[Émeutes] Deux journalistes tabassés, l’un a craint d’être lynché

violences 14 juillet 2019

La France est en feu : 875 interpellations la nuit dernière, 492 bâtiments publics dégradés, 1.900 véhicules incendiés, 249 policiers blessés… Partout, à Lille, Roubaix, Nanterre, Vénissieux, Villeurbanne, Nantes, Paris, Marseille… les mêmes scènes de guérilla urbaine.

Pour ne pas laisser aux seuls réseaux sociaux la faculté de raconter l’histoire – soit, bien souvent, de travestir les faits –, il faut aller sur le terrain, rendre compte, rapporter ces fameuses « images chocs » qui diront une autre vérité, LA vérité. Mais cela, on le sait aujourd’hui, n’est pas sans risque.

Aller au cœur des émeutes françaises, en juin 2023, c’est être reporter de guerre : on y risque sa peau. Ainsi, une fois encore, deux de nos confrères – l’un de Libération, l’autre du Figaro –, la nuit dernière, ont été molestés et dépouillés, leur matériel volé. Et peu importe, à ceux qui les ont agressés, le média qui les emploie parce qu’ils sont perçus, au même titre que les médecins, les pompiers et même les enseignants et les chauffeurs de bus qui desservent ces territoires perdus de la République, « comme des auxiliaires du pouvoir ».

Comme l’écrit, sur Twitter, Paul Sugy, journaliste au Figaro : « Deux amis courageux s’ajoutent à la liste déjà trop longue de confrères agressés cette nuit. Plein soutien à eux, comme à tous ceux qui veillent au plus près du brasier pour qu’au réveil, nous sachions la vérité des faits. »

Le photographe de Libération a rapporté les faits, hélas banals, auprès de sa rédaction : « Un type est venu par-derrière pendant que je prenais des photos et a commencé à taper sur mon casque avec un pavé. J’ai essayé de défendre mon appareil, qui vaut très cher, mais ils étaient plus forts que moi. » Traumatisé, il explique qu’alors qu’il était à terre, ses agresseurs ont voulu lui retirer son casque. Il a carrément craint, alors, d’être « lynché ».

Redisons-le, les hordes qui cognent, pillent, incendient, saccagent tout ce qui passe à portée n’ont que faire de l’étiquette de celui qui tient la caméra ou le micro. Un brassard « Presse » suffit désormais à faire de vous une cible. Il n’y a que les politiques et les stars médiatiques qui paradent sur les plateaux pour feindre de croire que l’émeutier qui saccage le supermarché Lidl de son quartier en veut à Bolloré.

C’est Bruce Toussaint qui dit à Éric Zemmour « Qui sème le vent récolte la tempête » ou encore « Si vous êtes attaqué partout, ce n’est pas vous le problème ? » Bruce Toussaint est au chaud l’hiver, au frais quand vient la canicule. Ce n’est pas lui qui court sous les mortiers d’artifice au milieu de la nuit. Il commente, c’est plus confortable. Comme au journal de 13 heures, ce vendredi, sur France Info, où un commentateur continuait d’affirmer, contre l’évidence : « Les gens des banlieues sont inquiets pour leurs enfants face à la police, et pour la récupération de la situation par Marine Le Pen. »

Celui-là, c’est sûr, n’a jamais mis les pieds dans l’une de ces innombrables copropriétés en déshérence où des parents tentent, vaille que vaille, d’éduquer leurs enfants, obligés de les cloîtrer pour qu’ils échappent à la racaille minoritaire qui, avec la lâche complicité d’un État mort de trouille, transforme leur existence en cauchemar - cette racaille qui filme les scènes de liesse quand elle incendie une école, une mairie, la voiture de l’édile et celles de ses voisins.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Il serait intéressant d’envoyer les représentants du peuple ( députes,ministre et Président) au milieu de ces « marches blanches » et autres « manifestations pacifiques » sans escorte et sans écharpes tricolores. Ils auraient ainsi un a perçu de visu in situ, de la situation.

  2. Doucement, doucement les conclusions hâtives teintées de racisme ! Demandons à JOFFRIN de décrypter cet évènement à la lumière de ses…..lumières. Et avec la même certitude et bonne foi qu’à l’accoutumé.

  3. La France dans le chaos. La France à feu et à sang. La France martyrisée par ceux qui la détestent et crachent leur haine à la face d’un État impuissant, gangrené de lâcheté, de peur, de laxisme et d’incurie depuis des décennies. Un État débordé, dépassé, victime de sa faiblesse et de sa soumission. Comment rétablir l’ordre ?

    • Aujourd’hui ou dans vingt ans ce sera par la poudre soyez en certains aucune autre solution sauf a nous soumettre a l’envahisseur

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