Embargo sur le pétrole russe : pourquoi les Français (et leurs voisins) seront les dindons de la farce
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Plutôt qu’une mesure unilatérale sur le gaz, Bruxelles propose aux 27 un embargo « progressif et ordonné » sur le pétrole russe. Renforcement des sanctions ou changement de stratégie ? Comment interpréter cette nouvelle proposition de l’Union européenne que seules la Hongrie et la Slovaquie semblent pour l’instant refuser. Serait-elle plus efficace tout en pénalisant moins les Européens qu’un embargo sur le gaz ?
Le pétrole et le gaz naturel sont deux énergies fossiles largement utilisées en Europe. Ils comptent pour plus de 60 % du mix énergétique européen : 38 % pour le pétrole, 23 % pour le gaz. Le pétrole est principalement utilisé dans les transports (92 % de l’énergie utilisée dans les transports est du pétrole), la pétrochimie et un peu pour le chauffage domestique. Le gaz, en revanche, est surtout présent dans le chauffage domestique, l’industrie et la production d’électricité.
Voisins quant à leur composition chimique (ils sont, tous deux, composés d’hydrogène et de carbone, d’où leur nom d’« hydrocarbures »), le pétrole et le gaz naturel diffèrent profondément quant à leur transportabilité. Liquide, le pétrole se transporte aisément sur de longues distances par bateau, train, camion ou oléoduc. Le gaz, en revanche, se transporte uniquement à terre par gazoduc, sauf à être liquéfié. Refroidi à -162 °C, le gaz naturel liquéfié (GNL) peut alors, comme le pétrole, transiter par bateau (les fameux méthaniers !) sur tous les océans de la planète. La liquéfaction nécessite des installations lourdes et coûteuses pour liquéfier puis pour regazéifier le GNL. Aussi, le GNL représente des volumes limités comptant pour un peu plus de 10 % du marché mondial du gaz.
Il y a donc une différence notoire entre les marchés du gaz et du pétrole : le pétrole est fongible et transite où il veut ; ça n’est le cas que pour 10 % du gaz. En transitant par gazoduc, le gaz est, en revanche, « attaché » au territoire qu’il traverse et lie de façon immuable le fournisseur et le client. Pour cette simple raison de transport, il existe un seul marché pétrolier supporté par des échanges mondiaux face à trois marchés gaziers (américain, européen et asiatique) répondant à des échanges régionaux. Ces caractéristiques rendent extrêmement différents les effets d’embargos gaziers ou pétroliers.
Figés au territoire, les échanges par gazoduc reposent sur une relation mono-fournisseur/mono-client. Aussi un embargo gazier est-il par construction à la fois efficace et douloureux. Ainsi, l’embargo sur le gaz russe priverait Poutine de son juteux revenu gazier (pas de reroutage possible pour la Russie) mais, parallèlement, priverait les Européens d’une grande partie du gaz importé (pas d’approvisionnement massif possible).
Contrairement aux routes gazières, les routes pétrolières sont physiquement flexibles et ne lient pas le fournisseur au consommateur. Ainsi une cargaison pétrolière peut-elle changer dix fois de propriétaire entre son point de chargement et sa destination finale. On dit souvent que le pétrole n’a « ni fournisseur ni client ». Le pétrole que nous n’achèterons plus aux Russes sera aisément rerouté vers la Chine et l’Inde. Membres, avec la Russie, de la méconnue Organisation de coopération de Shangaï et non solidaires des sanctions, ces deux nations sont aujourd’hui ravies de disposer de remises significatives et de flexibilité de paiement sur le pétrole russe.
Réciproquement, ces derniers, achetant moins de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique, libéreront des volumes pouvant aisément transiter vers l’Europe pour compenser le pétrole russe faisant défaut. Un jeu de « vases communicants » redistribuant les flux mondiaux à volume constant. Il ne sera pas vraiment douloureux, ni pour les Européens pouvant s’approvisionner ailleurs, ni pour les Russes écoulant leur pétrole ailleurs. Le reroutage étant principalement maritime, ce raisonnement peut toutefois tomber en défaut pour des pays ne possédant pas d’accès à la mer, comme la Hongrie et la Slovaquie, aujourd’hui dépendantes à 80 % de leurs importations de pétrole russe. On comprend donc aisément l’opposition frontale de ces deux pays d’Europe centrale à la décision de l’Union européenne.
Même s’il se passe à volume constant, le reroutage des flux impactera le prix du transport dans la mesure où les nouvelles routes seront plus longues et différentes des anciennes. Suite à l’annonce tonitruante d’Ursula von der Leyen, les prix sont repartis à la hausse avec un Brent s’enchérissant de 7 %, en fin de semaine dernière.
Embargo inefficace, renforcement de la coopération entre les pays de l’Organisation de coopération de Shangaï et augmentation du prix du pétrole brut. Une fois de plus, le citoyen européen risque d’être le dindon de la farce !
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19 commentaires
LOrsque l’on donne le pouvoir à une armée de lobiings qui tirent les ficelles d’incompétents comme notre Ursulu il ne faut pas s’étonner de la situation à laquelle nous arrivons et aux cionséquences qui sont pire que ce qui est dans l’aticle car il faut iy rajouter la drame économique et industriel de la transition énéergétique. Seul l’UE s’est embarqué dans cette stupidité technique et économique et donc se ruinent.