Emmanuel Macron à Rungis : mais que connaît-il de cette France qui se lève tôt ?

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Ce devait être une visite discrète, sauf que Le Monde en faisait état, ce 21 février, alors qu’Emmanuel Macron quittait tout juste Rungis, naguère ancien « ventre de Paris », du temps des Halles, mais qui demeure incontournable en France, voire même en Europe, en matière d’alimentation.

Dans cette enclave, véritable ville dans la ville, on quitte le lit avant l’aurore. Et on n’a guère besoin que des politiciens viennent expliquer cette « France qui se lève tôt », Emmanuel Macron n’ayant pas hésité, en la circonstance, à paraphraser l’un de ses prédécesseurs plus connu pour sa vulgarité que ses bonnes manières.

Un de nos fidèles lecteurs, présent sur le site, nous confie : « On m’a parlé de sa petite expédition. Mais il s’est contenté de venir visiter les secteurs réservés à la viande. Comme je travaille dans le poisson et que nous nous levons encore plus tôt, on ne l’a pas vu. » Notre homme est-il impressionné par la visite présidentielle ? Pas plus que ça : « On a l’habitude. Les politiciens viennent se faire régulièrement photographier à Rungis une fois tous les trois ans. Et après, on ne les revoit plus. Remarquez, je les comprends. Ici, les gens ne votent pas ou ne votent plus. Et quand ils votent, c’est pour Marine Le Pen. Le seul qui était apprécié, chez nous, était un ancien ministre des Sports. Mais il ne venait que pour fréquenter nos bars et nos restaurants. »

Bref, le choc des mondes. Surtout quand Emmanuel Macron tente de vendre sa réforme des retraites à Rungis. Car ici, on se lève quand la nuit tombe, on travaille dur sans compter ses heures. Quant à la réforme en question, personne n’y comprend rien, surtout quand Jacques Attali, l’homme qui murmure à l’oreille des Présidents, en rajoute une couche : « La crise actuelle nous fait découvrir que les gens n’aiment pas leur travail. La clef, c’est de créer une société où on n’aurait pas envie de le quitter. Il faut un plan d’ensemble. »

Ce qui nous fait dire que, si du point de la pénibilité du travail, les ouvriers de Rungis se fatiguent avant l’âge, les journalistes peinent tout autant à traduire les oracles attaliens en langage vernaculaire, intelligible par le commun.

Pour le reste, le travail est-il une fin en soi ? Vu de manière biblique, il devint une malédiction pour Adam et Ève. De manière plus laïque, il n’est pas illicite d’ajouter que si l’on travaille pour vivre, on ne vit pas non plus pour travailler et qu’il serait bien idiot de vouloir perdre sa vie à la gagner.

La question est d’autant plus cruciale que notre société fait tout pour détruire cette même valeur du travail, multipliant les emplois inutiles ; ceux qu’on est incapable d’expliquer lors d’un dîner en ville. Entre « médias planeurs » et « chef de projet », mieux vaut finalement être plombier, couvreur, paysan ou menuisier ; voire même journaliste.

D’où le nombre grandissant de jeunes Français quittant leur « bullshit jobs » pour revenir dans le concret. Et ayant surtout compris qu’on ne peut désormais compter que sur soi, les multinationales mettant au rebus des quinquagénaires coûtant trop cher pour mieux exploiter ce nouveau sous-prolétariat que sont devenus les stagiaires. On peut, certes, railler ces jeunes urbains qui abandonnent souvent des emplois grassement rémunérés dans la finance pour s’en revenir à la France des terroirs et sauver ces fermes promises à la disparition, faute de descendance. Il n’empêche que voilà au moins de jeunes Français qui tentent de redonner un sens à une vie qui n’en a plus.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Il est vraiment imbuvable avec son air condescendant ! Quant au geste sur le diesel qu’il commence par baisser les taxes et après nous verrons !

    • Vous avez raison son appel à Total , pour que cette société fasse une ristourne c’est du foutage de gueule. Qu’il baisse les taxes, c’est ça la Vraie solution !

    • Moi je dis qu’il m’écœure, vous qu’il est imbuvable.
      Finalement à nous deux, nous avons fait son portait !
      D’où le fait que le voir sur écran au restaurant est horrible, surtout comme moi, un jour de mardi gras!.

