Élisabeth II, la reine des rockers !
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Nous sommes le 8 septembre au soir. Eric Clapton entame tout juste sa tournée américaine avec un concert à Columbus, dans l’Ohio, quand tombe la nouvelle : la reine n’est plus. Aussitôt, seul à la guitare, il se met à jouer le « God Save The Queen », les yeux fermés, avant de conter à l’assistance ses souvenirs d’antan, quand il fut convié à Buckingham Palace pour recevoir la MBE, l'ordre de l’Empire britannique. Cette décoration, quatre célèbres garçons dans le vent l’avaient déjà reçue, le 26 octobre 1965. Il est vrai qu’alors, les Beatles assuraient presque à eux seuls l’excédent commercial anglais.
Certes, la défunte ne participait pas de l’esprit du Swinging London, de son rock psychédélique, de ses chemises à motifs orientaux, de ses mini-jupes signées Mary Quant et de ses fumées souvent illicites. Et pourtant… Elle était la reine la plus glamour qui soit, au même titre que l’agent 007 était l’espion chic par excellence, John Steed et Emma Peel la classe incarnée, tandis que Christopher Lee, dans les films de la Hammer, parvenait à transformer le personnage du comte Dracula en symbole érotique.
Après, Élisabeth II, au contraire de son fils Charles, inexplicablement grand fan du groupe Status Quo (lui si distingué et eux si bourrins), n’était pas forcément grande amatrice de rock and roll. Mais elle avait fait sien l’antique adage voulant qu’il faille toujours faire mine d’accompagner un mouvement qu’on n’a su anticiper. Et c’est ainsi qu’au fil des ans, Elton John deviendra « sir » Elton John, tout comme Paul McCartney, des Beatles. Même Mick Jagger y aura droit, quoique la reine, tout en ne s’opposant pas à cet anoblissement, se fera porter pâle afin de ne pas avoir à serrer la main du chanteur des Rolling Stones. Logique : il avait été de ceux qui entraînèrent sa sœur Margaret dans des parties fines ayant alors mis la vieille Albion en émoi.
Bref, un affront peut-être pardonné, mais qu’elle n’avait manifestement pas oublié, à l’instar de celui commis par les Sex Pistols, lors de son jubilé, le 7 juin 1977. Là, le quatuor punk embarque sur un bateau naviguant aux abords de l’abbaye de Westminster et entonne un « God Save The Queen » très personnel dans lequel il est assuré que la reine is not a human being ; c’est-à-dire pas tout à fait un être humain. Shocking! La police arrive aussitôt. Ce sera le concert de rock le plus court de l’histoire du genre. Aujourd’hui, John Lydon, le chanteur des Sex Pistols, est devenu un conservateur bon teint. Les facultés d’assimilation des moutons les plus noirs par la couronne britannique ont décidément toujours eu de quoi forcer l’admiration.
Plus respectueux, même si un peu taquin, dans Abbey Road, le dernier album des Beatles, il y a encore cette petite chanson en fin de disque, « Her Majesty », fredonnée à la guitare par le même Paul McCartney : « Her Majesty is a pretty nice girl […] Someday I’m going to make her mine… » Et ce coquin de Paulo d’à nouveau lui déclarer sa flamme, le 3 juin 2002, lors de son jubilé d’or, en interprétant cette ritournelle devant les royales oreilles. Ce jour-là, jamais la Couronne n’avait été aussi rock, surtout avec un « God Save The Queen » joué en prélude par Brian May, guitariste du groupe… Queen. Aimait-elle vraiment cette musique ou faisait-elle seulement semblant ? Les images du concert prouvent en tout cas qu’elle passait une excellente soirée.
Comme quoi la reine était décidément celle de tous ses sujets, même les plus turbulents, les plus bruyants. Un jour, accueillant à Buckingham Palace Eric Clapton, Brian May, Jeff Beck, et Jimmy Page qu’elle n’avait jamais vu. Elle demande à ce dernier quel métier il exerce. « Guitariste », répond-il. « Ça ne doit pas être facile de gagner correctement sa vie quand on est un artiste », se serait-elle inquiétée illico. Et le guitariste de Led Zeppelin de la rassurer en lui répondant qu’il était largement à l’abri du besoin… On peut être une grande dame et ne pas oublier d’être une femme charmante et attentionnée. C’est probablement ça, une véritable reine.
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7 commentaires
Merci Nicolas Gauthier, vous êtes l’auteur le plus Rock and Roll de Boulevard Voltaire.
Et également ma plume préférée !
C’était vraiment une grande dame, même si elle était plutôt de petite taille.
C’était cette Angleterre tout en contraste et fantaisie qui nous plaisait à l’époque que vous évoquez . Entre une cour royale ancrée dans ses protocoles , traditions et rites séculaires et la folie qui semblait avoir pris la jeunesse avec sa mode vestimentaire si particulière qui ont rendu Carnaby street légendaire . Et pourtant tous les acteurs de cette époque du swinging London ont par la suite rendus hommage à cette grande dame .Parce que malgré tout elle était la gardienne de la solidité et l’identité d’un pays et cela rassure quand on prend de la bouteille. Une reine qui était férue de culture Française et maniait parfaitement notre langue dont elle disait qu’elle était l’une des plus importantes pour la civilisation . Au Quebec ,le 10 octobre 1964. elle en a parlé, comme d’une langue de clarté et un instrument précieux de la compréhension . Elle en fait la promotion de façon élogieuse . Une reine qui a pâti de l’image surannée que sa fonction laissait apparaitre alors qu’en réalité elle était parfaitement au fait de la politique intérieure et mondiale . Après on ne peut lui en vouloir de ne s’être trémoussée sur la musique des Kinks ou les Who , qui pour moi est plus représentative de la musique pop de cette époque que celle des stones ou de Led Zeppelin . La reine, elle, préférait l’équitation ; Un sport qui vous remet l’esprit en place !
« Il est vrai qu’alors, les Beatles assuraient presque à eux seuls l’excédent commercial anglais »
C’est de l’humour ?
Brigoitte Bardot ,elle aussi, en son temps, assurait l’excédent commercial de la France…ce n’est plus le cas avec nos rapeurs…
Excellent
Merci Nicolas Gauthier pour ce charmant hommage à la Reine, cela nous remémore nos jeunes années rockn’roll.
Elisabeth II était une grande Dame qui a tenu son rôle (pas facile) avec Honneur et Fidélité.
RIP