du château de Versailles.
Elle reçoit ensuite, en 1960, le général de Gaulle à Londres et lui remet le collier de l’ordre de Victoria.
C'est en 1972 qu'a lieu la deuxième visite d’Etat d’Élisabeth II en France, alors que le Royaume-Uni est sur le point de rejoindre la Communauté économique européenne. Elle est donc, cette fois, accueillie par le Président Georges Pompidou. S’exprimant encore une fois dans un français impeccable, elle évoquera « l’amitié de [s]on peuple pour la France » en ajoutant une touche d’humour : « Nous ne roulons pas du même côté de la route, mais nous allons dans la même direction. » Sans doute l’humour anglais…
Alors qu’elle entretient une relation amicale avec le couple Pompidou, il est notoire qu’elle aura quelques difficultés relationnelles avec Valery Giscard d’Estaing, qu’elle recevra à Londres en 1976. Elle appréciait moyennant ses manières hautaines. Elle se rendra plus tard en France, mais pour une visite privée dans le but de visiter les châteaux de Chambord et de Chenonceaux avec Anne-Aymone Giscard d’Estaing.
Ses relations avec François Mitterrand seront bien meilleures. Ils vivront côte à côte plusieurs événements importants, notamment l’inauguration du tunnel sous la Manche, en 1994. Plusieurs témoins rapportent une vraie sympathie liant les deux personnages. Peut-être cette affinité très particulière est-elle due à une nostalgie du Président socialiste pour la monarchie…
Elle rencontrera aussi de très nombreuses fois Jacques Chirac. Leurs relations seront bonnes malgré le mépris du Président français pour le protocole. Élisabeth II, avec élégance, saura toujours mettre à l’aise son invité même lorsqu’un jour, au château de Windsor, il arrivera en retard. Cela étant dit, on peut déjà y voir un déclin du prestige français.
Déclin qui a semblé s’aggraver avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni. Pendant la visite d’État du Président français en 2008, la presse britannique republiait des photos dénudées de la première dame. Heureusement, celle-ci sauvera la face en réussissant parfaitement sa révérence lors de son accueil par la reine.
Avec François Hollande, rien ne va s’arranger lorsqu’il tendra la main à la souveraine alors qu’elle ne l’avait pas invité à le faire ou encore lorsque, dans un diner, il se lèvera, laissant ainsi la reine seule à table.
Élisabeth II aura moins d’échanges directs avec Emmanuel Macron, le croisant surtout parmi d’autres chefs d’État lors d’un sommet du G7 ou d’un sommet de l’OTAN.
Ce qui est intéressant, c’est qu’avec les dix Présidents qu’elle aura fréquentés, elle aura été un témoin privilégié de l’évolution de la France. Peut-on dire qu’elle a vu comment, petit à petit, de mandat présidentiel en mandat présidentiel, l’Angleterre a vaincu la France dans le domaine de l’élégance ?
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5 commentaires
Cette Grande Dame a assisté à l’inéluctable descente aux enfers de notre république, et a dû en être affectée car elle aimait la France. Quoi qu’on en dise, les britanniques ont encore une qualité oubliée chez nous: la dignité.
Très juste !
Mes condoléances au peuple Anglais et à tous ceux qui ont vécu sous l’autorité de cette grande Dame , non seulement élégante dans sa conduite ,son état d’esprit mais en plus « bien élevé « , et je regrette qu’elle soit partie avec l’image de la France décadente ,snob dont les différents chefs depuis 1979 ont dilapidé ,massacré , humilié , rabaissé ,rejeté les valeurs ,la grandeur de notre pays sans oublier le dernier qui a même déshonoré la fonction et qui nous conduit dans l’abîme , l’enfer par idéologie avec la complicité des autres dirigeants de l’Europe qui ne sont même pas des personnes élus . Bref ,aujourd’hui on peut se demander de quelle façon et dans quelle direction va évoluer l’Angleterre qui tenait et se tenait tant sur l’ile entière qu’à l’international . De là Haut ,Elisabeth II doit voir la bande d’hypocrites qui la saluent aux yeux du monde mais pressés de seulement se montrer avec peut-être des idées derrière la tête pour peser sur les décisions de Madame le premier ministre ou de sa Majesté Charles III , aléa jacta ès
Sa Majesté la reine Élisabeth ll aura non seulement vu la France vaincue dans le domaine de l’élégance, mais dans tous les autres domaines.
Elle aura vu également combien le monde occidental s’est fourvoyé dans tous les domaines.
Quand on voit les « grands » de ce monde faire semblant de pleurer sur le décès de cette grande reine alors qu’il y a 2 ans ils ont essayé de déstabiliser la Grande Bretagne, on a envie de vomir
Il n’ y a pas que dans le domaine de l’élégance que le RU nous dame le pion. Tout comme de nombreux autres pays, à qui, suprême fatuité hexagonale, on prétend encore vouloir donner des leçons.
La Reine Elizabeth avait une autre envergure que notre histrion national.