  2. Vous remarquerez que ce ne sont jamais les acteurs des métiers difficiles qui se plaignent. Non pas qu’ils n’osent pas prendre la parole mais dans ces corporations , on se sert les coudes, on est fiers et heureux de maîtriser ce qui résiste, d’affronter les difficultés. Vous n’entendrez jamais geindre ces mordus du boulot. Ce sont les ronds de cuir, ceux qui se regardent le nombril, qui les mettent en exergue pour justifier leur besoin de paresse. On reconnait la Rousseau.

    • Et qui malgré leur paresse et les pauses café, cigarettes ou déjeuner avec rtt exigé, trouvent quand même le temps de nous pourrir la vie et notre travail avec une multitudes de normes inutiles, perverses et couteuses.

  3. Ridicule une fois de plus …ce monsieur adore se déguiser …et s’écouter ..qui peut encore le croire ..sûrement pas tous ces gens qui se lèvent tôt pour un travail difficile .

  4. On croit rêver ! Aucun de ces travailleurs qui se lèvent tôt et qui ont un métier particulièrement usant physiquement, n’aurait eu l’idée de demander à ce jeune machiavel si, lui aussi, prendre sa retraite à au moins 64 ans ? Ou censure organisée ? Et lorsque je dis 64 ans, si ces salariés qui ont commencé à travailler très jeune, qui ont des métiers très pénibles, n’auront le droit de bénéficier d’une retraite à taux plein qu’à 64 ans, à quel âge devrait-on, si l’on veut être juste, donner une retraite à taux plein à des gens qui ont commencé à « travailler » à plus de 25 ans et qui sont entourés d’esclaves (au frais du con-tribuable spolié) pour les servir ?

  5. « Ce devait être une visite discrète » croit savoir Nicolas Gauthier. Où avez-vous vu des « visites discrètes » chez Macron alors que tout est « plan com » chez le bonhomme ? Vous êtes bien naïf, M Gauthier.

  6. Mais pourquoi Macron, si fort pour donner des leçons n’a t il pas montré l’exemple ,en se coltinant le transport de quelques carcasses de boeufs. Il comprendrait pourquoi les Français qui exercent des métiers pénibles ne veulent pas bosser deux ans de plus. Maintenant je ne comprends pas l’empressement à se prendre en photo avec ce personnage , arrogant et méprisant .Ils sont contre cette réforme , mais fiers de se prendre en photo, avec celui qui va les faire bosser deux ans de plus , enfin deux ans si ils en sont encore capables….

  7. Citons Steve Jobs: »votre travail va remplir une grande partie de votre vie, et la seule façon d’être vraiment satisfait est de faire ce qsue vous croyez un bon travail. Et la seule façon de faire un bon travail, c’est d’aimer ce que vous faites. »

  8. J’ai beaucoup aimé observer la comparaison entre le « sérieux-macronien-de-comédie », du père de la Patrie…, et le regard moqueurs mais tout en retenu des hommes, des vrais, de ceux qui se lèvent tôt pour gagner une misère et nourrir la France.

  9. Qu’avait il revêtu comme panoplie pour visiter les gens qui travaillent puisqu’il aime tellement se déguiser, en marin aviateur etc…Le costume qui lui va le mieux, c’est celui de clown qu’il porte à merveille.

  10. La France de Rungis est celle-là même qui « clope et roule au diesel ». En voulant faire du Sarkozy (« la France qui se lève tôt ») il veut encore endosser un costume qui n’est pas le sien. Il a toujours eu besoin de se déguiser – en pilote – en marin – etc. – parce que son fond est bien le mépris des Français. Pour meilleure et dernière preuve est l’affligeante banalité, dénuée du moindre respect, des réponses quasi insolentes qu’il a cru intelligent de servir ce matin aux simples questions des travailleurs de Rungis.

  11. Après Rungis, le salon de l’agriculture ! Ils pleurent tous, mais se précipitent pour l’entourer, se « selfier » !
    Rappelez vous les maires en colère, les boulangers en colère, ils se sont précipités à l’élysée, les uns pour les petits canapés et le champagne, les autres pour apporter au maître la dîme de la galette !

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